La Journée mondiale de la liberté de la presse, célébration et inquiétudes par Laurent Esquenet-Goxes

Presse

Dans notre billet d'humeur du jour, Laurent Esquenet-Goxes, président du MoDem 31 et ancien député de Haute-Garonne, revient sur la journée mondiale de la liberté de la presse célébrée aujourd'hui.

Un jour que l'on devrait célébrer avec le bruit des rotatives, le cliquetis des claviers, l’odeur du papier fraichement imprimé, le souffle des ondes... 
Mais au lieu de ça, il y a souvent un arrière-goût amer, une saveur d'inachevé, voire de franche régression et d’inquiétude.

Ici, bien au chaud dans nos démocraties occidentales, dans le confort de notre monde libre, on a parfois tendance à oublier la chance que l'on a de pouvoir lire, écouter, regarder des informations plurielles.

Mais pensons un instant à ceux pour qui chaque mot écrit, chaque image diffusée est un acte de bravoure, une prise de risque immense. Ceux qui vivent sous la menace constante, emprisonnés, torturés, parfois même assassinés pour avoir cherché, trouvé, dénoncé et partagé la vérité. Pour eux, cette journée n'est pas une simple commémoration, c'est un cri, un appel désespéré à la solidarité. La liberté de la presse est une conquête fragile et un luxe que beaucoup n'ont pas.

Parce qu'une presse muselée, c'est une démocratie malade et la porte ouverte à tous les abus, et souvent le chemin vers une forme de dictature.
Dans les autocraties, les premiers ciblés sont à chaque fois les journalistes, la presse et les médias indépendants.
L'attaque contre l'information et les journalistes est un signal d'alarme majeur, un indicateur précoce et souvent brutal du démantèlement des libertés fondamentales.

Regardons avec lucidité ce qui se passe en Russie de Vladimir POUTINE.
Combien de journalistes emprisonnés ou assassinés ?
Citons entre tous, Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006 à Moscou et les 6 autres journalistes ou collaborateurs de son journal, Novaïa Gazeta, qui ont été assassinés entre 2000 et 2009. Plus près de nous, la journaliste Ukrainienne Victoria Rochtchina, torturée et morte en détention en Russie.

La barbarie du pouvoir russe ne fait depuis longtemps plus aucun doute mais comment expliquer que la grande démocratie Américaine donne elle aussi les signes des mêmes prémices.

Décision symbolique du nouveau président américain, la célèbre agence Associed Press - AP, est interdite de conférence de presse à la maison blanche pour avoir dit « Golfe du Mexique » au lieu de « Golfe d’Amérique » ..
Le Président Trump s’est lancé dans une guerre contre tous les médias neutres ou non favorables, en les poursuivant en justice.
L’audiovisuel public, comme Voice of America, en a fait aussi les frais.
L’introduction et la reprise du « free speech » à l’américaine dans le débat européen peut nous inquiéter et fait peser une menace réelle sur nos systèmes politiques.

Pour la première fois, l'inversion des valeurs opérée par les ennemis du journalisme trouve une forme apparente d'idéologie. Mais à quoi bon une liberté d'expression si le débat public n'est pas basé sur des faits ? 

Pas de liberté d'expression sans liberté de la presse et vice versa. 

En France, pourtant patrie des droits de l’homme et précurseur de la presse avec Théophraste Renaudot, nous avons dénoncé les attaques contre les journalistes et la volonté de certains de museler leur libre expression.
J’étais présent sur la scène du théâtre Libre en juin 2023 aux côtés de RSF et du regretté Christophe DELOIRE, pour soutenir les journalistes en grève du JDD, après la nomination d’un nouveau directeur de la rédaction par Vincent BOLLORE. 
L’idée législative d’un droit d’agrément des rédactions est née de cet épisode malheureux.

Dans les régimes autoritaires et les dictatures, la première cible est la vérité, et ceux qui s'efforcent de la révéler deviennent des ennemis à abattre.

En éliminant les voix dissidentes et en empêchant la circulation d'informations indépendantes, ces régimes cherchent à créer une réalité alternative où leur légitimité n'est jamais remise en question.

L'histoire regorge d'exemples où la persécution des journalistes a précédé ou accompagné des périodes sombres de répression et de violations des droits humains. La liberté de la presse n'est pas seulement un droit en soi, mais aussi un pilier essentiel de toute société démocratique et un rempart contre l'oppression. Quand on bâillonne la presse, on bâillonne le peuple.

Reporters Sans Frontières a publié hier son classement mondial de la liberté de la Presse. ( https://public.flourish.studio/visualisation/22640591/
Leur constat est sans appel : « Si les exactions physiques contre les journalistes sont l’aspect le plus visible des atteintes à la liberté de la presse, les pressions économiques, plus insidieuses, sont aussi une entrave majeure.  « L’indicateur économique du Classement mondial de la liberté de la presse continue de chuter en 2025 et atteint un niveau critique inédit. Conséquence : pour la première fois, la situation de la liberté de la presse devient “difficile” à l’échelle du monde. »

Ce classement donne aussi des raisons d’espérer et qu’Il n'y a pas de fatalité : 

La remontée dans le classement de la Pologne, du Sénégal ou du Brésil attestent que des politiques publiques favorables aux médias sont possibles, a fortiori si elles visent à renforcer la pertinence sociale du journalisme.

L'éducation aux médias et à l'information dans les cursus scolaires pour former des citoyens éclairés et capables d'exercer leur esprit critique est par ailleurs un enjeu important.

La responsabilité des politiques en la matière est immense. Il faut garantir un cadre légal protecteur pour les journalistes et les médias, condamner fermement toute atteinte à la liberté de la presse, promouvoir une culture du respect de l'information et du débat public, et garantir le financement d’un journalisme de qualité indépendant, actuellement fragilisé par les mutations économiques du secteur. 

Sur ce dernier point je forme le vœu que ma proposition de loi, reprise par le député MoDem Erwan BALANANT, sur l’effectivité des droits voisins de la presse, trouve enfin sa concrétisation dans un vote en hémicycle après son vote en commission en février dernier.

Ce sont ces constats et ces propositions que nous avons mis en exergue dans le livre blanc des députés Groupe MIMP, remis aux États Généraux de l’Information fin 2024, avec mes deux anciens collègues, Violette SPILEBOUT et Jérémie PATRIER LEITUS.

Souhaitons qu’avec la mise en œuvre du règlement européen sur la liberté des médias et la transposition du rapport des États Généraux de l’information, ces préconisations soient suivies d’effets positifs et concrets.

Le Mouvement Démocrate et ses élus resteront vigilants et actifs sur cette liberté fondamentale, socle de notre démocratie.


Laurent Esquenet-Goxes

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