Université 133 : Le sens du travail - Les nouvelles relations au sein de l’entreprise

Mercredi 18 janvier, Université 133 honorait le deuxième rendez-vous de son cycle de réflexion sur le sens du travail. A la veille du mouvement social du 19 janvier, dans un contexte social tendu, nous remercions vivement Catherine Pinchaut (secrétaire générale de la CFDT) d’être venue discuter dans l’amphithéâtre Jean Lecanuet. Patrick Mignola (vice-président et porte-parole du mouvement), Sophie Agulhon (maître de conférence en science de gestion, Université Paris VIII, Vincennes-Saint-Denis) et Bertrand Le Guern (chef d’entreprise) ont proposé des pistes pour penser les nouveaux rapport au temps et mutations dans l’entreprise, insistant sur nécessité d’une co-responsablité entre employeurs et salariés. 

Alors qu’un mouvement social débute, la discussion argumentée, de fond sur les enjeux et finalités du travail prend une teneur particulière. Il est, avant tout, essentiel de s’entendre, au sens plein. S’écouter les uns les autres, et s’accorder sur le sens des concepts. Si l’on conçoit la réforme des retraites sous le seul angle des chiffres, on oublie le principal : notre rapport au travail dit quelque chose de notre lien avec la société, qui est bien plus profond. Les grandes transitions, écologique, numérique notamment obligent à repenser les méthodes managériales.

Sophie Agulhon (Paris VIII) s’interroge sur le management, en partant d’un étonnement philosophique. Elle a exposé quatre grands idéaux-types de management, qui expliquent certains blocages et crispations au sein d’une entreprise. Le phénomène de la maltraitance au travail, le sentiment d’être dévalorisé, peuvent en découler, tout comme le quiet quitting observé depuis la pandémie. Ces schémas nous aident à mieux saisir l’importance de réinstiller de l’humain dans le monde de l’entreprise. C’est aux entreprises de faire preuve de sérendipité, en saisissant l’instant propice pour transformer les relations en son sein.

Catherine Pinchaut, secrétaire nationale de la CFDT, est spécialiste des nouvelles temporalités et porte un regard précis sur les évolutions du télétravail. La CFDT a engagé récemment Les Assises du travail, lieu de dialogue visant à tracer des axes structurants. Pour Catherine Pinchaut, nous sommes en train de vivre une époque formidable (l’expression évoque le film de Gérard Jugnot de 1991, sur la dure réalité du travail). Pourquoi ? Car nous ne pouvons plus éluder une réflexion d’ampleur sur ce que représente le travail. La distinction entre travail et emploi, la dignité du travailleur, le sens du travail dans la double acception de signification et de direction. Les entreprises se trouvent face à une prise de conscience, le partage de la valeur et de la décision devenant un impératif pour que chacun exerce son activité de manière autonome.

Le chef d’entreprise Bertrand Le Guern met l’accent sur l’accélération des transformations du travail. Un métier comme les aiguilleurs du ciel va connaître des changements profonds, en très peu de temps. Et ce n’est là qu’un exemple. Il faut se préparer à ces nouveaux métiers qui remettent en cause notre rapport au temps et nos certitudes. Précisément, c’est par la concertation, par une meilleure association du salarié au sein de l’entreprise que l’efficience peut être visée. La notion de co-responsabilité est capitale. Bertrand Le Guern estime que le dialogue social en entreprise doit être instauré en continu.

Patrick Mignola souligne le paradoxe d’un moment où la focalisation sur la réforme des retraites fait perdre de vue la finalité : que cherche-t-on ? Une société plus juste, où le partage de la valeur conduirait à davantage d’équilibre et de reconnaissance.

Nombreuses, les questions de la salle ont porté sur la place encore difficile à trouver pour des « seniors » qui n’ont l’envie ni d’être désignés ainsi ni d’arrêter de travailler du jour au lendemain, sur la comparaison entre la France et d’autres pays, en particulier l’Allemagne, sur la nécessaire co-responsablité, sur les rigidités et effets d’autorité qui risquent d’exclure certaines personnes de la sphère du travail, sur l’importance de l’expérience et de la transmission dans un corps de métier.

Catherine Pinchaut a eu, en conclusion, cette belle remarque : le dialogue social ne doit pas être perçu comme un simple conflit qui oppose terme à terme deux entités sourdes l’une à l’autre. Il s’agit, bien plutôt, de pratiquer le dialogue social comme un art de la controverse. Au Mouvement Démocrate, où nous croyons dans les vertus du pluralisme et de la délibération, ces mots font sens.

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