La démocratie, socle de notre société

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(© MoDem)

Secouée au gré des crises qui touchent nos sociétés, du contexte géopolitique qui favorise la montée en force de personnalités et régimes autoritaires, qu’ils soient de nature politique ou théocratique, la démocratie n’est pas un acquis définitif.

En France, la démocratie est vivante : constitution de la République, échéances électorales régulières, Parlement qui joue son rôle et transmission sereine du pouvoir. Il n’en est pas de même partout dans le monde. État de la démocratie, pistes pour le futur et horizons : Jean-Louis Bourlanges, Président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et député des Hauts-de-Seine dresse un état des lieux.

Jean-Louis Bourlanges, vous êtes Président de la commission des affaires étrangères. A ce titre, quel constat faites-vous de la démocratie dans le monde en 2021? 

Un constat très inquiet. Entre 1989 et 1992, nous avons eu l’illusion d’un triomphe de nos valeurs démocratiques et libérales, alors qu’en réalité ce n’était pas l’Ouest qui avait gagné mais l’Est qui avait perdu. Depuis lors nous n’avons cessé de déchanter. Le 11 septembre 2001, nous avons découvert l’irréductibilité de la contestation islamiste de notre système. A peu près au même moment la Russie poutinienne s’est refermée comme une huître et est devenue la propriété privée d’une oligarchie prébendière conduite d’une main de fer par un ex-membre du KGB. La Chine, enfin, construit un modèle associant la sauvagerie capitaliste à la violence maoïste. Partout - en Turquie, en Europe centrale et orientale, par exemple - la liberté et l’état de droit reculent au profit de formes variées et inquiétantes de "démocrature". 

L’Europe est-elle le meilleur rempart pour la préservation et la promotion de la démocratie? 

Elle le serait, si elle cessait d’être le sympathique club de bisounours qu’elle s’est ingéniée à devenir sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale. L’Europe a cessé d’être le modèle d’un idéal démocratique sur lequel chacun aurait spontanément tendance à s’aligner, elle figure désormais une citadelle assiégée, celle de valeurs démocratiques qu’elle est de plus en plus seule à défendre. Il ne lui suffit plus de tracer la voie et de montrer l’exemple. Il lui faut se battre pour préserver le précieux capital dont elle est dépositaire. Elle doit opérer une révolution culturelle, devenir un animal de combat sans pour autant cesser, car ce serait se trahir, d’être un animal de compagnie. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça n’est pas gagné.

L’émergence des démocratures, des anti-démocraties et des régimes autoritaires vous inquiète-t-elle? 

Bien sûr, c’est une terrible déception et à certains égards un certain mystère que de voir des États qui ont payé si cher la privation de la liberté, renoncer ainsi à ses bienfaits et se ruer, comme dirait La Boétie, "dans la servitude volontaire". C’est un signe inquiétant de la fragilité de la mince pellicule humaniste qui recouvre la violence et la barbarie des hommes.

Les Français ont souvent eu l’impression ces derniers temps qu’ils ne vivaient pas dans un pays libre et démocratique en pointant du doigt le pass sanitaire, notamment. Que pouvez-vous répondre à cela? 

C’est éprouvant pour l’esprit et même un peu choquant de voir des gens perdre tout sens de la mesure et confondre les nécessaires concessions à la discipline face à un fléau aussi redoutable qu’une pandémie avec une mise au pas dictatoriale à la chinoise. Dans démocratie, il y a deux concepts : "demos", le peuple, mais aussi "cratie", le pouvoir. 

Tentons de nous projeter : comment doit s’articuler la vie démocratique en France lors des prochaines décennies? 

Question majeure, réponse impossible! Ne croyons pas que des modifications à caractère institutionnel, comme par exemple, la modification du mode de scrutin, suffiraient à résoudre le problème, même si certaines d’entre elles seraient fort bienvenues. Le véritable enjeu est d’ordre culturel et moral : il s’agit d’amener nos compatriotes à retrouver les trois vertus fondamentales du citoyen : l’amour de la raison et de la vérité, le respect de soi et des autres, la préférence pour l’investissement par rapport à la quête de gratifications immédiates. Renan parlerait à juste titre d’une nécessaire "réforme intellectuelle et morale".   

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