François Bayrou, invité de Ruth Elkrief sur LCI

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Ruth Elkrief sur LCI ce mercredi 22 juin à 20h40.

Bonsoir François Bayrou.

Bonsoir.

Vous le Président du MoDem, le maire de Pau, vous avez déjeuné avec le Président de la République dès le lendemain des élections, vous lui avez parlé comme chef de parti hier à l’Élysée, vous lui parlez régulièrement.

Nous, il nous a parlé ce soir, on a essayé de comprendre ce qu'il a dit, c'est-à-dire de quelle façon il avait pris acte de cette nouvelle donne en politique qui était cette minorité pour la majorité sortante.

Elle est majoritaire mais très relative. Il a dit qu'il fallait gouverner et légiférer différemment, bâtir des compromis, écouter, respecter, mais pas rester dans l'immobilisme.

N'est-ce pas un peu flou, tout cela ?

Ce n'est pas encore totalement précisé, on va dire.

Donc c'est flou.

Que faut-il retenir de cette intervention ? C'est le Président de la République qui prend acte des résultats.

C'est la première chose.

Est-ce qu’il a fait assez d'autocritique sur sa personne, sur sa manière de présider ?

Il y a des gens qui adorent les autocritiques, mais comme vous savez je n'en suis pas. Je pense que, très souvent, c'est de l'hypocrisie, on se bat la coulpe en se couvrant la tête de cendre, mais…

Cela n'aurait pas été utile ?

Non, je pense que ce n'est pas le sujet.

Les Français ont adressé à la nation tout entière, et au Président de la République en particulier, et à tous les responsables politiques, un message qui, pour moi, est extrêmement clair : vous devez changer votre manière de gouverner et ce que le Président de la République a dit dans une phrase, j'imagine, précisée : nous devons légiférer et gouverner autrement.

Alors, ce n'est pas seulement des mots pour moi, je ne crois pas que l'on puisse continuer comme cela. J'ai déjà eu l'occasion de vous le dire à ce micro.

Je pense que l'on se tromperait à vouloir édulcorer le message.

C'est ce qu'il fait, là ?

Non.

Dites franchement ce que vous pensez. Est-ce que cela veut dire qu'il édulcore le message ?

Je dis toujours très précisément ce que je pense parce que c'est le seul moyen d'avoir un peu d'authenticité.

Je dis qu'il faut changer le rapport entre les gouvernants et le peuple, les citoyens.

Je pense qu'il faut changer la manière dont on se comporte quand on est au pouvoir. Je pense qu'au lieu de décider et de faire appliquer ou de décider de telle ou telle réforme et de penser que ceux qui doivent la voter vont la voter d'un bloc, aveuglément, il faut au contraire bâtir ces réformes, les construire avec eux sans leur demander de renier leur identité.

C'est ce que j'avais appelé en sortant de l’Élysée hier, s'approcher au plus près possible de l'union nationale.

Pourquoi j'ai dit au plus près possible ? Parce que je sais bien que c'est impossible.

Aujourd'hui, vous avez dit : il n'y a pas d'union nationale possible et le président l'a dit aussi.

Peut-être on peut expliquer les mots. Union nationale, qu'est-ce cela veut dire ? Cela veut dire que toutes les forces politiques, dans un contexte de guerre par exemple, disent : on va se mettre toutes ensemble pour essayer de faire quelque chose de bien.

Cela, c'est l'union nationale.

Donc cela voudrait dire avec LFI, avec le RN et, cela, vous dites : c'est exclu.

Pas seulement avec elles, mais par exemple LR n'a pas du tout l'intention d’entrer, j’ai l'impression, dans un contrat de gouvernement parce qu'ils se sont fait élire dans l'opposition.

Pourquoi peut-on imaginer d'entrer dans la majorité ?

L'idée qu'il suffit de recréer la majorité qui n'a pas été donnée par les électeurs est une idée que, moi, je ne crois pas possible.

Vous dites qu’Emmanuel Macron se trompe aujourd'hui ?

Non. N'essayez pas de mettre le feu entre nous.

J'essaie de comprendre.

Il se trouve que ce sont des sujets dont je parle très souvent.

Cela veut dire qu'il n'a pas entendu le message ?

Non, je pense qu'il a parfaitement entendu le message et ce qu'il en a dit sur deux, trois sujets, les fractures du pays, le fait qu'il va falloir désormais chercher des compromis, le fait que l'on doit légiférer et gouverner autrement, ce sont des mots qui ont été choisis, j'imagine. Cela dit quelque chose d'essentiel, mais je pense que l'on se tromperait en édulcorant ce qui est en train de se passer, en faisant comme s'il ne se passait pas grand-chose au fond, comme si c'était à peu près normal.

Je crois que c'est une des dernières chances offertes pour que l'on ressaisisse la situation et que l'on essaie de manifester, par le style, par la présence par la manière d'être, que les Français ont été entendus.

Attendez, quand moi je vous entends, j'entends une critique du macronisme, j'entends une critique du style d’Emmanuel Macron, du fonctionnement d’Emmanuel Macron du fonctionnement de ses ministres, et on va y venir, de sa première ministre.

Mais ce que vous dites, là, c'est : les Parisiens, les technocrates, les déracinés, les gens d'en haut, tout ce que l'on entend à droite à gauche, finalement, vous souscrivez à cette thèse, et ceux-là il ne faut plus qu'ils y soient ?

Nous avons eu je ne sais pas combien d'interviews dans notre vie commune, mais un assez grand nombre !

Je ne crois pas qu'il n'y en ait pas eu une seule où je ne vous ai pas dit qu'il y avait quelque chose qui n'allait plus dans, comme Shakespeare aurait dit, au royaume Danemark. Dans notre manière d'envisager la vie publique il y a quelque chose qui ne va plus.

Qu'est-ce c'est ce quelque chose qui ne va plus ? On n'arrive pas à expliquer aux citoyens ce que l'on veut faire, ils ne peuvent pas y participer, ils ne se sentent pas reconnus au sens personnel du terme, mais n'allons pas trop vite car, vous les médias, vous êtes pris là-dedans aussi, exactement la même chose.

Bien sûr, nous, on essaie d'expliquer, mais c'est vrai qu'il y a un langage technocratique assez difficile à comprendre.

Ce que je crois, pardon c'est une notation qui va vous paraître trop simple et peut-être un peu étrange, je pense qu'il y a un face-à-face entre ceux qui sont d'un côté de l'écran et ceux qui sont de l'autre côté et que le langage des uns, la parole des uns n'est plus comprise par les autres.

Tant que l'on ne se rendra pas compte que ce qui est en cause, ce qui est gravement en cause dans le résultat de ces élections, mais dans l'abstention, ce qui est gravement en cause, c'est la manière dont nous exerçons le pouvoir.

Est-ce que ce que vous dites, ce n'est pas : ce qui est gravement en cause c'est que nous, MoDem, nous ne sommes pas au pouvoir suffisamment ou que moi, François Bayrou, je ne suis pas Premier ministre ?

Ceci est ridicule.

Il se trouve que je me suis présenté trois fois à l'élection présidentielle, excusez-moi je ne suis pas à demander des places ou des avantages. Les avantages ou les places, je les gagne, mais je ne les quémande pas.

De ce point de vue, soyons certains.

Vous ne vous rendez pas compte. Regardons précisément cette séquence de trois jours et votre phrase, je le dis avec….

Oui, il n'y a pas de problème. Je vous pose les questions, vous me répondez et vous avez le droit d'être sévère éventuellement, comme je peux l’être dans mes questions. Il n'y a aucun problème.

On a une élection législative qui est non pas la première, comme tout à l'heure.

Non c'est la troisième.

C'est au moins la deuxième.

Oui, mais il y en a eu en 1958 aussi. Il n’y avait pas la majorité pour le Général de Gaulle.

À l'époque le Président de la République n'était pas élu au suffrage universel.

C'est la deuxième fois qu'un Président de la République n'a pas la majorité et sur une décision qui est une décision j'allais dire mûrement réfléchie du pays parce que, là, on a eu une campagne, on a dit, voilà, avec des surprises formidables ou impressionnantes, le surgissement du Front National en est une, le relatif succès de la France Insoumise en est une.

Il y a eu plein de surprises, mais il y a une chose que l'on sait, c'est que les électeurs ont voté, ceux qui ont voté, en connaissance de cause.

Il y a trois jours. C'est une élection qui est, pour moi, une sorte de tremblement de terre, on va dire les choses comme cela et, vous, le mercredi soir, vous dites : mais au fond est-ce que ce n'est pas parce que la place du parti politique dont vous êtes le Président, le responsable, n'est pas suffisante ?

On a 50 députés et un peu plus.

Bon… Franchement, il y a beaucoup de gens qui voudraient être là.

Ce n'est pas ce que je dis. Ruth Elkrief, écoutez-moi sur ce point.

Nous avons une crise démocratique majeure. On peut faire semblant une fois de plus.

Donnez-moi vos solutions. J'entends très bien. Moi je peux voir aussi dans cette Assemblée nationale un de vos désirs qui est la proportionnelle, même si cela ne l'est pas complètement, c'est-à-dire une représentation à peu près réelle, pas exactement au centimètre près, de la société française, et on peut s'en féliciter aussi.

Donc, Qu'est-ce vous voulez faire de plus maintenant concrètement ?

Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?

Concrètement, je suis en train de faire, c'est-à-dire les Français ont enfin obtenu le pluralisme parlementaire qu'ils attendaient.

Alors le chemin a été un peu compliqué, un peu bizarre, ils sont arrivés à ce résultat par un scrutin majoritaire étrange, car s'il y avait eu la proportionnelle, chacune des forces de gauche se serait présentée sous ses couleurs et donc le dialogue aurait été plus simple et peut-être on aurait eu des manifestations de cet ordre, à droite aussi, cela aurait été plus clair mais mettons cela de côté.

Je pense qu'il faut que l'on sorte de l'idée que les décisions sont prises dans un lieu unique et ensuite adoptées quasi automatiquement, c'est cela que l'on dit quand on dit : on va faire une majorité, celle-là ou une plus large.

Moi, je pense que la construction des décisions doit se faire en tenant compte des différentes sensibilités, je dis bien en tenant compte.

Vous remettez à plat le programme présidentiel ? Pourquoi pas ?

Les gouvernements sont là pour cela.

Je crois que j'ai dit même à votre micro, mon idéal d'institution, c'est un président fort, on l'a avec le suffrage universel, un gouvernement fort et un parlement fort. Le parlement fort, on l'a maintenant, il est, disons, un parlement indocile, et c'est très bien que les parlements soient indociles, et un gouvernement fort.

Fort, cela veut dire autonome par rapport au Président, en quelque sorte politiquement autonome ?

Il ne peut pas être indépendant du Président puisqu'il est nommé par lui, mais le Président le nomme pour qu’il soit en situation de responsabilité, pour qu’il propose.

Vous vous souvenez du texte de la Constitution, l'article 20 qui dit : le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation.

Et moi je trouve très bien, discussion que l'on a très souvent avec le Président de la République en dehors de tout contexte, que l'on ait deux sources de légitimité, le Président et le gouvernement. Et cette fois-ci, je pense nécessaire que l'on change le logiciel sur ces sujets et donc ce n'est pas des petites choses médiocres dans lesquelles nous sommes.

Ce n'est pas des questions de marchandage, nous sommes dans une conception différente des institutions dans laquelle, moi, je ne crois pas du tout à l'idée que l'on va faire un pacte de gouvernement avec les formations politiques qui ont été élues dans l'opposition.

Je pense qu'elles ne le voudraient pas et que ce serait, au fond, ne pas totalement les respecter.

Pardon, les électeurs, par exemple des Républicains, lorsqu'ils entendent le président Emmanuel Macron pour lequel ils ont voté souvent au premier tour de la présidentielle en bonne partie, leur dire qu'il veut un programme dans lequel il y a des progrès sociaux, de la souveraineté, des progrès écologiques, la sécurité, la justice qui soient crédibles et financés sans baisse d'impôt et sans augmentation de la dette, cela peut sonner joliment à leurs oreilles, et ce n'est pas une question d'alliance ou de pas alliance.

C'est exactement ce que je vous dis.

Je pense que les lois votées doivent être travaillées avec les oppositions, comme on le fait avec les majorités.

Donnez-moi un exemple.

Je vais prendre un exemple très simple parce qu'il s'est réalisé.

Quand le ministre de l'Économie qui s'appelait Emmanuel Macron à l'époque a voulu faire une loi nouvelle sur la modernisation de l'économie il a passé deux mois à travailler avec les oppositions.

Oui mais il l’a eue avec le 49.3 parce qu'il manquait quelques voix.

Non, pas du tout. Si vous lisez le texte du Premier ministre de l'époque, il a dit que ce n'était pas vrai. Il manquait des voix dans la majorité.

Bien sûr, dans la majorité, pas dans l'opposition.

Les voix de l'opposition étaient là, c’était les frondeurs à l’intérieur de la majorité et donc c'est complètement illégitime de comparer les deux.

Comment vous faites ce gouvernement ? Tout le monde vous a entendu ce matin chez nos confrères de France Inter dire une phrase qui a, soyons francs, blessé la Première ministre.

Sûrement pas. Je pense que la Première ministre est quelqu'un de très bien. Elle le sait parce qu'on se parle.

Vous lui avez parlé aujourd'hui ?

Non, mais j'aurai l'occasion demain ou après-demain.

Je dis que tous ceux…

Vous avez dit qu’elle était technicienne

Non.

Et qu'il fallait quelqu'un de politique

Non.

Et, dans son entourage, on a dit : non, mais, nous, on a fait l'assurance-chômage, la réforme de la SNCF. Ce sont des grosses réformes, difficiles, on a négocié avec les syndicats et tout. Ce n’est pas de la politique cela ?

Ce ne serait un peu misogyne cela ?

C’est cela qui est dit aujourd’hui.

Vous me sentez misogyne ?

Je n'en sais rien ! Je vous pose la question.

Vous n’en savez rien !…. Donc cette attaque n'est pas…

Ce n'est pas une attaque, c'est une question, je vous rapporte ce qui a été dit aujourd'hui.

Moi, je dis que l'idée que l'on ne change rien dans la manière de gouverner est contradictoire avec le message que les Français ont envoyé.

Donc il faut changer de Première ministre.

Non, je ne dis pas cela, je dis qu'il faut changer la manière de gouverner. Ce n'est pas seulement une adaptation que l’on est en train de faire.

Je dis simplement - peut-être je suis peut-être minoritaire, j’accepte de l’être, je l’ai souvent été - qu'il y a quelque chose qui ne va plus dans la manière dont les Français perçoivent ceux qui les gouvernent parce qu'ils ne se sentent pas suffisamment reconnus, ils ne sentent pas suffisamment d'empathie, comme l'on dit, c'est-à-dire le partage des sentiments.

Il fallait leur parler autrement tout à l'heure. Le président aurait dû leur dire : Je vous ai compris, j'ai entendu que vous vouliez le Smic à 1 500 €, j'ai entendu que vous ne vouliez pas la retraite à 65 ans.

Je ne crois rien de tout cela.

Je pense que les Français sont très loin d'être complètement aveugles en face des problèmes du pays.

Je ne crois pas qu'ils croient aux solutions miracles.

Je ne crois pas qu'ils pensent que les gouvernants ont des baguettes magiques, je ne crois pas qu'ils pensent qu'il suffit d'ajouter des 0 aux chèques pour que tout se passe très bien.

Je ne crois rien de tout cela. Je crois qu'il faut prendre au sérieux les messages qui sont envoyés et, selon moi, c'est essayer de composer différemment les équipes gouvernementales, d'essayer de mieux représenter les sensibilités différentes.

Par exemple avoir des personnalités venues d'autres univers que la politique pure ?

Exactement, mais pas seulement d'autres univers.

Des académiciens, des intellectuels ?

Oui, par exemple, mais pas seulement, d'autres univers.

Des agriculteurs.

D'autres univers politiques que la majorité pure. Sortir de l'entre-soi qui est un entre-soi de manière d'être.

Je dis cela, ce sont des gens que j'aime bien, on vit depuis longtemps ensemble. Je partage, ils sont doués souvent, intelligents souvent, mais la France ne comprend plus ses gouvernants.

Vous entendez cela ? Pardon de le dire avec un peu ou trop de véhémence.

Les députés viennent d'être élus et les ministres qui ont été battus vont quitter ce gouvernement.

Eh bien Ruth Elkrief, alors il n'y a pas de problème.

Je vous donne acte que vous êtes une des plus grandes journalistes françaises.

Non.

C'est la vérité, on peut bien accepter cela.

Non, je voudrais comprendre concrètement ce que vous attendez, justement pour que les Français comprennent, de façon simple. J'ai envie de vous retourner le compliment, c'est-à-dire, dites les choses clairement.

Vous trouvez que je ne les dis pas clairement ?

Non, j'attends quelque chose d'encore plus clair. La Première ministre n'est pas assez politique, vous l'avez dit ce matin.

Non, je n'ai pas dit cela, j'ai dit qu'il fallait un gouvernement moins technique et plus politique, plus politique au sens de : je prends entre mes mains les attentes, le profond de ce que les citoyens voudraient et attendent.

On peut continuer comme cela, on ira d'accident en accident.

Comme cette émission est enregistrée, vous aurez définitivement cela dans vos archives, on ira d'accident en accident. Le monde politique fonctionne toujours pareil. Il y a des élections, il y a un accident électoral, le soir de l'accident, il dit : oui, quand même, on vient de prendre une beigne sérieuse, le lendemain il en parle encore, deux jours après c'est fini, et on recommence comme avant.

On a tort de recommencer comme avant

Qu'est-ce on fait vendredi ? Le Président a donné rendez-vous vendredi.

Voilà ce que je dis en tant que citoyen et en tant que responsable politique, en tout cas à ma place.

On change le langage, on parle plus clairement et franchement aux Français comme ils parlent, eux, tous les jours.

Pas comme ils parlent tous les jours…

Ce n'est pas vulgaire, au contraire, c'est-à-dire de façon claire.

De façon claire, non vulgaire, non affectée.

C’est ce que nous essayons de faire dans les médias et, moi, c'est aussi simple, comme si nous parlions à des proches pour que les choses soient claires et avec respect évidemment. Mais après ? OK, très bien, et ensuite, qu'est-ce on fait ?

Ensuite, le gouvernement devient lui-même le rédacteur des propositions et des projets de loi qu'il discute avec les différentes sensibilités préalablement.

Donc il s'autonomise par rapport au Président.

Oui.

Cela veut dire que, en fait il y a l’Élysée, et de l'autre côté de la Seine, il y a Matignon, il y a un gouvernement et en fait il y a un pouvoir partagé.

Ce n'est pas partagé. Le Général de Gaulle a dit une fois pour toutes ce qu'il en était.

Il dit : Nous allons enlever l'Exécutif, la décision politique, aux manœuvres parlementaires. Le Président de la République composera le gouvernement en tenant compte des nuances de l'Assemblée nationale.

Il tient compte des nuances de l'Assemblée nationale et on a ainsi une démarche politique qui est en effet partagée entre le Président de la République et le gouvernement ; le gouvernement n'étant pas seulement l'exécutant du Président de la République, mais étant, comment dirais-je, une des sources de l'action politique.

Cela veut dire que dans un prochain gouvernement, il faudrait qu'il y ait des représentants de plusieurs partis, nuances politiques.

En tout cas, des personnalités qui peuvent porter une partie des nuances politiques du pays.

Tout en n'étant pas le gouvernement d'union nationale.

Cela, cela n'existe pas.

Cela, c’est votre message ce soir.

Je reviens sur Élisabeth Borne.

Non, je vais essayer de trouver une phrase un peu plus juste. Il y a des gens qui disent un gouvernement de coalition.

C'est Édouard Philippe, vous m'aviez dit la semaine dernière ou il y a 15 jours quand vous étiez sur ce plateau que vous étiez dans une bonne relation de partenariat.

On a de très bonnes relations de partenariat et on peut avoir des nuances et on s'en explique.

Je crois qu'il faut non pas un gouvernement de coalition, non pas un gouvernement d'union nationale ce n'est pas possible. Je crois qu'il faut un gouvernement de bonne volonté.

Un gouvernement de bonne volonté, c'est un gouvernement qui est parfaitement conscient des orientations du Président de la République avec qui il est en proximité, mais qui se donne la liberté, la puissance, la légitimité de travailler les réformes et les projets, avec les nuances y compris de ceux qui ne sont pas de la majorité.

Cela va jusqu'au RN et LFI.

Les majorités ont travaillé en France depuis des décennies comme si elles étaient un bloc obéissant à une seule source de légitimité.

Ceci a changé depuis le week-end dernier, pour moi. Il y a des tas de gens qui, dimanche, pensaient que cela pouvait changer, lundi ils le pensaient encore et, aujourd'hui, ils ne le pensent plus.

Vous ne pensez pas au président Macron, par exemple ?

Non, parce que, lui, je sais qu'il pense à cela. Je ne parle pas tout à fait en l'air.

Je sais que l'immense majorité de la culture politique, au fond, se satisfait très bien que rien ne change. Mais je pense qu'il faut que, de l'intérieur, y compris de l'intérieur de la majorité, y compris d'une force politique comme la nôtre qui est un peu différente du mouvement principal de la majorité, vienne et fasse entendre cette exigence de nouvelles approches, nouvelles méthodes et nouvelles cultures que le Président a esquissées dans son discours.

Un gouvernement de bonne volonté, c'est ce que vous dites, c'est votre définition à côté de ceux qui veulent une coalition et notamment avec les Républicains, soyons clairs.

Si c'était possible, je l'examinerais peut-être sympathiquement, mais ce n'est pas possible.

Aujourd'hui.

Vous voyez bien, vous ne pouvez pas demander à des gens élus dans l'opposition de venir le lendemain matin se ranger dans la majorité ou alors est-ce moi qui n'ai pas les yeux en face des trous ?

La coalition avec les Républicains, cela semble exclu pour vous. Vous dites, de la même façon, un gouvernement qui finalement part avec sa feuille de route, mais qui, au cas par cas, va chercher, va glaner comme en 1988 une voix.

Non, pas seulement : Va être lui-même la source d'un certain nombre de propositions nouvelles.

C'est cela dont on a besoin.

Article 20 : Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation.

J'avais proposé il y a très longtemps que l'on écrive : Le président détermine et le gouvernement conduit la politique de la nation.

Ce n'est pas ce qui a été choisi.

Au fond, on a besoin des trois pôles forts, le Président fort, le parlement fort et le gouvernement fort, et, ce qui manque aujourd'hui, c'est un gouvernement fort. C'est que le gouvernement soit considéré par tout le monde comme fort par les forces parlementaires avec qui il dialogue.

Est-ce que vous demandez un changement de Premier ministre ? Est-ce que vous considérez que la Première ministre est assez forte et que ce gouvernement est assez fort ?

Non. Il faut reprendre mes déclarations. J'ai dit, comme quelqu'un qui estime la Vème République : c'est au Président de la République d'en décider.

Là il va se lancer dans son épisode européen d'abord, ensuite international et G7, mais pendant ce temps il va continuer à réfléchir.

Je suis persuadé que ce temps-là doit permettre au Président de la République de réfléchir à ce nouvel équilibre - il a dit nouvelle méthode, nouvelle démarche, quelque chose comme cela - dont on a besoin car, sans cela on va se retrouver une fois de plus avec un pays qui a le sentiment qu'il a dit quelque chose, et il l'a dit assez fort mais qu'au fond… Business as usual.

Ce n'est pas possible puisqu’il n'y a pas de majorité absolue.

C’est impossible. Donc, de toute façon il y aura des modifications, des discussions.

Des changements profonds. Je plaide pour des changements profonds.

Je suis sans doute Don Quichotte, sans doute minoritaire, je veux bien tout ce que l'on veut, j'accepte tout cela, mais je dis avec le sentiment de gravité d'un citoyen de base qui n'en peut plus de voir cette succession d'accidents, je dis qu'il faut que l'on prenne à bras-le-corps les nécessités de l'heure, la gravité des problèmes et qu'en effet on montre de manière claire que les choses doivent changer.

Voilà ce que je crois et que je plaide.

On fait des gouvernements techniciens, il faut faire des gouvernements politiques. Ce n'est plus la mode depuis longtemps.

Donc avec des élus locaux, il y en a déjà.

Avec des expériences de vie différentes, il n'y en a plus beaucoup.

Il n'y en a pas assez, trop d'énarques en fait.

Non.

Ou pas seulement.

Non, c'est bien qu’il y en ait, mais il ne faut pas une seule culture au pouvoir. On a le sentiment qu'il y a une monoculture du pouvoir, que tout le monde est passé par le même moule, que le langage, la langue est devenue exactement la même.

Qu'est-ce que vous répondez à Jean-Luc Mélenchon qui a dit ce soir : « le choix n'est pas la ratatouille, il ne faut pas biaiser avec la réalité et la première ministre doit se présenter, présenter son programme d'actions et solliciter la confiance de l'Assemblée nationale. »

Cela, c'est la IVème République. On a le droit d'être pour la IVème ou la VIème, ce qui est à peu près la même chose.

Ce n'est pas l’élection législative qui fait le gouvernement, c'est le Président de la République qui fait le gouvernement, mais il le fait en tenant compte de ce que le pays a exprimé pour les législatives. Voilà pourquoi je plaide pour que, oui, on prenne les choses à bras-le-corps, avec gravité.

C'est plus confortable de ne rien changer, vous savez.

C'est ce qui s'est passé ce soir ? C'est ce qui va se passer ?

Non, il y a dans la déclaration du Président de la République des éléments qui sont des éléments de changement fort.

Est-ce qu’ils vont porter ? Moi, je le souhaite, je le dis, je le lui ai dit sans biaiser parce qu’après tout c'est notre responsabilité.

Vous êtes alliés et vous restez alliés.

Alliés en confiance, assez amicaux, je crois, et francs dans le langage.

Donc vous demandez à voir et vous attendez de voir, quand même.

Non, je pense que les jours qui s'ouvrent ou que le discours de ce soir ne peut pas être considéré comme la clôture d'un cycle, mais comme l'ouverture d'un cycle.

Mais il peut y avoir une situation à laquelle vous rompriez cette alliance ?

Non, ce n'est pas ce que je dis. Je n'ai pas l’habitude de changer d'avis tous les quatre matins, mais je pense que, même si c’est inconfortable, il doit y avoir dans la majorité des gens qui soutiennent la nécessité de prendre au sérieux ce que les Français ont dit, au sérieux.

Un gouvernement de bonne volonté, un gouvernement fort duquel émane un certain nombre de propositions après avoir entendu ce qui se passe à l'Assemblée nationale.

J'ai bien résumé ?

Ceci est la cinquième République.

Merci beaucoup.

Seul le prononcé fait foi.

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