UR 2022 : intervention de Stéphane Séjourné

Retrouvez l'intervention de Stéphane Séjourné, Président du groupe Renew Europe au Parlement européen, secrétaire général de Renaissance.

François BAYROU. - Je suis très heureux, et tous les responsables de notre mouvement sont heureux, je l'exprime par ma voix, d'accueillir les deux responsables des deux mouvements qui, avec nous, forment l'organisation de la majorité, dont vous vous souviendrez que le nom que nous avons choisi, qui est à la fois une dénomination et un mot d'ordre, est : Ensemble.

Quelques mots extrêmement rapides sur cette majorité.

Nous avons toujours considéré que le mot d'ordre, c'était l'alliance et l'alliance, dans la vie personnelle, comme dans la vie politique, cela suppose estime réciproque, sens de la solidarité et liberté d'expression.

Il peut arriver, c'est la plupart du temps le cas, que nous soyons profondément d'accord sur les orientations et, dans ce cas-là, nous l'exprimons et nous allons dans le même sens, sans qu'il y ait la moindre nuance.

Il peut arriver, cela arrive aussi, que nous soyons d'accord majoritairement, mais qu'à l'intérieur de chacun de nos mouvements, il puisse y avoir des nuances. Cela arrive.

Il y a par exemple des problèmes de conscience, des problèmes éthiques sur lesquels chacun s'exprimera. Puis, il peut arriver qu'il y ait des nuances entre mouvements.

Je pense très important que les Français mesurent le devoir de liberté qui est le nôtre, celui de chacune des formations qui sont là. Ce devoir de liberté ne porte pour moi en rien atteinte à la solidarité nécessaire. Simplement, c'est, pour les Français, un gage d'authenticité.

Si vous êtes pris contraints dans une alliance, alors les Français entendent très bien quand vous vous exprimez que vous proférez des éléments de langage, comme l'on dit, c'est-à-dire à peu près le comble de l'in-authenticité. Or, nous avons choisi, nous - je m'exprimerai demain sur ce sujet -, de faire de la démocratie une discipline et une obligation d'échanges, de débats.

Cette liberté, si nous réussissons à la mettre en œuvre, sera un atout très important pour l'avenir et je dis cela à Stéphane Séjourné et à Édouard Philippe, l'un des deux a eu l'occasion de vivre avec moi assez souvent cette nécessité et l'autre va évidemment… Rires… entrer dans ce sport particulier, mais je ne dis pas cela pour créer un climat qui ne serait pas profondément engagé.

Je suis sûr que les majorités précédentes ont été affaiblies par l'insincérité de leurs attitudes et de leurs actions.

Je suis sûr que l'on a tout à gagner à inventer une démocratie sereine et parfaitement sincère. C'est la raison pour laquelle je suis très heureux de les accueillir.

Édouard Philippe, comme vous le savez, a été le Premier ministre de la France et nous l'avons soutenu pendant toute cette période. Nous avons noué des relations intéressantes et assez roboratives - cela veut dire qui donne de la force - et Stéphane Séjourné est le Président de notre groupe au Parlement européen et il a donc, avec chacun d'entre nous, les Parlementaires européens et moi en tant que responsable du Parti Démocrate Européen, des relations qui sont évidemment très intéressantes et qui doivent s'approfondir.

Il a compris ce que je veux dire. Je comprends ce que je veux dire, c'est déjà très bien !

Et Édouard Philippe affirme qu'il a compris aussi !, ainsi que Maud et Sophie, qui se rebiffent !

Voilà ce que je voulais dire pour la chaleur de l'accueil que nous leur réservons et la franchise de vos applaudissements….

Stéphane SEJOURNE. - Cher François, chers tous, cela fait déjà trois fois que je suis invité à séjourner de Guidel. C'est toujours un immense plaisir et tu l'as rappelé, je fais aussi un peu partie de la famille, je suis votre Président de groupe au Parlement européen et c'est avec fierté, la table ronde l'a démontré tout à l'heure, une grande fierté de tous les combats politiques que nous avons gagnés depuis 5 ans avec les Parlementaires du Modem, avec les Parlementaires d'Horizons, avec les Parlementaires d'En Marche, qui forment cette grande famille.

Je pense que nous avons changé, je le disais l'année dernière déjà. Partis de la manière dont a été perçue la classe politique dans cette institution qu'est le Parlement européen, c'est grâce à vous, c'est grâce aux Parlementaire et je voulais leur rendre hommage et rendre un hommage appuyé aussi à Marielle qui a beaucoup œuvré à développer votre influence, notre influence au Parlement européen durant ces dernières années.

Je vais peut-être revenir, François, je ne serai pas long, sur la table ronde d'avant, pour expliquer aussi nos relations politiques après, puisqu'il y a une très grande cohérence.

J'étais hier en Italie pour conclure les meetings politiques de nos partis frères au niveau européen qui se battent aujourd'hui pour éviter l'arrivée du populisme aux portes de l'Europe. J'ai toujours l'occasion de dire que les élections nationales sont des élections européennes.

Elles sont des élections européennes, car elles déterminent aussi, au Conseil de l'Europe qui choisit un Premier Ministre, le devenir des citoyens européens, de tous les États-membres et cela prend d'autant plus d'importance aujourd'hui quand on a vécu la première partie de ces années 2020, lesquelles ont tout de même bouleversé un certain nombre de choses qui, aujourd'hui, rendent encore plus importants, et je vais y revenir, l'unité, le rassemblement - Ensemble n'est pas un mot vain - que nous avons à construire et encore à faire vivre pendant ces cinq prochaines années.

Je le dis, car l'adversaire de notre famille politique, au sens large de notre rassemblement, de notre coalition restera malheureusement encore dans les prochaines années - on le voit se développer un peu partout en Europe - les extrémistes.

L'extrême-droite notamment, on l'a bien vu que ces crises ont apporté beaucoup de bien, la table ronde l'a démontré, les pas-de-géant que l'on a faits sur la construction européenne, les pas-de-géant que l'on a faits sur la construction y compris l'Europe de la défense, les pas-de-géant y compris dans la tête des Européens, quand les Européens sont venus procéder les populations. Mais, mine de rien, les prochaines crises, l'augmentation du prix de l'énergie, l'inflation, cela va aussi drainer un certain nombre de phénomènes bien connus en Europe.

L'inflation, le jeu des populistes, tout cela, ce sera évidemment un des grands enjeux de 2024, un des grands enjeux sur lequel je veux que l'on puisse travailler avec une force importante.

On est en train de constituer en Europe un pôle des progressistes, des démocrates, des libéraux, qui doit faire face et je fais le parallèle, car la presse italienne m'interrogeait sur la situation française.

Les amis, par deux fois, en 2017 et en 2022, nous avons été le barrage aux extrémistes.

Ne vous laissez pas mettre dans les cordes par nos opposants qui souvent nous accusent soit de les faire monter quand on les dénonce, soit de les mettre en valeur quand on les combat, mais par deux fois, en 2017 et en 2022, de fait, notre coalition a fait le barrage à l'éventuelle arrivée des extrémistes en France, et notamment du Front national, du Rassemblement national et de l'ensemble des responsables politiques qui drainent cette idéologie.

Il faut que nous soyons fiers de cela, car je me souviens du contexte - Édouard Philippe et François Bayrou s'en rappellent également - du Conseil de 2017. Heureusement que nous avions cette famille politique, le Modem, qui est venu avec nous, qui a constitué une coalition et quand on voit, après, quand s'est prolongée, s’est constituée cette élection de 2017 avec les affaires à droite, l'incapacité de la gauche de se rassembler, quel aurait été le deuxième tour de l'élection présidentielle en 2017 ?

Est-ce que les Français n'auraient pas eu affaire aux extrêmes ou aux extrêmes ?

Je voudrais donc remettre un discours offensif sur cette question-là.

Nous sommes là depuis 2017 et nous avons fait le choix de la construction, notamment de pouvoir gouverner ensemble pendant 5 ans, nous sommes le barrage au Rassemblement national et aux extrémistes dans ce pays, il faut en avoir conscience et soyez fiers aussi de la construction politique que nous avons eu à ce moment-là et que nous devons continuer à avoir au niveau européen.

Je reviens sur les cinq dernières années. Nous avons gouverné pendant cinq ans ensemble, nous avons affronté les crises, nous avons également su protéger également le pays de la pandémie, des conséquences de la guerre en Ukraine avec une certaine réussite collective. Nous avons également réussi à être rassemblés pour gouverner et pour gagner des élections.

Je pense aux élections présidentielles, mais aussi aux élections européennes. Avec une majorité aujourd'hui à l'Assemblée nationale, il peut parfois y avoir une forme d'approche, je partage là-dessus, François Bayrou, on peut faire l'éloge de la différence tout en faisant l'éloge de l'unité. Je pense que nous nous sommes mutuellement entretenus, nous avons mutuellement créé une culture politique commune sur ces questions, et je pense que c'est possible.

Depuis cinq ans, nous le vivons comme cela et je pense que nous avons réussi, en tout cas dans cette dynamique, à pouvoir le démontrer, à l'inverse d'ailleurs aujourd'hui de la Nupes, qui n'était qu'une alliance électorale, peut-être de circonscriptions et de circonstances, mais nous voyons bien les difficultés aujourd'hui de faire cette alliance pour gouverner.

Les oppositions se sont alliées pour s'opposer. Nous avons décidé de nous allier pour gouverner le pays, ce qui est déjà une chose beaucoup plus compliquée quand on sait les mécanismes qui nous amènent aux responsabilités.

Là-dessus aussi, c'est donc un deuxième élément de fierté, je pense, de cette organisation collective.

Puis, le Modem a été aussi, je le dis François et je le dis aussi à Guidel, de manière d'autant plus convaincue, vous avez apporté des choses à cette majorité.

Je pense notamment à cet humanisme et tout ce qui traverse aujourd'hui les politiques publiques que nous pouvons, nous aussi, concevoir.

D'abord, vous le savez, tu es diplômé de lettres classiques qui sait ce que c’est l’humanisme, l’émancipation de l'homme, nous aussi, nous y croyons, vous avez apporté cette dimension, l’épanouissement individuel, la question notamment de l'héritage que nous pouvons avoir dans notre vie politique autour de cette belle majorité.

Vous avez participé en tout cas à construire cette doctrine et ces valeurs que nous avons aujourd'hui tous partagées et que je partage aussi dans Renaissance. Quand on regarde l'ensemble des militants, cette dimension humaniste est également présente et c'est aussi grâce à vous.

Je pense notamment à l'Europe, nous en avons parlé longuement, mais vous n'avez pas été des Européens intermittents dans la période, ce parti est cohérent, cette organisation et ce mouvement sont cohérents.

Vous avez déjà su, dès 2017, je m'en souviens très bien ici, à Guidel, en parlant de l'Europe de la défense peut-être même en premier. Jean-Yves Le Drian disait que nous avions des difficultés à convaincre nos partenaires, mais, à l'époque, cette question-là était déjà posée dès 2017 dans un des partis politiques français qui a progressé.

Vous avez aussi participé à cela.

Enfin, peut-être, la question de la proportionnelle.

(Applaudissements…)

J'étais à peu près sûr de mon coup !

J’ai la conviction - il faudra interroger d'ailleurs les militants de Renaissance, nous aurons également ce débat entre nous - que la composition de l'Assemblée nationale montre que les Français aspirent à une meilleure représentativité des forces politiques au Parlement. Ils nous l'ont montré par les élections. Il faut maintenant passer peut-être de la proportionnelle de fait, imposée en quelque sorte à la proportionnelle choisie, organisée par nos institutions.

Ce sera donc un débat que nous aurons entre formations politiques, mais c'est un débat que je veux mener avec aussi l'intelligence de votre approche qui est longue sur le terrain et votre conviction sur ces sujets-là.

Voilà, il y aura évidemment des choix à faire dans les prochains mois et dans les prochaines semaines sur les politiques publiques.

Évidemment, nous aurons peut-être, je le disais, des approches différentes, mais nous pourrons toujours faire l'éloge de l'unité. C'est le cas sur la réforme des retraites dont je pense que, sincèrement, - comme tu le dis souvent, François également - c'est un projet de société et pas un choix budgétaire.

Je partage aussi cette conviction. Nous connaissons tous le point d'atterrissage. Nous avons le droit d'avoir des discussions sur la manière dont nous y allons. Cela ne me gêne pas et ces débats sont plutôt sains dans une majorité qui peut vivre. C'est une question de sincérité, mais c'est aussi une question de vie collective si nous voulons que cela dure.

Et dans tout collectif, si l’on veut que cela dure, il faut pouvoir faire vivre ce collectif avec ses différences et ses sensibilités différentes. J'en serai aussi le garant à la place qui est la mienne.

J'ai beaucoup travaillé avec les Parlementaires européens.

Nous sommes maintenant 103 Parlementaires de 25 nationalités différentes, de 40 partis politiques différents, partout en Europe, avec évidemment des géographies différentes, des intérêts différents parfois, mais cela ne nous empêche pas de voter à 95 % la même chose dans l'hémicycle, après avoir eu des débats, après avoir construit des compromis, après avoir organisé nos débats internes qui ne sont pas des "prises de gueule" entre les uns et les autres, mais des débats constructifs.

Je pense que nous pouvons y arriver pendant ces cinq prochaines années tout simplement parce que les Français nous regardent et que nous sommes en responsabilité et les Français peuvent être parfois très durs avec les gens qui sont en responsabilité, et nous leur devons aussi cette exigence de débats mutuels.

Je regarde notamment le PS, qui a dissous à peu près tout ce qui constituait ses idées et ses valeurs dans le mélenchonisme. La droite qui fraye de plus en plus donc les digues sont en train de s’effondrer avec l'extrême-droite.

Nous sommes le pôle de stabilité de ce pays, il faut l'assumer, avec des responsabilités derrière, je pense.

Nous sommes devenus les seuls partis de Gouvernement aujourd'hui quand on écoute les responsables politiques dans les médias et dans leurs interventions publiques. C'est avec une immense responsabilité que nous assumons l'humilité dans l'unité et, aujourd'hui, demain et après-demain. En tout cas, je l'espère.

Merci beaucoup.

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