Quels dispositifs pour les SDF en situation de crise sanitaire ?

Nathalie Elimas

Nathalie Elimas, députée du Val-d'Oise, membre de la commission des affaires sociales, est intervenue à l'Assemblée nationale sur la question des sans domicile fixe durant la crise du Covid-19, jeudi 19 mars 2020. Elle revient pour le Mouvement Démocrate sur ces questions sanitaires et sociales. 

Mouvement Démocrate - Quels dispositifs mettre en place pour les personnes fragiles et en particulier les SDF?

Nathalie Elimas - L’épidémie à laquelle notre pays est confronté a conduit le Gouvernement à prendre des mesures de confinement de la population, avec un mot d’ordre : "restez chez-vous, sauvez des vies". Toutefois, ces mesures ne peuvent, par définition, pas s’appliquer aux personnes vivant sans domicile fixe : 250 000 personnes seraient concernées, dont 3 500 à Paris.

Afin d’éviter des remises à la rue, le gouvernement a d’ores et déjà repoussé de deux mois la trêve hivernale. Les 14 000 places exceptionnelles ouvertes cet hiver seront donc maintenues jusqu’au 31 mai : il n’y aura pas d’expulsions locatives jusqu’à cette date.

Pour mettre à l’abri celles et ceux qui vivent encore dehors, des chambres d’hôtels seront libérées : à Paris, 170 places seront ouvertes avant la fin de la semaine, et cela continuera jour après jour.

Pour protéger les sans-abri qui auraient malheureusement été infectés par le Covid-19, mais qui n’auraient pas besoin d’aller à l’hôpital car leurs symptômes ne seraient pas graves, des centres dédiés ont été ouverts, qui offriront avant la fin de la semaine 150 places à Paris et dans ses environs, 80 sites ayant par ailleurs été identifiés à cette fin partout sur le territoire national. Une enveloppe de 50 millions d’euros est déjà mise à disposition et, s’il le faut, nous irons plus loin.

Le système d’accueil actuel est-il suffisamment robuste pour assurer la prise en charge des SDF? Comment le renforcer? 

L’accueil des SDF dans des conditions humaines et digne est un véritable défi depuis des années. En cette période de crise, les enjeux sont exacerbés. Face à la baisse de personnel disponible, des accueils de jour sont actuellement contraints de fermer, alors même que les centres d’hébergement sont déjà saturés. Si certaines initiatives de collectivités locales sont utiles (par exemple la mise à disposition de gymnases) elles sont insuffisamment efficaces et humaines. 

Il est également extrêmement difficile de maintenir les activités de première ligne, telles que les distributions alimentaires ou encore les maraudes. Face à cette situation, il est essentiel de soutenir au maximum les bénévoles, qui accomplissent au quotidien un travail formidable. Cela passe, avant tout, par la protection de leur santé, en mettant à leur disposition du matériel de protection. Il serait également pertinent que les bénévoles et les personnels des associations puissent bénéficier de système de garde d’enfants, comme cela est par exemple prévu pour les soignants. Une plateforme dédiée sera également créée, pour recenser les volontaires souhaitant remplacer les bénévoles confinés.

Pourquoi est-ce une situation d’urgence qu’il ne faut surtout pas négliger, au delà de la solidarité que nous devons aux plus fragiles ?

Il est de notre devoir de protéger tous nos concitoyens, et en particulier les plus vulnérables. Or, les SDF vivent dans une grande précarité, qui compromet l’application des gestes barrières, notamment des mesures d’hygiène : l'accès à l'eau courante est restreint, certaines toilettes publiques sont désormais fermées... Cela contribue à amplifier le risque de contamination du Covid-19, qui est déjà particulièrement élevé. Une prise en charge adaptée permettra donc de les protéger et ainsi de freiner la propagation du virus. L’enjeu, ici, est double : la solidarité nationale, et la santé publique.

Enfin, je veux vous faire part de mon indignation : il remonte des associations que plusieurs sans-domicile fixe ont été verbalisés par les forces de l'ordre car ils n'étaient ni en possession de l'attestation de déplacement dérogatoire, ni dans le respect du confinement imposé! C'est une aberration. J'en appelle au bon sens et à l'humanité de chacun d'entre nous. La seule urgence c'est de les sortir de la rue et de les protéger. 
 

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