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VIH: "Reconnaissons aux associations leur rôle essentiel de prévention et d'accompagnement!"

François_Bayrou-FB

François Bayrou a défendu une "réorientation profonde de la politique de santé publique vers la prévention" pour approfondir la lutte contre le VIH, dans une interview accordée à l'association SIS.

Association SIS : Une étude de l’Observatoire régional de santé Ile-de-France pointe le recul des connaissances sur la transmission du VIH/sida. 21 % des Franciliens pensent à tort que le sida peut se transmettre par une piqûre de moustique et 13 % qu’il peut se transmettre dans les toilettes publiques. Si vous êtes élu, comment comptez-vous améliorer les connaissances relatives aux modes de transmission du virus du sida ?

François Bayrou : Je crois à l’importance des campagnes d’information en matière de prévention du VIH et il est indispensable que le plus grand nombre soit sensibilisé dès l’adolescence. C’est nécessaire non seulement pour limiter la transmission du VIH mais aussi pour éviter les phénomènes de crainte à l’égard des personnes séropositives. Il faut reconnaître aux associations le rôle essentiel qu’elles jouent en matière d’information, en complément des pouvoirs publics. Ces derniers doivent renforcer leur coopération avec les associations, construire avec elles un système de prévention exhaustif et plus efficace, par des campagnes de sensibilisation de grande ampleur ou plus ciblées. Je considère enfin, de manière plus générale, que nous devons réorienter profondément la politique de santé publique vers la prévention.

La rationalisation des coûts de la santé et la réorganisation des services hospitaliers notamment imposent aux patients une vigilance et un savoir accrus pour pouvoir accéder à une prise en charge efficiente. Si vous êtes élu, comment comptez-vous valoriser le patient comme acteur de sa santé ?

La politique de santé publique doit prendre en compte les risques de précarité. On ne doit pas laisser la maladie aller de pair avec l’exclusion et la pauvreté. Je propose la mise en place d’un "Bouclier santé" destiné à couvrir les personnes qui sortent des minimas sociaux et qui ne sont pas pris en charge par la Couverture Maladie Universelle (CMU), financé par une meilleure gestion de l’argent alloué à l’aide complémentaire santé. Je propose également, dans le même ordre d’idée, d’engager une réflexion sur une mutuelle universelle à l’exemple de ce qui se passe en Alsace et en Moselle.

L'homophobie peut entraîner pour celles et ceux qui en sont victimes, mésestime de soi, prise de risque VIH, tentations suicidaires. Si vous êtes élu, comment lutterez-vous contre ce type de discrimination ?

La meilleure chose à faire pour lutter contre l’homophobie est de donner à tous les mêmes droits. Une égalité reconnue par la société, par la loi, voilà un pas important dans la lutte contre la discrimination. Je me suis donc, par exemple, prononcé en faveur de l’adoption par les couples homosexuels. La lutte contre l’homophobie doit s’intégrer dans un combat contre toutes les sortes de discriminations, qu’elles soient liées au sexe, à l’origine géographique, à la couleur de peau ou à la religion d’un individu. J’ai prévu de créer un ministère de l’Egalité, pour lutter contre toutes les formes de discrimination. Je suis, par exemple, pour que les citoyens soient confrontés à un discours sur l’ "Autre", sous toutes ses formes, dès l’adolescence, par exemple dans les établissements scolaires. Chacun pourra ainsi être incité à accepter l’ "Autre" dans sa différence. Mais il faut aussi que chaque personne prenne conscience de ce qu’elle doit être un acteur de la lutte contre les discriminations, qu’elle ne doit pas se laisser séduire par les préjugés. Cette logique individuelle doit être associée à celle qui est portée par les entreprises et par les administrations.

Information, prévention, prise en charge des malades, acceptation des personnes séropositives... La lutte contre le VIH/sida nécessite un effort constant de la communauté nationale. Si vous êtes élu, comptez-vous sanctuariser le financement consacré à la lutte contre le VIH/sida ?

Les moyens qui sont consacrés à l’information et à la prévention dans la lutte contre le sida auront des effets bénéfiques sur l’équilibre des finances publiques à long terme en permettant de faire des économies sur les dépenses de soins. Mais, comme en toute chose, il existe un point d’équilibre à respecter. Nous devons d’ailleurs aussi prendre des décisions qui ne comportent aucun coût mais qui ont tout leur sens dans la lutte contre le SIDA et la discrimination à l’égard des personnes séropositives. Signer rapidement le Protocole additionnel n°12 à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales constituerait, ainsi, un véritable progrès dans la lutte contre toutes les discriminations, y compris celle à l’égard des personnes séropositives.

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