Laurence Farreng : "L’IA reste une zone de non-droit pour notre culture"

Laurence Farreng

Dans une tribune publiée dans L'Opinion, Laurence Farreng, députée européenne MoDem-PDE et vice-présidente du MoDem, s'inquiète du risque que représente l'Intelligence Artificielle pour notre culture et nos artistes.

Derrière la créativité supposée des IA génératives se cachent des bases d'entraînement gavées des oeuvres de nos artistes et de nos auteurs, allègrement pillés sans que le respect du droit d'auteur et de sa rémunération ne s'applique.

Le secteur le plus prompt à la réaction a été celui de la culture et de la création aux États-Unis, peut-être le mieux structuré pour défendre ses intérêts. Là-bas, les scénaristes de la Writers' Guild of America ont entamé une grève historique et fait plier les plus grands studios hollywoodiens : non, le travail d'un scénariste ne pourra pas servir de base à une réécriture par IA sans son consentement. L'issue est heureuse, mais ne signe que le début d'une refonte de nos rapports économiques.

Pour l'Union européenne, le défi est également majeur : l'IA reste une zone de non-droit pour notre culture.

(...)

Le Parlement européen travaille actuellement, avec la Commission européenne et le Conseil de l'UE, à la finalisation de la première régulation mondiale sur l'IA. Ce règlement global empêchera des usages de l'IA contraires à nos valeurs, tels que la classification sociale, fictive dans Black Mirror mais bien réelle en Chine. Aussi structurant soit-il, ce texte n'offrira probablement pas suffisamment de garanties aux industries culturelles et créatives.

Aujourd'hui, une seule mention du droit d'auteur a été ajoutée par le Parlement européen, qui pourrait bien ne pas passer l'étape des négociations interinstitutionnelles.

Pour autant, seule l'Union européenne, plus grand marché unique du monde, pourra peser suffisamment face aux OpenAI, Google et consorts, pour offrir à nos créateurs des conditions de rémunération et de travail décentes.

Nous devons donc agir au plus vite pour lancer une législation dédiée à la culture qui inscrit dans le marbre des solutions pour éviter le pillage : « opt-out » pour permettre aux ayants droits d'autoriser ou d'interdire l'aspiration de leurs contenus, acquisition légale de catalogues et de bases, taxe globale sur la culture appliquée aux éditeurs de logiciels d'IA...

Les pistes se dessinent et doivent être évaluées. Outre la régulation, notre continent doit favoriser l'émergence de champions européens de l'IA. C'est un enjeu de souveraineté économique, mais aussi et surtout une nécessité culturelle : en favorisant nos start-ups, en numérisant nos créations et notre patrimoine, en créant des modèles dans nos langues, nous nous assurons que l'IA de demain sera nourrie de notre culture et de nos valeurs.

C'est à nos 27 États membres de faire le prochain pas et de faire entrer durablement la culture dans l'ère numérique.

Nous comptons sur leur engagement à considérer ce que chacune de nos nations et notre espace d'échange européen disent de notre civilisation européenne. Nous nous affaiblirions au plan géopolitique et moral à laisser nos artistes européens se faire exploiter par des IA au-dessus des lois, qui les dépouilleraient de leurs oeuvres et assècheraient leur statut, leur importance. Au contraire, nous pousserons pour mettre l'IA au service des artistes, puisque c'est aussi un formidable vecteur de créativité.

📰 Lire la tribune complète dans L'Opinion

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