L'avenir du secteur aéronautique : la décarbonation par le développement de filières de biocarburants 

Jean-Luc Lagleize

Développer des filières durables, accompagner les acteurs du secteur aéronautique... Jean-Luc Lagleize, député de Haute-Garonne, s'exprime sur les perspectives pour le domaine aérien et pour sa nécessaire transition énergétique. 

Atteindre “zéro émission nette de Co2” d’ici à 2050 par les compagnies aériennes, est-ce faisable pour vous ? 

Oui, c’est faisable mais à un certain nombre de conditions : 

La première d’entre elles est d’utiliser les moyens de transports adéquats. Les courts courriers pourront devenir des avions électriques. Les progrès leur permettront de faire des vols court courriers. Pour les moyens courriers, nous aurons des avions à hydrogène, à partir de 2035. Les avions à hydrogène ne pourront pas faire les courts courriers intercontinentaux parce que l’hydrogène est 4 fois plus volumineux. Les longs courriers pourront eux voler à l’hybride et au biocarburant ou à l’hydrogène et aux biocarburants. D’où l’intérêt de développer une filière de biocarburants.  

À titre d’exemple, les avions Airbus sont tous certifiés pour pouvoir voler à 50% de biocarburant et d’hydrogène et les plus récents volent tous à 100% de biocarburant. 

La décarbonation va arriver avec les filières de biocarburants : la biomasse renouvelable, le fuel de synthèse. Les carburants de synthèse proviennent ainsi de déchets forestiers, de déchets agricoles, de carton, de graisse animale, d’huile usagée. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de cartographie en Europe. Il y a un travail immédiat à faire pour produire du biocarburant. 

Il faudra ensuite calculer combien il en manque et réfléchir aux pistes alternatives, comme le fioul synthétique qui utilise une source verte. Là aussi, il convient de connaître les quantités et de lancer une cartographie. 

Cela fait 1 an et demi que les USA ont lancé des filières biologiques durables. Si on n’avance pas plus vite, on va se faire complètement devancer par les États-Unis. 

On peut décarboner le secteur aérien tout de suite si on développe le biocarburant qui est bien plus cher que les carburants classiques. Plus cher pourquoi ? Parce qu’on a très peu de production. Les compagnies aériennes ne l’achètent pas car c' est trop cher. 

Enfin, il y a le sujet du renouvellement des flottes. Le problème étant que les très vieux avions ne peuvent pas s’adapter. Mais on peut espérer avoir avant 2050 une flotte totalement décarbonée. 

Pourquoi est-il plus important de soutenir plutôt que d’agir par la contrainte selon vous ? 

La contrainte n’est pas vertueuse. Si on met des taxes aux compagnies aériennes qui n’utilisent pas suffisamment de e-fioul, on alourdit. Si on soutient en mettant en place un carburant moins cher, on va inciter les compagnies aériennes à l’utiliser. C’est donc plus vertueux et cela permettrait de créer des centaines de milliers d’emplois dans le secteur. 

Une fois de plus, l’exemple américain est à suivre. 

Vous suggérez le renouvellement de la flotte des compagnies aériennes par des appareils réduisant la consommation de carburants de 15 à 20%. Comment cela pourrait-il être mis en place ? 

Tout d’abord, il s’agit d’avions qui consomment moins et utilisent des biocarburants. Il faut faire des incitations fiscales. L’intérêt de nos compagnies est d’amortir ces avions. De cette manière, la compagnie paiera moins d’impôts tout en faisant un investissement et en consommant moins. 

Au niveau européen, les pays devraient pouvoir aider leurs compagnies, proposer un suramortissement, sur dix ans par exemple. 

Quelles ont été les conséquences de la Covid dans le domaine de l’aéronautique ? 

La covid a été une véritable catastrophe pour le secteur aérien. Pendant le premier confinement, 90 à 95% des vols ont été annulés et les avions étaient cloués au sol. Un tiers des compagnies aériennes ont déposé le bilan. 

La France a limité la casse sur les licenciements grâce à l’activité partielle de longue durée. L’aviation s’est remise en marche petit à petit. Les vols intérieurs, en Chine comme en Europe représentent dorénavant 79% de ce qu'ils étaient en 2019, contre 30% des vols internationaux seulement. 

Les citoyens sont devenus plus réticents à voyager puisque chaque pays s’est mis à faire ses propres règles d’admission, ses propres règles sanitaires, ce qui n’a pas facilité la tâche et a ajouté à la confusion. De plus, la peur de se retrouver coincé dans le pays a largement contribué à augmenter leurs craintes. Mais tous les secteurs ont été touchés (sous-traitants, aéroports, tourisme, événementiel, etc.) et très peu ont été épargnés. 

Mais on s’en sort. On a toujours besoin d’avions. L’avion fait toujours rêver et les gens ont envie de bouger, de voyager. Je dirais même que l’avion est un outil de compréhension de l’autre, de tolérance, de paix. 

Comment donner envie aux futures générations de s’engager ? 

L’avion de demain sera décarboné, cela donne sens auprès des jeunes, notamment ceux qui travaillent dans l'aéronautique. Il y a également de nouvelles formes d’avions avec l’avion à hydrogène qui surprend et fascine de par la forme de ses ailes. 

La décarbonation passera par d’autres moyens, en prenant en compte de nouvelles données, avec l’intelligence artificielle. De nouveaux métiers vont arriver. On compte sur la PFUE pour mettre en place la filière biocarburants en Europe. 

 

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