Covid-19 et économie : Jean-Noël Barrot répondait en direct à vos questions 

Nous entrons dans des temps bouleversés et incertains. Notre Secrétaire général, Jean-Noël Barrot, député des Yvelines, est également économiste et chercheur. Jeudi 9 avril, par vidéo, il a dialogué avec nos concitoyens.

Avant de prendre les nombreuses questions des internautes, Jean-Noël Barrot a tenu à remercier l’ensemble de nos soignants, à l’hôpital, en médecine de ville, en médecine libérale. La situation sanitaire demeure très tendue, avec plus de 7 000 personnes en réanimation, dont 2 500 en Ile-de-France. 200 patients d’Ile-de-France ont été accueillis dans d’autres régions. Jean-Noël Barrot a souligné le drame humain qui se joue aujourd’hui dans les Ehpads. Un plan sur la grande dépendance était envisagé : il va évidemment falloir y porter toute notre attention.

Les initiatives de solidarités sont précieuses dans cette dure période : le collectif de couturières over-the-blouses.com, à Versailles, coud ainsi pour notre personnel soignant. Les makers de Vélizy fabriquent des visières, masques de protection, à partir d’imprimantes 3D. De grands groupes ont fourni du matériel, du gel pour LVMH, des tabliers pour Intermarchés. A Dreux, l’entreprise Sacred apprivisionne en caoutchouc, nécessaire à la fabrication des élastiques.

C’est la solidarité qui doit nous porter dans ces temps difficiles. Sur le plan économique, la France est entrée en récession. La Banque de France a annoncé une baisse de 6% de la richesse nationale. Après deux trimestres de décroissance, la récession est donc là, et va s’amplifier. Il n’y a pas d’équivalent historique à cette situation. Le plan de soutien aux entreprises, aux associations, à hauteur de 100 milliards d’euros (5% de notre PIB) est sans précédent également. 7 millions d’euros ont déjà été distribués. Pour les entreprises ayant un déficit de plus de 50% en mars et avril, 2 000 euros d’aide supplémentaires peuvent être alloués, et cette aide est en train d’être réévaluée, pour monter jusqu’à 5 000 euros. 1 personne sur 3 se trouve en chômage partiel. Des problèmes d’accès à ces aides se font entendre parfois : les équipes administratives sont là pour vous aider. Les défaillances d’entreprises risqueraient d’avoir des effets de contamination en chaîne. Il faut, le plus possible, éviter qu’elles se produisent.

Pour les entreprises à l’arrêt, le redémarrage peut se révéler compliqué. Mais un arrêt prolongé de l’économie aurait également des conséquences sanitaires. Peu à peu, certains secteurs vont devoir reprendre. Aussi ce redémarrage sera-t-il accompagné, filière par filière, par des guides rédigés par le Ministère du Travail et les fédérations professionnelles. C’est déjà le cas dans le secteur BTP (le bâtiment et les travaux publics) pour la reprise des chantiers dans de bonnes conditions sanitaires. Il faudra que la puissance publique intervienne pour soutenir les secteurs qui ont un effet d’entraînement sur les autres, comme le plastique ou l’ingénierie. Il faut des investissements publics importants pour les secteurs essentiels, dont dépend notre souveraineté. Le secteur de la santé, notamment, encore trop dépendant des importations, de l’UE et de plus loin. Nous avons réussi à créer une souveraineté dans le domaine agricole, il faut faire de même pour la santé.

Nos entreprises de Recherche et Développement vont avoir besoin de créer un effet d’entraînement. Comme le ministre Bruno Le Maire l’a annoncé, des filières d’avenir dans le cadre du pacte productif peuvent exercer cet effet.

La question de la souveraineté numérique se pose de manière claire : nous avions déjà, avant la crise, des interrogations sur la 5G, sur le cloud, pour la sécurité et le secret de nos données. Il faut une réflexion sur ce problème.

La transition écologique doit évidemment faire partie des priorités du plan de relance à venir.

La dette que nous accumulons, très largement communautarisée, sera supportée par les citoyens européens. La dette de la France dépassera les 110% du PIB : elle sera soit absorbée par l’inflation, soit supportée par les générations à venir.

Jean-Noël Barrot s’est dit frappé par la rapidité et la qualité du dialogue entre nos industriels, qui se sont épaulés les uns les autres. C’est au niveau européen que cette solidarité doit se construire. Comme l’a rappelé avec force Jacques Delors : "si l’Europe n’est pas à la hauteur dans un moment de crise comme celui-ci, elle ne survivra pas. Créer de l’entraide, du lien, c’est à cela que sert le projet européen".

Va-t-on vers un nouvel aménagement du territoire ? Sans doute. Il faut attendre pour percevoir les conséquences, mais la crise pourrait en effet rééquilibrer certains territoires, notamment les villes moyennes. Dans des zones moins denses, la crise se fait un peu moins sentir. La question de l’agglomération urbaine se pose de nouveau.

Au niveau européen, la coopération est nécessaire. Elle l’est également au niveau régional. Jean-Noël Barrot remercie le préfet des Yvelines pour son rôle de coordinateur.

Le marché de l’emploi est tendu. Certains secteurs vont avoir besoin de recruter, d’autres vont se trouver plus à la peine. Il va falloir faire preuve de flexibilité. Le dialogue avec les syndicats, les partenaires sociaux, avec tous les corps intermédiaires va se révéler indispensable. Comment réorienter les travailleurs compétents ? Dans le plan d’investissement des compétences, le volet sur la sécurisation des parcours professionnels importe, notamment pour les personnels soignants ; également pour les formations courtes, pour les secteurs en tension.

A un moment donné, la question de l’impôt se posera : il faudra se demander qui a le plus porté le fardeau de cette crise et ajuster notre fiscalité en fonction.

Pour les entreprises, un plan de garantie d’emprunt est mis en place. Les Crédits de trésorerie sont garantis à hauteur de 90%. Le cas échéant, la banque est alors remboursée par l’Etat, et cela se fait à prix coûtant pour les banques. L’Allemagne, quant à elle, a ouvert des garanties aux entreprises à hauteur de 100%. En France, c’est 90%, mais les taux sont très faibles. En Allemagne, il y a 3% de frais sur ces prêts. Jean-Noël Barrot estime intéressant qu’on soit presque à 100%, mais qu’on laisse une petite partie à la charge des banques pour les responsabiliser un peu.

Sur l’inflation, sur les effets sur les prix, Jean-Noël Barrot indique qu’il vient de réaliser, avec ses amis chercheurs, une étude par secteurs. Une très forte baisse des cours du pétrole va pousser à la baisse l’inflation. Des augmentations de prix et de salaires vont apparaître dans certains secteurs. Si certains produits viennent à manquer, il faudra réfléchir à la manière dont on alloue les ressources rares. Au 14e siècle, rappelle Jean-Noël Barrot, après la peste noire, une flambée des prix et des salaires s’est produite, qui a conduit à un certain rééquilibrage entre les agriculteurs et les seigneurs. Cette crise pourrait entraîner des rééquilibrages.

Dans nos modes de vie, dans nos façons de consommer, des changements vont se produire. Le télétravail est réhabilité. C’est un très bon point, lorsque cela rééquilibre la vie familiale. On est en train d’apprendre les effets du télétravail : sur les relations humaines, il peut y avoir des effets positifs, mais aussi négatifs. Les citoyens peuvent apprendre à mieux consommer, avec des dispositifs comme la vente directe à la ferme, par exemple.

Pourra-t-on échapper à une crise économique mondiale ? Non, il faut s’y préparer. Aux Etats-Unis, Jean-Noël Barrot pense que l’économie va être durement touchée, mais la Banque fédérale américaine a mis les bouchées doubles. Jean-Noël Barrot s’inquiète surtout pour la crise sanitaire américaine. En comparaison, notre système de santé démontre ses vertus.

Nous sommes encore au début de la crise, les analyses se poursuivront au fur et à mesure. Jean-Noël Barrot remercie encore toutes les initiatives solidaires et signale que le groupe MoDem à l’Assemblée a lancé une collecte pour financer la Croix Rouge. Pour ceux qui désirent aider dans les Ehpads, on peut s’inscrire sur la réserve civique.

Cette crise nous oblige à la solidarité. Tout n’est pas à revoir dans notre modèle. Mais la crise nous oblige à repenser la place de l’homme. L’humain doit être considéré, avant tout : c’est seulement ainsi que l’on restaurera la confiance.

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