📻 Réécouter François Bayrou, invité de la matinale de Radio Classique ce jeudi 23 avril

François Bayrou
(© François Bouchon/Le Figaro/2019)

François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Guillaume Durand, ce jeudi 23 avril à 8h15, sur Radio Classique.

📻 Pour réécouter l'interview de François Bayrou :

👉 https://www.radioclassique.fr/radio/emissions/matinale-de-radio-classique/linvite-de-guillaume-durand/#livePlayer

Retrouvez ci-dessous la retranscription de l'entretien :

Bonjour François Bayrou, merci d'être sur l'antenne de Radio Classique.

Vous êtes maire de Pau, faites-vous partie de ceux qui allez rencontrer le Président de la République aujourd'hui ?

Oui, le Président de la République m'a invité par visioconférence car il n'y a, pour ainsi dire, plus dans la sphère publique de réunion en présence des participants et donc, par visioconférence, il a invité un certain nombre de maires de villes différentes en France à parler avec lui de ce qui va se passer après le 11 mai.

Vous allez lui dire quoi ? Quelle est la sensibilité qui est d'abord la vôtre et celle de cette région que vous défendez et que vous aimez tant qui est le Sud-Ouest ?

Ma sensibilité dans la crise actuelle est marquée par le fait que nous sommes relativement à l'abri de l'épidémie avec une part très faible de la population qui est touchée et des malades qui, lorsqu'ils sont atteints, se remettent assez vite. Vous vous souvenez que l'on avait transféré chez nous des malades du Grand-Est et qu'ils ont été pour la plupart guéris très vite et qu'ils sont sortis. Donc nous avons la chance d'être relativement à l'abri comme d'autres régions de l'Ouest français.

Est-ce qu’il y a une explication à cela d'après les médecins et les CHU que vous connaissez, François Bayrou ?

En souriant, je vous dirai - car vous le savez très bien, vous connaissez cette région, Guillaume Durand  - vous vous souvenez que lorsque les Anglais sont venus s'installer à Pau avant de migrer vers Nice faisant de Pau une ville anglaise avant l'heure, ils sont venus car un très grand médecin britannique avait dit : À Pau, toutes les maladies guérissent.

Mais ce n'est pas la raison, c'était une raison souriante.

Non, je pense que la situation est venue du fait que nous étions assez éloignés des foyers qui se sont déclarés par malchance dans le Grand-Est et aussi en Région parisienne.

De ce point de vue, le confinement a réussi à stopper la progression de l'épidémie, ce qui montre bien que c’était, à ce moment-là, la décision à prendre.

Êtes-vous d'accord avec ce qu'il a dit hier, à savoir qu’il va falloir que le déconfinement se fasse en douceur et peut-être, c'est compliqué à dire à ceux qui sont testés négatifs, qu’il va falloir qu'ils restent dans leurs régions d'origine qui sont des régions dangereuses et qu'ils n'aillent pas vers vous par exemple s'ils veulent aller pour les vacances dans les Pyrénées-Orientales ou ailleurs ?

Les Pyrénées chez nous sont Atlantiques, comme vous le savez mieux que personne.

Est-ce que vous croyez à la thèse d'une certaine forme de frontière intérieure qui serait installée ?

Ce que visiblement défendent ceux dans les pouvoirs publics qui réfléchissent à cette thèse, c'est que l'on va ralentir les échanges pour éviter ou ralentir la propagation du virus dont on espère qu'il sera, dans les semaines qui viennent, maîtrisé.

Vous me demandez quelle est la signification des déclarations que le Président de la République a faites hier en Bretagne.

Pour moi c'est extrêmement simple. Le modèle français est en train de changer et le modèle français est en train de changer parce qu'il est obligé de changer, contraint de changer.

Pourquoi ? Parce que le modèle français est un modèle extrêmement centralisé dans lequel on croit qu'une décision prise à Paris va s'appliquer ou doit s'appliquer le petit doigt sur la couture du pantalon dans toutes les régions françaises, dans toutes les villes françaises.

On s'aperçoit qu'évidemment c'est impossible et c'est absurde. Vous ne pouvez pas traiter de la même manière des régions qui sont à l'abri du virus comme les nôtres et des régions qui ont été si profondément atteintes que le Grand-Est ou que l'Île-de-France.

Vous ne pouvez pas traiter de la même manière des communes importantes, des villes importantes où la population se compte par dizaines et centaines de milliers d'habitants et des toutes petites communes où l’on compte par centaine d'habitants.

Je prends un exemple très simple. Vous ne pouvez pas traiter de la même manière, bien que ce n'ait pas été dit aussi explicitement, une école à deux classes dans un petit village et un groupe scolaire très important qui compte des dizaines de classes dans une ville plus importante et selon les quartiers où le confinement est très respecté parce qu'il y a des maisons des jardins et d'autres quartiers ou, au contraire, les immeubles font que les familles sont dans des surfaces très exiguës.

Donc, cette nécessité d'adapter la réflexion et les évolutions de la société aux différences réelles qui, sur le terrain, sont le cadre de la vie des Français, voilà pourquoi le modèle français doit changer, et c'est heureux.

Si vous regardez l'Allemagne et la France dans les résultats en face de l'épidémie, il y a, je le veux bien, une part de chance ou de malchance des uns et des autres, il y a une certitude, c'est que la réponse sanitaire a probablement ou sans aucun doute été du côté allemand.

Meilleur.

Rapide et plus efficace qu'elle ne l'a été chez nous. Cela dit, nous sommes, nous, prêts parce que, j'espère, nous aurons les masques, nous avons fait ce qu'il fallait pour cela et parce que nous avons les tests pour les campagnes de dépistage.

Nous sommes armés pour faire face.

François Bayrou, question directe, tout le monde sait que vous soutenez le Président de la République, mais est-ce que son équipe n'a pas été à la hauteur ou est-ce la bureaucratie française qui, au départ, a failli puisque même la porte-parole du gouvernement, et Dieu sait qu'elle est secouée sur les réseaux sociaux, a dit que des dysfonctionnements avaient eu lieu au début.

Alors, c'est de la faute du président, c'est de la faute du gouvernement ou de la faute de la bureaucratie française, puisque vous avez pris l'exemple de l'Allemagne.

Il faut être franc.

Pour moi c'est très clair, nous avons une organisation politique et administrative qui a perdu depuis des décennies l'habitude de la prévision et de la stratégie. Nous réfléchissons en termes de quelques mois, parfois de quelques jours et parfois de quelques heures dans des réactions extrêmement rapides destinées à répondre au mouvement de l'opinion publique et nous avons perdu la vision du long terme et du moyen terme.

C'est très clair dans cette affaire de masques : à l'époque où l’on craignait la grippe H1N1 qui finalement n'est pas arrivée on avait fait des stocks de masques très importants.

Ces stocks ont été abandonnés. Nous, nous en avons retrouvé des dizaines de milliers, ce qui nous a permis de faire face aux premières urgences : hôpitaux, cliniques privés, médecins de ville, infirmiers, infirmières, nous avons pu les distribuer. Ces masques étaient en stock tout le monde les avait oubliés.

Nous n'avions pas les plans nécessaires pour faire face.

C'est la Direction Générale de la Santé, les différentes ARS, c'est Xavier Bertrand ? C’est Marisol Touraine ?

Non, je ne veux pas faire de polémiques stupides.

À un moment, il y aura une commission d'enquête parlementaire, ce sera inévitable.

Je suggérerais à mes amis parlementaires et à l'ensemble de la représentation nationale que l'on mette en place une commission qui serait très utile non pas destinée à régler les comptes, mais destinée à voir pourquoi, dans certains pays, l'épidémie a été mieux maîtrisée qu'elle ne l'a été chez nous.

Je pense bien sûr à l'Allemagne, tout le monde y pense mais pas seulement, par exemple la Grèce et pourtant ce n'est pas un pays suréquipé en terme sanitaire, mais la propagation de l'épidémie en Grèce est beaucoup moins forte et beaucoup mieux maîtrisée qu'elle ne l'a été chez nous.

Je trouve que la représentation nationale rendrait un service signalé aux pays en allant voir et vérifier de manière non partisane, car il ne s'agit pas de prouver que les uns ont raison contre les autres tout ceci n'est pas adapté, pourquoi d'un côté ou de l'autre d'une frontière on a pu apporter des réponses plus efficaces, mieux adaptées et qui, au fond, ont sauvé beaucoup de vies.

Dernière question François Bayrou en vous remerciant d'être en direct avec nous puisqu'on sait maintenant que vous allez voir le Président de la République tout à l'heure par visioconférence puisque c'est l'obligation du temps, est-ce que vous croyez à ces histoires avec l'expérience de concorde nationale, de gouvernement d'union nationale, d'une sorte de programme commun ? Est-ce que tout cela vous paraît être une vieille lune de la politique française ou une urgence pour que l'on essaie de récupérer les Français, car vous avez vu le sondage du Monde il y a deux jours, leur défiance à l'égard de la politique du gouvernement est de plus en plus marquée.

Cela dépend des sondages.

C’est l’IPOF.

Je regarde, c'est notre responsabilité, les évolutions de l'opinion et la plupart des enquêtes, au fond, disent que les Français savent très bien que cette épidémie, ce n'est pas la faute du gouvernement et que le gouvernement, les pouvoirs publics font ce qu'ils peuvent, et assez bien.

Par exemple, j'ai été frappé de voir que le confinement est respecté dans la société française. Il y a bien sûr ici ou là des exceptions, mais d'un seul coup d'un seul, les rues de nos villes se sont vidées et les gens ont été respectueux des décisions.

Et l'union nationale, la concorde nationale ?

J'ai toujours défendu l'idée que, devant les problèmes qui venaient, il fallait une démarche de rassemblement. Alors, est-ce que cette démarche de rassemblement est une démarche d'union nationale au sens strict du terme avec tous les partis de l'extrême-gauche à l'extrême-droite en passant par le centre qui vont tous se retrouver autour de la table du gouvernement ?

Je n'y crois guère. Je ne crois pas du tout que les appareils politiques soient décidés à faire des cadeaux ou à s'entendre avec le gouvernement, ce n'est pas leur habitude et, parfois, cela donnerait un spectacle assez peu engageant.

En revanche, je crois à l’idée ou à l'inspiration d'unité qui consiste à dépasser les affrontements partisans lorsqu'il s'agit d'une crise aussi grave et lorsque nous avons un pays qui est menacé comme les autres de la plus grave crise économique et sociale que l'on ait connue depuis deux siècles parce que c'était exactement cela la situation.

On a appris hier que l'on avait franchi la barre des 10 millions de chômeurs supplémentaires. On avait 3 millions de chômeurs avant, 10 millions de chômeurs supplémentaires ce qui veut dire que plus de la moitié de la population active du pays est au chômage.

Quand on est devant des crises et des drames de cette ampleur alors, oui, il faut une démarche qui dépasse les réflexes partisans.

Merci beaucoup d'avoir été en direct avec nous depuis Pau dans les Pyrénées Atlantiques.

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