L'Europe dans le monde en crise

Université 133 a tenu, le 1er juillet 2020, un atelier sur l’Europe dans le monde en crise. L’équipe d’universitaires a auditionné les députés européens Laurence Farreng (commission de la culture et de l’éducation), Christophe Grudler (commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie), ainsi que le député des Français établis hors de France Frédéric Petit (commission des affaires étrangères).

L’historien Christophe Bellon (Université Catholique de Lille) a noué une concordance des temps, s’intéressant à 3 grands moments où les centristes se sont positionnés dans les relations internationales. Dans les années 1920, les centristes, et notamment le radical modéré Aristide Briand, jouent un rôle crucial dans la construction de l’Europe de la paix.  Après la seconde guerre mondiale, c’est le renforcement de l’unité européenne, avec Robert Schuman. Enfin, le temps de l’intégration et de la politique de sectorisation, avec l’amitié entre Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, et le gouvernement de Raymond Barre. Christophe Bellon pose la fameuse question de Henry Kissinger : « L’Europe, c’est quel numéro de téléphone ? ».

Olivia Leboyer (politologue, Sciences po) souligne la nécessité pour l’Union européenne de s’unir et de s’affirmer dans la crise qui s’ouvre. L’Europe se trouve prise en étau entre deux grandes puissances, les Etats-Unis et la Chine, qui ne jouent pas le même jeu dans les échanges internationaux. Ainsi de la Chine, qui a systématiquement évincé Taïwan des traités internationaux, et qui se situe au centre du jeu de go. Comment l’Union européenne peut-elle parvenir à retrouver une autonomie dans des secteurs clés, où elle est encore trop dépendante de puissances comme la Chine ou l’Inde ? 

Sarah Durelle-Marc (maître de conférences en droit et science politique, Université catholique de Lille) a mené les auditions. Elle souligne le caractère multiforme de la crise et la nécessité d’établir une stratégie pour l’Europe : la députée européenne Laurence Farreng nous a expliqué les vertus du soft power, source de séduction et d’attractivité. Sur l’éducation, la culture, les médias, il est nécessaire de se renforcer. La culture européenne, dans sa diversité, constitue un atout indéniable. Qu’est-ce que l’identité européenne ? La structuration des médias européens représente un véritable enjeu. L’instrument médiatique a un impact fort en termes de soft power.

Le député européen Christophe Grudler revient sur l’importance d’une stratégie industrielle européenne. Soit on s’adapte, soit on meurt. Il s’agit d’établir une compétition économique équitable. La mise en place du principe de réciprocité serait indispensable. Christophe Grudler nous présente les 14 écosystèmes de la relance, qui doit notamment être verte, numérique, innovante, stratégique, inclusive. Il faut, avant tout, parvenir à conquérir notre autonomie. Christophe Grudler précise qu’il entend « industrie » dans le sens anglo-saxon.

Le député des Fées (Français établis hors de France) Frédéric Petit est un élu transversal, également rapporteur de la diplomatie d’influence. Plutôt que de multilatéralisme, il estime plus juste d’utiliser le terme « monde multipolaire ». Nous travaillons au multilatéralisme, mais nous en sommes encore très loin.

Frédéric Petit voit l’Europe comme un outil de médiatisation, de réconciliation. Et les Balkans représentent l’avenir de l’Europe. L’Europe ne fera pas l’économie d’une réflexion sur les frontières.

Frédéric Petit compare les différences de société entre l’Europe et les Etats-Unis à la différence entre le pot-au-feu et le hachis parmentier. La grande question est bien celle de la constitution d’un espace public européen. Et cela doit venir du bas, des énergies citoyennes.

La discussion s’engage avec notre équipe d’universitaires : Pierre-André Hervé (doctorant en relations internationales, directeur du Cercle Agénor), l’avocat Chang Hua-Peng et le chercheur Koîchi Courant, du Cercle Agénor, l’historienne Blandine Chelini-Pont (Université d’Aix-Marseille), le trésorier Jean-Jacques Jégou, la secrétaire générale adjointe Alice le MoalLes questions portent sur l’absence de stratégie européenne en Afrique. Jean-Jacques Jégou, Pierre-André Hervé et Sarah Durelle-Marc développent cette réflexion. Si l’Europe mène depuis longtemps des actions ponctuelles, établir une stratégie de long terme, pour faire de l’Afrique un partenaire, serait indispensable. Christophe Grudler dit avoir bon espoir, même si trop peu a été réalisé encore depuis les accords de Cotonou. Au niveau spatial, les choses commencent à se nouer. Laurence Farreng nous rappelle que le premier déplacement d’Ursula von der Leyen était en Afrique, ce qui est un symbole fort. Sur le soft power, un grand travail est réalisé pour favoriser l’égalité hommes-femmes. Pierre-André Hervé pose la question des valeurs de l’Union européenne : établir une politique étrangère commune implique en effet que l’on suive les valeurs essentielles. Pour nous, centristes, c’est le respect de la dignité de la personne humaine.

Koîchi Courant fait remarquer que nos compétiteurs ont redoublé d’efforts. L’Europe fait trop souvent montre de naïveté face à ses adversaires. Il faudrait développer des moyens de réponse structurels. Chang Hua Peng souligne que la place de l’Europe dans la mondialisation n’a rien d’évident. Assiste-t-on à un début de guerre froide entre les deux blocs ? Comment l’Europe doit-elle ou peut-elle se positionner, nouer des alliances ? Ya-t-il une place à saisir pour l’Union européenne dans un concert de plus en plus tendu ?Pour Christophe Grudler, l’Europe a un vrai rôle d’intermédiation à jouer. De plus, elle apporte du droit au monde. L’UE pourrait tenir un rôle de leader environnemental. Il faut que l’Union européenne cesse d’être naïve et développe une souveraineté de bon sens.

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