George Bidault : la démocratie chrétienne à l’œuvre

Georges Bidault
(© Auteur inconnu)

Parmi toutes les personnalités qui ont pu marquer la vie politique française du 20ème siècle, George Bidault figure au premier plan. Résistant, Compagnon de la Libération, fondateur du MRP, il aura joué plusieurs rôles, et non des moindres. Partons à sa découverte. 

Des convictions mises à l’épreuve de la dure réalité de son temps

Le centre en France a une histoire dense. Depuis la Révolution Française en la personne de Mirabeau, jusqu’à Guizot sous la Monarchie de Juillet, en passant par Aristide Briand au début du 20ème siècle, de nombreux noms ont marqué ce courant de pensée. George Bidault fut l’un d’eux et a été un acteur majeur de la vie politique surtout après la Seconde Guerre mondiale. 

Issu d’un milieu catholique provincial aisé, Georges Bidault a eu une enfance et un début de carrière prometteurs, entrecoupé d’une mobilisation courant 1918, quelques semaines avant l’armistice de novembre. Après des études réussies, il est étudiant à la Sorbonne, finit major à l’agrégation d’histoire et géographie en 1925 et devient par la suite enseignant. Dans les années 20 il devient une figure montante du Parti Démocrate populaire et n’a de cesse de s’attaquer à Charles Maurras et au rôle joué par l’Action Française dans le dévoiement du catholicisme et son prétendu patriotisme. Catholique de tradition et de conviction et, en ce sens, profondément humaniste, il est heurté par l’élection de l’auteur nationaliste d’extrême-droite à l’Académie Française. Conscient des dangers de son époque et profondément attaché à la démocratie libérale, il dénonce les totalitarismes qui se multiplient dans cette Europe des années 30.

Lorsque démarre la Seconde Guerre mondiale, Georges Bidault se réengage dans l’armée en février 1940 et combat sur le front jusqu’à début mai, peu avant la Blitzkrieg déclenchée par les allemands qui va mettre la France à genoux. D’emblée opposé au régime de Vichy et à la défaite, il entre dans la Résistance et écrit pour le journal clandestin « Combat », qu’il dirige par la suite.

Il fait partie des fondateurs du Conseil National de la Résistance. Il y représente la tendance démocrate-chrétienne. Il en devient le président après la tragique arrestation de Jean Moulin. Alors qu’approchent les alliés à Paris, il est celui qui appelle la capitale à se soulever contre les occupants nazis le 24 août 1944 afin de les chasser. Il accueille le général de Gaulle à Paris le lendemain et défilera sur les Champs Élysées le 25 lors de l’immense fête populaire qui célèbre la Libération de Paris. 

L’après-guerre, moment d’intense activité politique

À partir de la fin de la guerre et pendant près d’une décennie, Georges Bidault sera une personnalité importante de la politique française et surtout de sa diplomatie. De Gaulle, Président du premier Gouvernement provisoire de la République française, le nommera Ministre des Affaires étrangères. Il le sera à neuf reprises en tout. Homme de paix et toujours au service de son idéal chrétien-démocrate, il sera la voix de la France à l’international aux conférences de San Francisco et de Londres qui serviront de socle à la future Organisation des Nations Unies. 

C’est après la démission du général de Gaulle que Georges Bidault va prendre toute sa mesure : les élections législatives de 1946 sont un succès pour le Mouvement républicain populaire (MRP), un parti centriste, inspiré de l’idéal chrétien-démocrate de personnalités comme Marc Sangnier et Emmanuel Mounier (théoricien du « personnalisme »). Le MRP se veut une alternative crédible aux partis de gauche et de droite. Pierre-Henri Teitgen, un de ses dirigeants historique, avait cette formule pour qualifier le parti : « ce n’est ni le socialisme malade de l’État, ni le libéralisme malade de l’argent ».

Entre juin et décembre 1946, il préside le Gouvernement provisoire de la République française. C’est l’équivalent d’un chef de l’État, tout en gardant le portefeuille de Ministre des Affaires étrangères. Le MRP est le premier parti de la France d’après-guerre et compose la part essentielle de la coalition dite « tripartite », avec le parti communiste et les socialistes de la SFIO. Le tripartisme français est né des ruines des partis d’avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et a, notamment, évincé le parti radical, un incontournable sous la Troisième République. Ensemble, les partis vont mettre en application le programme du CNR, élaboré en commun. Georges Bidault sera le fer de lance de l’entente entre communistes athées et chrétiens-démocrates attachés à leurs convictions religieuses : au nom de leur passé commun dans la Résistance, il fera la jonction et permettra l’entente qui débouchera sur un gouvernement stable. 

Le deuxième grand moment de sa carrière après-guerre sera entre octobre 1949 et juillet 1950 lorsqu’il sera Président du Conseil de la toute récente Quatrième République à la tête de ce que l’on a appelé la “Troisième Force”. Cette alliance réunit le MRP, les socialistes ainsi que des formations diverses du centre. Elle a pour but de faire barrage aux deux grandes forces politiques du moment : le parti communiste et le RPF du Général de Gaulle retiré à Colombey. Cependant, son rôle en tant que président du Conseil fut limité car les gouvernements de la Quatrième république étaient facilement remplacés et remplaçables. L’action de Georges Bidault fut surtout significative dans les affaires étrangères où il a pu prendre position au nom de la France sur des dossiers primordiaux : fermeté face aux agressions soviétiques sur Berlin et Prague ou encore signataire du traité de Bruxelles qui préfigure le futur traité européen fondateur de Rome. En revenant au Quai d’Orsay en 1953, il déclara qu’il fallait "faire l'Europe sans défaire la France". Partisan de l’Algérie française, il s’opposa à son vieux compagnon des temps anciens, le général de Gaulle, devenu Président de la Cinquième république, s’engagea dans l’OAS et vécut dans la clandestinité jusqu’à l’amnistie prononcée après mai 68. 

Figure majeure du courant chrétien démocrate en France, acteur de la Résistance, toujours attaché à ses idéaux humanistes, Georges Bidault a marqué son époque. Son parti, le MRP est l’ancêtre du Centre Démocrate de Jean Lecanuet et préfigure aussi Force Démocrate de François Bayrou. 

A sa mort, dans le journal La Croix, l’historien Jean-Pierre Rioux fera l’inventaire des sujets sur lesquels Georges Bidault aura été un précurseur : droits de l’homme, transparence de la vie publique, renforcement du parlementarisme, mise en place de la proportionnelle, presse libre et indépendante. Des combats toujours actuels et encore à mener, sans relâche.

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