Lutte contre le terrorisme : vers un FBI européen ?

Mardi 16 juin, Université 133 a auditionné Nathalie Griesbeck, vice-présidente du Mouvement démocrate, députée européenne de 2004 à 2019. De 2017 à 2018, elle a notamment présidé une commission sur le terrorisme. C’est sur ce thème qu’a porté l’audition. Nathalie Griesbeck a également été conseillère municipale de Metz, conseillère générale de la Moselle et maître de conférences en droit public à l’Université de Metz.

En ouverture, Olivia Leboyer (docteur en science politique, Sciences po) a rappelé le caractère global du terrorisme. C’est un phénomène politique, militaire, économique, mais aussi social. La réponse au terrorisme doit être globale également. On ne peut pas réduire le djihadisme à une question économique. Là où le développement économique n’éteint pas la violence, ce que l’on a affaire à autre chose. Le djihadisme, qui n’est bien sûr pas l’islam, peut être vu comme une insurrection mondiale, qui serait une révolution à motivations multiples. Qui est l’ennemi ? posait comme question Jean-Yves Le Drian en 2016. Lutter contre le terrorisme implique de le comprendre intimement. D’où l’importance du tissu des services de renseignements. Mais comment les coordonner entre eux, hiérarchiser un trop-plein d’informations ? Qui est en charge du djihad, de la gestion de ce phénomène historique sur lequel nous avons si peu de prise ? Comment s’adapter à ces nouveaux états de violence ? Aujourd’hui, dans le terrorisme, il y a de la stratégie, de la tactique. Et l’un des objectifs est de conduire les démocraties libérales à renoncer à leurs libertés, à leur code pénal, à ce qu’elles sont. Comment opposer au djihad une parole de raison ?

Sarah Durelle-Marc (maître de conférences en droit et science politique, Université catholique de Lille, rapporteur de l’atelier Europe et relations internationales) et Blandine Chelini-Pont (Professeur en Histoire contemporaine à l’Université d’Aix-Marseille) ont interrogé Nathalie Griesbeck sur son expérience au Parlement européen. Phénomène polymorphe et complexe, le terrorisme exige une réponse globale. Après le tournant de 2014, l’UE a décidé de prendre une vitesse supérieure, vers la constitution d’un espace européen de sécurité, le plus opérationnel et audacieux possible. La sécurité est l’un des fondements de la démocratie européenne. Il s’agit de lutter contre le terrorisme et contre les nouvelles menaces, dont la grande criminalité. On voit très clairement l’usage de la grande criminalité pour financer le terrorisme. Nathalie Griesbeck s’est battue au Parlement européen, aux côtés de Guy Verhofstadt, pour qu’il y ait une Commission ad hoc. Comme juriste, Nathalie Griesbeck estime cet équilibre indispensable.

La commission sur le terrorisme a eu 2 ans pour déterminer les failles de l’organisation pratique et les législations européennes et le travail en partenariat entre Etats-membres et avec les partenaires internationaux.

Cette lutte contre le terrorisme ne baisse pas la garde. Ainsi de ce réseau Aqmi décapité au Mali. Le travail sur la déradicalisation, sur la coopération, sur les échanges d’informations, sur la problématique des frontières extérieures, sur le financement du terrorisme, sur la protection des infrastructures critiques, est indispensable. L’accompagnement des victimes du terrorisme peut se faire de différentes façons, avec en toile de fond le respect des droits fondamentaux. Face au terrorisme, la réponse doit être globale, polymorphe et endogène. Depuis les années 1980, des jalons avaient déjà été posés, avec, au tout début, des coopérations policières, puis, plusieurs étapes, de Maastricht (1992) à Lisbonne (2007). Enfin, un dernier outil décisif a été créé : le Parquet européen.

Sarah Durelle-Marc demande à Nathalie Griesbeck si les agences ne constituent pas, d’une certaine façon, l’avenir de l’Union européenne ? Il y a des freins très importants dans l’UE à cette multiplication des agences, répond cette dernière. La fragmentation, la dispersion, inquiètent pas mal de parlementaires. L’idée d’une Europe par les agences n’est pas dans l’air du temps. Mais Nathalie Griesbeck rejoint en partie cette intuition : peut-être faudrait-il moins d’agences, mais plus solides. Europol, par exemple, aurait besoin de plus de financement.

Où en est aujourd’hui la Commission ? Pour l’instant, elle n’a pas produit un seul des textes depuis notre demande, reconnaît Nathalie Griesbeck. Il faut des moyens budgétaires et des moyens humains plus importants. La lutte contre le terrorisme s’appuie sur le trépied :

  • Police
  • Justice
  • Renseignement

L’interopérabilité est nécessaire. Il y a presque trop de renseignements : il faut parvenir à les hiérarchiser. On a perdu le renseignement à bas bruit, dans les quartiers, le renseignement de terrain. Nathalie Griesbeck a obtenu que l’on refuse la demande d’asile à des individus avec un casier ou avec des caractéristiques de prédicateurs de haine. Dans la collecte des données, il est essentiel que les Etats ne donnent pas facultativement mais obligatoirement leurs informations.

Aller vers une sorte de FBI européen serait une réelle avancée. Il faut coordonner les moyens humains, budgétaires, techniquesBlandine Chelini-Pont remarque que l’interopérabilité est au cœur du processus. Ce qui ressemble bien au fonctionnement même de l’UE. Comment apprécier le fonctionnement de Frontex ? Si Frontex était une agence véritablement européenne, ce serait plus clair. Il y a encore trop de dispositifs intergouvernementaux. Même s’il dispose de moyens, Frontex n’est pas encore complètement européanisé. Il faudrait plus d’Europe, tout simplement.

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