Etre citoyen à l'épreuve des crises

Jeudi 2 juillet, Université 133 a traité le thème « Etre citoyen à l’épreuve des crises », avec les auditions d’Isabelle Florennes (députée des Hauts-de-Seine, commission des lois), de Brahim Hammouche (député de la Moselle, commission des affaires sociales), Anne Terlez (première adjointe au maire de Louviers, vice-présidente de l’agglomération Seine-Eure) et Sophie Mette (députée de la Gironde, commission des affaires culturelles et de l’éducation).

L’historien Christophe Bellon a dressé la généalogie des initiatives des centristes en temps de crise pour renforcer le sentiment de citoyenneté. Des moments forts comme la loi de 1901, qui a permis le développement de l’activité associative, la grande loi libérale de 1905 sur la laïcité, la loi de 1984 pour l’élection du maire sont notamment évoqués. Les figures de Waldeck-Rousseau, de Louis Barthou, ainsi que le beau rapport parlementaire de Paul Coste-Floret sur les lois constitutionnelles, forment un récit historique où les valeurs centristes s’illustrent : la démocratie, la citoyenneté, la laïcité. Christophe Bellon nous rappelle les règles d’or que Jacques Barrot avait établies pour les élus : bien connaître la société, rester modeste, ne pas céder aux sirènes médiatiques, dire la vérité, faire preuve d’honnêteté intellectuelle.

Olivia Leboyer (politologue, Sciences po) a rappelé les 2 sortes de liberté, celles des Anciens et des Modernes, que Benjamin Constant nous exhorte à distinguer mais surtout à combiner. Il ne faut pas perdre espoir dans les vertus civiques, dans le désir de participation politique. Et l’éducation à la citoyenneté est essentielle. La phrase d’Alain : « Le devoir, c’est de régner sur soi » souligne qu’on est toujours citoyen avec les autres, mais seulement si l’on est libre, capable d’esprit critique et de vigilance.

Charles Mercier (historien, Université de Bordeaux) mène les auditions, invitant nos élus auditionnés à nous faire part de leurs expériences du temps de confinement : certaines bonnes pratiques peuvent-elles être pérennisées en temps normal ? Charles Mercier interroge aussi les élus sur l’évolution de la citoyenneté vers de nouvelles formes de citoyenneté numérique.

La députée Isabelle Florennes revient pour nous sur cette expérience nouvelle du rapport à distance avec les citoyens. Elle note que le contact n’a pas été si compliqué à établir, les citoyens ayant fait preuve de réactivité et de mobilisation. La solidarité, l’implication dans les hôpitaux, comme l’hôpital Foch à Suresnes (où Isabelle Florennes est élue locale) ont montré une volonté de se rendre utile pour les autres. Isabelle Florennes, porte-parole du groupe MoDem, connaît bien les médias. Aussi estime-t-elle que les citoyens doivent développer leur esprit critique à l’égard de l’instantanéité des médias.

Le député Brahim Hammouche a participé à tous nos ateliers Université 133. Sur la citoyenneté, il nous expose avec clarté et finesse la nécessité de restaurer une citoyenneté au quotidien, fondée sur la règle des 3 C : Conscience, Coopération, Contrôle. Le citoyen est une construction historique. L’engagement est indispensable pour traverser les crises. Et nous ne sommes jamais citoyen tout seul. C’est par le lien avec les autres que la citoyenneté se construit. En s’inspirant du passé, mais sans en être prisonnier. Le contrôle démocratique suppose une saine défiance, du côté de la vigilance démocratique et de l’évaluation. Il insiste sur ce point : l’abstentionnisme ne relève pas seulement de la passivité mais de la désobéissance civile.

Anne Terlez, adjointe au maire de Louviers et vice-présidente de l’agglomération Seine-Eure, nous fait part des expériences mises en œuvre sur son territoire. Plusieurs innovations démocratiques lui ont paru, à l’épreuve des faits, plus sujettes à caution qu’en théorie. Ainsi du tirage au sort, très délicat à appliquer. Dans certains quartiers, il y a un manque de représentativité, tous n’ayant pas la citoyenneté française. Parfois, il s’avère difficile de donner envie de participer aux personnes qui ont été tirées au sort, et qui ne montrent pas d’intérêt pour la chose publique. Anne Terlez nous parle de son expérience des conseils de quartier, des conseils de développement durable, de la vie associative. Elle nous recommande l’ouvrage Rendre le pouvoir aux citoyens d’Hélène Hatzfeld (2018). Et elle souligne ce fait essentiel : elle a été biberonnée à l’éducation populaire. Son engagement, son goût pour l’intérêt général, elle l’a également développé dans le cadre des associations et du scoutisme.

La députée Sophie Mette remarque que la période du confinement a, paradoxalement, été l’occasion pour de nombreuses personnes de se replonger dans l’imaginaire, par les livres, les films. Les cinémas de quartier, notamment, ont inventé de belles propositions durant ce dur moment. La culture est constitutive de notre identité. Sophie Mette souligne le rôle essentiel de l’éducation à la citoyenneté, de la pédagogie. Dans la désaffection des citoyens à l’égard du politique, nous avons tous nos responsabilités. Sophie Mette rappelle que, au Mouvement démocrate, les associations constituent une valeur forte, précieuse.

La discussion s’est ensuite engagée avec notre équipe d’universitaires, sous l’égide de Charles Mercier :Blandine Chelini-Pont (historienne, Université d’Aix-Marseille), Agnès Louis (politologue, Université du Littoral-Côte d’Opale), Xavier Denys de Bonnaventure (juriste et enseigne de vaisseau de réserve), Michel Bourdeau (philosophe des sciences, CNRS). Jean-Jacques Jégou, trésorier du Mouvement démocrate, ancien sénateur et maire, est intervenu sur plusieurs thèmes.

Les questions ont porté sur des points d’importance : les liens partenariat à établir ou renforcer entre les élus et l’éducation nationale pour former la jeunesse à l’éducation civique ; le contenu des programmes d’éducation à la citoyenneté dans notre société libérale ; les diverses manières de lutter contre la pente de l’individualisme ; l’idée d’instaurer un service civil obligatoire, voire de réinstaurer le service militaire ; la nécessité de former les citoyens, jeunes mais aussi les personnes âgées, à ce nouvel âge du numérique, qui bouleverse nos rapports à l’espace et au temps, souvent pour le meilleur ; la possibilité de mettre en place le vote numérique.

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