📺 Revoir l'entretien de François Bayrou, invité d'Elise Lucet dans "Envoyé spécial"

François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, était l'invité d'Elise Lucet, ce jeudi 23 avril dans l'émission "Envoyé spécial", diffusée sur France 2.

Retrouvez ci-dessous la retranscription de l'entretien :

Bonsoir François Bayrou et merci d'être avec nous en duplex.

Bonsoir.

On va parler de ce premier tour des élections municipales, mais aussi de la réouverture progressive des écoles à partir du 11 mai.

Sur ce premier tour des élections municipales, vous avez toujours pensé qu'il fallait l'annuler et vous l'avez dit avec beaucoup d'insistance à Emmanuel Macron dans les jours qui ont précédé le scrutin.

Quelle est votre réaction à notre enquête ?

Votre reportage a raconté de manière à peu près exacte, avec la dramatisation qui va avec ce type de présentation, mais c'est tout à fait juste et le journaliste du Journal du Dimanche l'a dit aussi donc ce que votre reportage a dit est exact.

Je le confirme, c'est-à-dire que le Président de la République très seul à partir du jeudi matin, et jusqu'à une heure avancée dans l'après-midi et presque dans la soirée de jeudi, avait la certitude, la conviction que, étant donné le développement de l'épidémie, il n'y avait qu'une solution, c'était de repousser le premier tour des élections.

Pourquoi dites-vous : « Le Président de la République, très seul » et pourquoi n'a-t-il pas finalement annulé ces élections ?

Je vais vous le dire, parce que le Président de la République avait l'idée qu'une décision aussi lourde que renvoyer le premier tour d'une élection essentielle, comme celle des conseils municipaux, cela ne pouvait se faire qu'avec un accord large quasi unanime des grands courants politiques du pays.

Comme je plaidais avec lui pour que l'on repousse cette élection, il a défendu au contraire la position qu'une décision de cet ordre exigeait un consensus, c'était son mot, des forces démocratiques du pays.

Il se trouve que la plupart de ces forces, et l'opposition en particulier, a non seulement plaidé, mais utilisé les mots les plus importants - je ne fais pas de polémique ici, je vous en dirai un mot après - en parlant même de coup d'État, cela a été mentionné dans votre reportage, avec l'affirmation d'un responsable des plus importants qu'il saisirait l'opinion publique en expliquant que c'était antidémocratique, que l'on faisait un « coup » pour empêcher que la volonté des Français ne s'exprime.

Et le Président de la République m'a dit : « Le consensus nécessaire n'est pas là. »

C'est la première raison et, la deuxième raison, c'est qu'il a posé la question au Comité scientifique et que ce dernier a dit à peu près exactement ce qui a été répété dans le reportage, c'est-à-dire qu'un simple vote ne constituait pas un risque, que si les précautions étaient prises, alors, on pouvait tenir le scrutin.

Pour moi, c'était une mauvaise décision, mais cela a été pris en ce sens et les responsables de l'opposition, je comprends qu'ils s'expriment, en tout cas tous les courants, sont allés sur les plateaux pour dire que, si c'était repoussé, ce serait anormal et choquant.

Il y a un autre sujet qui préoccupe beaucoup les Français en ce moment, c’est la réouverture progressive des écoles. Vous faisiez partie ce matin des élus de terrain que le Président de la République a voulu consulter pour évoquer le déconfinement à partir du 11 mai.

Qu'est-ce vous dites ? Vous dites : « Enfin, enfin, on écoute les élus terrains ? »

Ce que je crois, c'est que la France est en train de changer de modèle.

L'administration, la centralisation française, c'est la carte d'identité de la France que tout remonte au pouvoir central et que les décisions les plus importantes ne sont pas prises sur le terrain, mais retombent depuis le pouvoir central.

C'est le fonctionnement de l'administration, c'est le fonctionnement du monde politique et je pense que c'est une des raisons des difficultés que la France rencontre.

Quand on comparera en face de cette épidémie la situation qui a été créée en Allemagne et la situation française, mais aussi d'autres situations, je pense par exemple à la Grèce, je me dis qu'il y a une réflexion à conduire sur ce sujet et, comme on a un parlement et que le parlement aime les commissions d'enquête, je trouve qu’il serait intéressant que le parlement, toutes tendances confondues, se saisisse de cette différence de résultat obtenu face à une épidémie et qu'il se demande pourquoi. Toutes les décisions, vous évoquez l'ouverture des écoles, je suis absolument persuadé que les bonnes décisions pour l'ouverture des écoles doivent être différentes selon le lieu, le terrain où l'on se trouve.

Campagne ou ville.

Pas seulement. On ne peut pas avoir les mêmes réponses dans des régions qui ont été très fortement touchées par cette épidémie, je pense au Grand-Est, je pense à l'Île-de-France ou à certains départements de l'Île-de-France et dans des régions qui ont été à l'abri. On ne peut pas avoir, vous le disiez, les mêmes réactions exactement entre la grande ville et les grandes écoles de la grande ville et une école de campagne où il y a deux classes.

Quand vous avez deux classes ou une seule classe, vous ne pouvez pas entrer par niveau et ceci ne peut se décider que sur le terrain entre les maires et les directeurs d'école, l'administration bien sûr, mais les directeurs d'école. Ce sont eux qui sont au contact des enfants, au contact des parents d'élèves.

Là, on peut avoir des décisions qui seront adaptées.

C'est ce qui va se passer concrètement ?

C'est ce qui va se passer concrètement. Hier, une jeune femme m'a appelé et m'a dit : « Écoutez, j'ai un enfant qui est en grande section et un enfant qui est en petite section de maternelle or je travaille lundi, comment je vais faire ? »

Je suis persuadé qu'en parlant avec les directeurs d'école, ils diront : « Il se trouve que, peut-être, il y a des enfants qui ne viendront pas le premier jour, on peut, Madame, prendre le plus petit » et, ainsi, on trouve des décisions qui sont des décisions de bon sens de la vie de tous les jours et qui n'ont pas besoin de répondre aux circuits administratifs et centralisés.

Il faut laisser de la liberté aux acteurs de terrain, laisser de la liberté à ceux qui assument les tâches que la République leur demande de faire, laisser de la liberté simplement pour que les décisions soient enracinées au lieu d'être toujours tombées du ciel.

Merci à vous François Bayrou.

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