Convention citoyenne pour le climat : "toutes les mesures retenues sont intéressantes mais soyons vigilants sur un point : la crise économique pourrait mettre à mal les investissements pour la planète"

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(© DR)

Alors que la Convention citoyenne pour le climat remet la conclusion de ces travaux, nous posons quelques questions à Yann Wehrling, Ambassadeur délégué à l’environnement, ancien Secrétaire général du Mouvement Démocrate et David Guillerm, Président du Mouvement Démocrate du Finistère, tous deux fondateurs des "Démocrates pour la Planète".

La Convention citoyenne pour le climat, constituée en octobre 2019, regroupe 150 citoyens tirés au sort et constitués en assemblée de citoyens, appelés à formuler des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique. Elle remet ses propositions à l’issue d’un dernier weekend de travail.

Mouvement Démocrate - Que pensez-vous des propositions formulées par la Convention citoyenne pour le climat et quelles sont celles que vous retenez comme à mettre rapidement en œuvre ?

Yann Wehrling et David Guillerm - Peut-être une remarque de forme avant d’aller sur le fond. La Convention Citoyenne est un exercice nouveau. À voir les résultats, on devine le rôle important qu’ont joué les experts qui ont appuyé les citoyens. Les mesures sont autant les leurs que celles des 150 personnes tirées au sort. Sans rien enlever au contenu, il faut avouer que ce sont des idées qui existent depuis longtemps et on imagine que les experts ont du les exposer, voire inconsciemment ou consciemment, les défendre.

C’est d’ailleurs pourquoi, sur le fond, on peut dire qu’on a là un condensé de tout ce qui a été avancé depuis des années sur les mesures à prendre pour le climat. Comme une sorte de résumé de ce qu’il faudrait faire pour être le plus ambitieux possible. Une énorme lacune toutefois : la taxe carbone. Nous attendions une formulation nouvelle, avec peut-être deux améliorations : une sur la compensation sociale pour les ménages les plus faibles, et une autre sur l’affectation des recettes à la transition écologique. Il est très étonnant que les citoyens aient fait l’impasse sur cette question qui fut pourtant à l’origine de la création de la convention.

Quelles sont les mesures fortes que vous attendez au nom des "Démocrates pour la planète"?

Sur les 150 mesures, nous sommes évidemment satisfaits de voir un chapitre complet consacré à la biodiversité. L’intitulé même de la convention citoyenne pour le "climat" laissait augurer, une fois encore, l’oubli de cette question essentielle de la nature. Même si elle demeure grandement évoquée sous l’angle de ce qu’elle apporte à la lutte contre le changement climatique, beaucoup de ce qu’on espérait s’y retrouve heureusement.

La question de l’artificialisation des sols est également posée et c’est une bonne nouvelle car il y a urgence à légiférer sur le sujet. Chaque année, on bétonne l'équivalent de 6 fois la surface de Paris en France alors que des friches industrielles et des bâtiments insalubres existent partout.

Pour répondre au défi climatique, la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre liées aux importations avec une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne est essentielle. La Commission européenne l’envisage d’ailleurs. Sur le plan fiscal et budgétaire, sans doute faudra-t-il encore aller plus loin dans le soutien à l’investissement vers des projets qui s’inscrivent dans une logique de sortie d’un modèle basé sur le carbone.

Dans l’ensemble, toutes les mesures retenues sont intéressantes mais soyons vigilants sur un point : la réalité du moment, en France, en Europe et dans le monde, va se heurter à la question des budgets et celle d’une crise économique grave qui pourrait mettre à mal les investissements pour la planète.

Le verdissement des plans de relance fait d’ores et déjà l’objet d’âpres batailles.

L'acte III du quinquennat sera-t-il écologique ?

Le Président de la République exprime régulièrement, et depuis le début de son quinquennat, une préoccupation constante sur cette question de l’écologie. Rien ne l’y pousse en réalité. Sa majorité ne s’est pas construite sur cet axe et il n’a pas de composante écologiste (organisée du moins) dans sa majorité. C’est donc une conviction personnelle et c’est une grande nouveauté. Seul Jacques Chirac avant lui avait montré de l’intérêt pour l’écologie (charte de l’environnement, discours de Johannesburg "notre maison brûle"). Nicolas Sarkozy, pour être honnête, avait également lancé le Grenelle de l’environnement, portée fortement alors par Alain Juppé puis Jean-Louis Borloo et dont les résultats sont parmi les meilleures avancées des dernières années en matière d’écologie en France.

Dans son allocution du 14 juin, Emmanuel Macron a fait de l’écologie le premier chantier de la nouvelle séquence politique qu’il veut ouvrir. Donc, oui, nous pouvons espérer des mesures fortes dans les deux années qui viennent, tant pour le climat que pour la biodiversité.

Cette convention citoyenne avait été mise en place au lendemain de la crise des gilets jaunes. Pensez-vous qu’il faille multiplier ces recours aux modes de démocratie directe ?

Cet exercice mérite d’être dorénavant consolidé, il va dans le sens de l’histoire. Mais nous devons le faire en pleine lucidité de ce qu’on en attend, à savoir un éclairage, au même titre que celui des experts qui ont été associés, une aide à la réflexion pour les corps intermédiaires réunis dans le CESE, et in fine une aide à la décision pour le Parlement et le gouvernement.

Découvrir les propositions de la convention citoyenne pour le climat 

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