François Bayrou : "Nous sommes la seule majorité cohérente pour l'avenir du pays !"

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, est intervenu lors du premier Congrès de Horizons à l'invitation d'Edouard Philippe. Revoir son discours.

C'est une journée très importante pour vous et nous sommes très sensibles, Maud Gatel, Députée de Paris et Secrétaire générale du Mouvement démocrate, et moi à votre invitation.

Ce n'est pas moi qui vous dirai jamais qu'il est facile de construire un nouveau parti. C'est une des tâches les plus exigeantes qui soit. Le construire c'est difficile, et le faire durer et grandir, c'est encore plus difficile et nous avons tous l'expérience. J'ai des souvenirs formidables, je regarde Philippe Augier dans cette salle, il y a longtemps nous avons fait ça et je sais ce qu'il faut d'enthousiasme et ce qu'il faut de temps et ce qu'il faut de sédimentation.

C'est pourquoi nos vœux vous accompagnent. Je voulais les exprimer à cette tribune. Nous avons une grande responsabilité. Ensemble.

Lorsque Richard Ferrand, qui est là bas et que je serai heureux que nous applaudissons tous ensemble, Richard qui était à l'époque Président de l'Assemblée nationale, Édouard Philippe et moi, nous avons eu la charge de dessiner une organisation qui nous rassemble après la réélection d'Emmanuel Macron, que tant d'observateurs mettait en doute et qui a dit quelque chose du choix profond du pays sur son avenir, et après la nomination d'Elisabeth Borne à Matignon, lorsque nous avons eu cette charge, le nom que nous avons choisi, c'est Ensemble.

C'est parce que nous pressentions déjà que dans la tempête qui s'approchait, il n'y aurait pas d'autre issue pour les membres de la majorité que la solidarité. Je veux réaffirmer cet engagement, cette ligne de conduite, même en sachant que cet idéal n'a été pour l'instant, comment dire, qu'inégalement respecté.

Mais je suis de l'avis de Churchill, que nous aimons beaucoup, qui disait qu'on reconnaît un grand politique à sa capacité à prédire l'avenir, à définir les stratégies pour l'atteindre et, après coup, à pouvoir expliquer pourquoi rien de tout cela n'a marché. Donc je veux rappeler que même si cela a été inégalement accompli, la mission, la ligne de conduite est intacte. Je veux rappeler aussi, pour compléter Churchill, modestement, humblement, qu'on reconnaît un vrai politique non seulement à sa capacité de comprendre les enjeux, mais s'il se casse la figure 999 fois sur le chemin à se relever pour recommencer un 1000ᵉ fois et reprendre le cap.

Je suis sûr que les moments que nous vivons ne nous laissent pas d'autre choix que d'accomplir la promesse que nous avons à cette époque formulés. L'intuition d'Ensemble est plus justifiée, plus nécessaire aujourd'hui 25 mars, qu'elle ne l'était encore au moment où nous avons Richard, Édouard et moi, et ceux qui travaillaient avec nous dont un certain nombre sont dans cette salle, nous avons décidé de la réaliser. Et et cela pour deux grandes séries de raisons que je veux rappeler devant vous.

La première est que nous sommes la seule majorité cohérente possible pour l'avenir du pays.

La seule majorité, tout à l'heure, Stéphane a dit majorité relative, nous sommes une majorité relative, mais nous sommes la seule majorité possible. C'est apparu de manière éclatante au moment du débat sur la réforme des retraites et de manière éclatante au moment de la motion de censure.

Alors ça ne veut pas dire que nous sommes d'accord sur tout. Ensemble, ça ne veut pas dire un unanimisme qui efface les identités, les différences et les histoires. Et puis, dans les 20 dernières années, si on cherchait bien, on trouverait probablement quelques sujets qui nous ont parfois permis d'exprimer des nuances. Depuis 2002 jusqu'à 2023, il y en a eu quelques uns. Nous n'avons pas toujours été du même avis et probablement ne le saurons nous pas encore sur la ligne exacte à suivre.

Mais dans les jours que nous vivons, dans les années que nous avons à affronter, il y a une chose que nous devons regarder en face : dans l'incertitude, dans l'inquiétude du pays qui a été abordée à cette tribune et qui va l'être encore, face aux menaces qui viennent sur lui et face aux menaces que parfois il se crée lui même, alors le devoir de chacun d'entre nous est de nous rassembler pour prendre en charge les grands enjeux de notre destin commun.

Jamais depuis longtemps, chacun d'entre nous l'a en tête, jamais depuis longtemps nous n'avons eu à faire face à une telle accumulation de menaces extérieures : la guerre, le changement climatique, la crise énergétique, l'inflation, la guerre commerciale sans merci ; et des menaces intérieures, l'École en péril, la santé qui doute, les finances publiques au bout de la logique de la dette, la démocratie qui chancelle, la violence aveugle chez nous et dans la vie publique, la violence au front bas qui fait même que des barbares se risquent à écrire, je le dis pour Aurore Bergé, se risquent à écrire à des députées qui viennent d'être mamans pour proférer des menaces contre leur bébé qui vient de naître.

La démocratie, qui est discutée partout dans le monde, et qui chez nous, même encoure le reproche d'inefficacité. Au moment où cette crise s'est déclenchée, j'ai risqué, et beaucoup de mes amis m'ont dit quand même tu exagères un peu, j'ai risqué que cette crise, c'était probablement la crise la plus dure que nous aurions à affronter depuis la guerre. Et aujourd'hui, je pense toujours que c'est la plus implacable des vérités.

Alors, que cherche-t-on quand les temps s'assombrissent ? On cherche l'espoir et on cherche la volonté.

Nous savons ce que nous sommes, nus sommes un grand peuple forgé dans l'histoire et dans un idéal, l'idéal républicain et humaniste, dont la vocation était et est toujours universelle. Ce projet a fait naître un peuple, un élan vital, un élan de transmission, un élan de recherche, un élan de découverte, une confiance en nous-même. C'est tout cela qui est en péril aujourd'hui. C'est tout cela qu'on a vu au fil du temps s'affaiblir, au fil du temps se fragiliser, et c'est de cela, de la renaissance de cet élan vital que nous avons ensemble la charge.

Parce que représentons nous les bancs de l'Assemblée nationale. Quels autres courants démocratiques que le nôtre ? Quel autre ensemble de courants avec ses affluents peut prétendre à relever cet élan, à rassembler le pays, à faire à nouveau monter la sève de notre Histoire, à renouer avec le courage et le goût de vivre ensemble ? Qui peut s'allier avec qui pour avancer avec courage à la tête de ce peuple réconcilié avec lui même ?

Quand vous posez la question de cette manière, alors vous ne trouverez que deux rares ou deux seuls prétendants. Ce sont les deux expressions politiques qui prétendent jouer ce rôle. Ce sont les deux extrêmes qui n'hésitent plus à s'allier ensemble et avec quelques supplétifs pour abattre l'oeuvre que nous avons entreprise de redressement national.

Or, il y a une chose qui est une certitude pour qui a tourné un jour les pages d'un livre d'Histoire ou connaît un peu ce qui est arrivé à notre pays. Une seule certitude.


Jamais dans l'Histoire, jamais dans notre Histoire nationale, jamais dans l'Histoire de l'Europe, jamais dans l'Histoire du monde, l'extrémisme, la culture de la division, la malédiction portée contre les adversaires de ces idéologies, jamais l'extrémisme, l'extrémisme diviseur, l'extrémisme qui ne cesse de surenchérir sur sa propre colère, sa propre détestation, sa propre violence verbale d'abord et après physique, jamais l'extrémisme n'a donné à un peuple, à quelque peuple que ce soit, l'épanouissement et le bonheur. Jamais.

Quelque extrémisme que ce soit. Car ce poison sans poison lui même et empoisonne tout ce qu'il touche irrémédiablement. Et si nous avons conscience de cela, conscience d'être la seule possibilité, la seule majorité de rassemblement capable d'organiser la vie du pays pour que son redressement s'accomplisse, si nous apprécions comme nous sommes, nous respectons comme nous sommes, nous sommes décidés à faire fructifier ce patrimoine commun de liberté et de conscience qui est le nôtre, alors le devoir qui est devant nous est impossible à éluder. C'est notre responsabilité.

Alors, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je n'ai pas dit que nous avons été, que nous sommes parfaits. Je n'ai pas dit que nous n'avons pas fait d'erreurs, ni que nous avons corrigé nos insuffisances, ni que nous n'en ferons pas dans l'avenir. Je dis que notre mission, la seule de nos missions, est de ne rien lâcher de ce que nous croyons, de ne rien lâcher de notre volonté d'équilibre, de notre volonté de nous affirmer généreux en même temps que réaliste, lucide en même temps optimiste. Et je n'ai pas dit en même temps tout à fait par hasard.

Il y a une énergie à réveiller et si nous ne le faisons pas, qui le fera ? Et où cette énergie s'égarera-t-elle si nous ne tenons pas fermement la barre ?

Alors il est vrai que toute perspective d'élargissement, je t'ai entendu Édouard, et tu vas, j'imagine, aborder ce sujet dans ton intervention. Toute perspective d'élargissement est bonne, mais il n'y aura d'élargissement que si nous sommes forts. Nous. Ensemble. Conscients de ce que nous sommes. Déterminés. Si nous sommes capables de nous rassembler d'abord nous-mêmes, avant ou en même temps que nous proposerons à d'autres, j'espère qu'ils existent, de se rassembler avec nous.

C'est en nous, c'est dans nos rangs. C'est dans notre majorité qu'est l'inspiration et qu'est la force. C'est là que nous devons trouver l'énergie nécessaire pour affronter l'avenir qui vient. C'est à cet instant que le dialogue que nous pourrons nouer avec d'autres d'inspirations différentes pourra porter ses fruits. Mais ce dialogue ne portera pas ses fruits si nous n'avons pas conscience nous-mêmes, si nous ne croyons pas nous-mêmes en ce que nous disons, et si nous ne trouvons pas les mots et le style pour faire partager au pays les convictions qui nous ont formés et forgés.

Alors ça veut dire qu'évidemment, il y a devant nous des missions très importantes. Je voudrais en aborder une ou deux simplement.

La première, il faut que nous trouvions, que nous inventions, que nous réinventons, que nous retrouvions la méthode de la réforme. La réforme à la française ou la réforme pour la France.

On est profondément troublés quand on voit à quel point dans notre pays, toute œuvre de réforme est à l'instant combattue, niée dans son aspiration et sa nécessité, démolie. Or, ce n'est pas une fatalité parce qu'il va bien falloir que sur tous les grands sujets qui font le souci du pays, nous acceptions d'imaginer des voies nouvelles et de les proposer au pays.

J'ai une conviction et je ne prétends pas que tout le monde ne la partage, je crois que la démocratie, c'est plus puissant qu'on ne l'imagine.

La plupart des gens voient dans la démocratie des limites, des insuffisances et des faiblesses. Je crois que si on parvient à changer le point de vue, à considérer que la réforme doit être préparée avec les citoyens et pas seulement décidée pour eux, ce n'est pas une démarche verticale, si nous arrivons à considérer que chacun des citoyens est partenaire, en démocratie le peuple a sa part de pouvoir, si nous parvenons à proposer, à partager avec le peuple de citoyens dont nous avons la responsabilité les raisons les plus profondes, les plus nettes, les plus chiffrées s'il le faut, la nécessité de changer les choses, alors on peut trouver du soutien.

On n'en a pas l'habitude. La plupart du temps, on n'y croit pas. Je crois que chacun des Français, comme pères et mères de famille, travailleurs, retraités, peut partager les raisons de cela. Pardon pour ceux qui m'ont entendu dire 150 fois, mais en tout cas, je crois que c'est une des voies possibles pour inventer la réforme à la française.

Aller plus loin dans le partage des raisons et dans la réflexion partagée.

Et puis je vais finir en disant ou en décrivant une mission très importante et très difficile, et en employant un mot qui n'est pas souvent utilisé en politique. Je crois que nous devons définir, réécrire quelque chose qui manque profondément et sans lequel la vie politique et la vie démocratique deviennent absolument impossibles et totalement enlisées.

Nous devons réécrire un idéal pour notre pays.

Je ne crois pas à l'action sans idéal, et trop souvent, on a l'impression que l'idéal s'efface derrière la gestion. Or, je crois que la gestion, si elle est bien inspirée, ne peut être qu'une application de cet idéal qui nous rassemble et qui nous réunit. C'est par un idéal démocratique réinventé que nous trouverons le chemin des consciences et peut-être aussi des cœurs.

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