Analyse de la situation actuelle à Mayotte

Henry-David

Daniel-Martial Henry, le président du Mouvement Démocrate départemental à Mayotte, a accepté de livrer son regard sur la crise migratoire qui secoue les Mahorais et Mahoraises depuis une vingtaine d'années. Par sa connaissance fine des enjeux de "l'île aux parfums" et son expérience continue des réalités du terrain, le témoignage de Daniel-Martial Henry vient nous éclairer sur les difficultés historiques et actuelles de ce département ainsi que sur la manière d'y répondre. 

  1. Pouvez-vous nous dresser un bilan de la situation à Mayotte actuellement ? 

"La situation de Mayotte est préoccupante. C’est d’abord une économie fragile :

  • 51% de la production intérieure est assurée par le pouvoir public ; 
  • 11 000 € de PIB par habitant contre 44 000 € dans l’Hexagone, soit 4 fois inferieur ;
  • Un taux de dépendance économique vis-à-vis de l’extérieur de 97% essentiellement par rapport à l’Hexagone ;
  • Un taux de chômage de 47% ;
  • Un taux de pauvreté de 80% en se réfèrent au seuil national.

Mayotte, c’est aussi une population en très grande souffrance à cause de la délinquance et de toutes les nouvelles formes d’incivilités (vols, agressions, viols, meurtres). 

Cette souffrance de la population est amplifiée par une dégradation environnementale terrestre et lagunaire liée à une urbanisation anarchique et à une déforestation massive : 

  • Installation des quartiers insalubres et de concentration de misères par des habitants clandestins, ce qui provoque la fragilisation des écosystèmes,
  • Menace directe de la biodiversité, 
  • Envasement du lagon et ses conséquences sur les ressources halieutiques qui constituent une base alimentaire essentielle de la population en protéines.

Ces "poches de pauvreté", établies en marge de toutes les grandes villes, constituent des zones de non droit et d’arrières-bases à la violence qui gagne toute l’ile.

En 20 ans, Mayotte est passé de Paradis à l'Enfer."

  1. Dans quelle mesure les relations diplomatiques entre la France et l’Union des Comores produisent-elles un impact sur le Département de Mayotte ? 

"Il faut remonter un peu plus loin dans l’histoire pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui sur le territoire de Mayotte.

En 1974, les quatre îles des Comores ont été consultées par referendum d’auto-détermination sur leur avenir institutionnel. Les trois autres îles, à savoir Anjouan, Mohéli et Ngazidja choisissent l’indépendance alors que Mayotte décide de rester française.

Ainsi, depuis 1975 les Comores refusent de reconnaître le droit fondamental du peuple mahorais à disposer de lui-même, allant même plus loin jusqu’à revendiquer le territoire de Mayotte. 

L’argument qu’elles évoquent s’appuient sur une charte de l’OUA (organisation de l’unité africaine) de 1963 qui stipule « l’intangibilité des frontières hérités de la colonisation ».

Pourtant dans l’histoire, Mayotte fut française en 1841 par « traité de cession » volontaire de l’île à la France, alors que les autres îles de l’archipel le deviennent 71 ans plus tard par « annexion », soit en 1912. 

En 1914, pour des raisons de commodités administratives, la France décide d’ériger les Comores en province rattachée à la colonie de Madagascar, devenue français depuis 1897. Il a fallu attendre le lendemain de la seconde guerre mondiale, plus précisément en 1946, pour voir apparaitre une entité administrative et politique commune aux quatre îles des Comores dotée de statut de « territoire d’outre-mer » conformément à la constitution de la IVème République. 

Contrairement aux arguments avancés par la partie comorienne, Mayotte n’a jamais partagé de frontière commune avec les trois autres îles des Comores, ni avant, ni durant la période coloniale. Plus encore, avant la colonisation chaque île constituait un sultanat sous l’égide de son propre souverain.

De ce fait, le principe de l’intangibilité des territoires hérité de la décolonisation ne peut-être opposable au cas de Mayotte."

Toujours est-il que cette méconnaissance de l’histoire combiné à une subordination idéologique pro-indépendantiste prônée par l’'extrême gauche française est source d’amalgame. 

  1. Qu’attendez-vous de l’annonce de la suppression du droit du sol sur l’île ?

Aux Comores voisines, la plupart des grandes familles ont choisi de conserver leur nationalité française depuis 1975. Ces doubles nationalités (franco-comoriennes) restent les plus nantis de la communauté. Ainsi, acquérir la nationalité française est perçu comme un élément vital, de bien-être, de promotion sociale et surtout d’enrichissement personnel. De ce fait, les femmes comoriennes font tout pour venir accoucher à Mayotte dans l’espoir que leurs enfants deviennent un jour français en vertu du « droit du sol ».

Il faut savoir que 80% des femmes qui accouchent à la maternité de Mamoudzou, ville chef-lieu de Mayotte, sont de nationalité étrangère.

En effet, le principe de droit du sol admet fondamentalement deux voies pour acquérir la nationalité française :

  • Un enfant né à Mayotte (France) et qui justifie d’une résidence continue sur le territoire depuis 5 ans à partir de l’âge de 8 ans peut acquérir la nationalité si ses parents en font la demande ;
  • Un enfant né à Mayotte (France) d’un parent né à Mayotte (France), devient automatiquement français en vertu du principe de « double droit du sol ».

Il se trouve que beaucoup de ces enfants nés à Mayotte, dont les parents sont issus des premières vagues immigrationnistes de masse qui remontent en 2000, ont aujourd’hui entre 16 et 25 ans. Les enfants qui naissent de cette génération deviennent donc automatiquement français. 

Dans une île de 310 000 habitants (chiffres officiels) où les étrangers sont désormais majoritaires à 51% selon l’INSEE ; le risque de basculement du contrôle du territoire dans les mains des étrangers et du changement de destin de Mayotte en cas de consultation est plus que réel.

La plupart de ces personnes n’ont pas de connaissances suffisantes des principes fondamentales de notre République, avec toutes les conséquences que cela peut avoir en devenant français. 

Aussi, la suppression du droit du sol à Mayotte permet non seulement de rendre le territoire moins attractif à l’immigration, mais aussi de garantir la stabilité politique et institutionnelle de l’ile.

  1. Expliquez cette crise migratoire actuelle ?

La crise migratoire actuelle est déclenchée à la suite d'une installation d’un camp de migrants dans l’unique stade départemental de l’île, situé à Mamoudzou. Plus de 700 migrants se concentrent dans ce camp, tous africains venus de la région du Grand Lac (Congo, Burundi, Rwanda) et de la Somalie. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, puisqu'on dénombre actuellement plus de 2500 migrants sur un territoire de 374 km² déjà asphyxié par le poids de l’immigration en provenance des iles voisines.

Suite à la grogne populaire, la Préfecture annonce le démantèlement du camp tout en recherchant de solutions de relogement pour ces personnes. Ce qui n’est pas sans accentuer la colère des habitants. 

Afin d’empêcher l’acheminement de ces migrants dans d’autres lieux, la population érigent des barrages partout dans l’ile. Pour eux cela revient à déplacer le problème d’un point à un autre. La seule alternative aux yeux de la population, c’est le retour de ces migrants dans leur pays d’origine. Un bras de fer s’est donc installé entre les autorités de l’État et les Mahorais. Ils refusent tout dialogue avec le préfet en raison de déclarations jugées peu rassurantes.

La venue du ministre de l’Intérieur et de la Ministre déléguée aux outre-mer a été partiellement rassurante. En effet, si la population considère que les mesures annoncées présentent des avancées par rapport aux revendications, notamment, la fin des « séjours territorialisés » et la levée du « droit du sol » sur le territoire de Mayotte, elle réclame « l’état d’urgence sécuritaire » pour enrailler la violence.

Cependant, la crise migratoire tient sa source directe à l’extension à Mayotte du décret relatif au « droit d’asile » à partir de 2001 sous le le gouvernement socialiste, faut-il le préciser. Ce dispositif a été très vite détourné de ses objectifs initiaux par des migrants à la recherche d’asile économique. Sur plus de 2600 nouveaux demandeurs d’asile en 2023, 40 seulement ont reçu un avis favorable de l’OFPRA. Pourtant, tous les déboutés continuent à rester sur le territoire malgré les OQTF pendant que d’autres arrivent. Il ne se passe un jour, pratiquement, sans qu’un bateau n’accoste avec au moins de 40 migrants sur les plages de Mayotte.

La situation de Mayotte est devenue explosive.

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