📺 François Bayrou, invité de LCI ce dimanche 7 juillet

François Bayrou
(© François Bouchon/Le Figaro/2019)

François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, était l'invité d'Adrien Gindre, ce dimanche 7 juillet de 18h00 à 19h00, sur LCI, dans l'émission En toute franchise.

Pour revoir l'émission en intégralité, cliquez sur ce lien.

Retrouvez ci-dessous quelques extraits : 

Voici la retranscription de l'émission :

Bonsoir Monsieur Bayrou, merci d'avoir accepté notre invitation. Nous allons parler des grands sujets du moment, des municipales, de l'Europe, naturellement de ce qui fait l'actualité des Français demain, le baccalauréat qui se poursuit, le rattrapage, une session très chahutée.

Je voudrais que l'on revienne sur une information qui nous est parvenue aujourd'hui, information très grave puisqu'il s'agit de la disparition d'une de vos élues députée Patricia Gallerneau, élue de Vendée.

C'était une femme j'ai failli dire une fille, formidable qui était amicale, engagée, qui était pleine de vitalité, qui avait senti très tôt l'importance des sujets environnementaux pour lesquels elle s'était engagée avec nous il y a déjà des années.

Elle a été frappée par cette maladie si soudaine, si grave et elle a résisté puis le cancer a été plus fort qu’elle et c'est beaucoup de chagrin pour tous ceux qui aimaient ce visage, cette vie et cette personnalité.

C'était important de lui rendre hommage.

On va en venir à ce qui fera l'actualité de cette semaine et de la semaine passée, c'est le baccalauréat. Demain, c'est le rattrapage qui commence. La semaine dernière le ministre de l'Éducation s'est exprimé, Jean-Michel Blanquer, pour dire que finalement 10000 lycéens avaient les résultats provisoires. On a gardé pour certains la note de contrôle continu pour remplacer la note de l'épreuve puisque certaines copies n'ont pas été rendues par les enseignants.

Le Président de la République s’est exprimé à ce sujet il y a quelques minutes, il était l’invité de nos confrères de France Info :

« Je pense que le ministre a eu la bonne réaction. Je respecte chacune et chacun, je respecte la liberté d'opinion, la liberté syndicale, mais à la fin des fins on ne peut pas prendre nos enfants et leurs familles en otage.

Je crois que quand on est enseignant dans la République française, on a des devoirs aussi et notre devoir à tous, c'est que, quand il y a un examen qui est attendu avec angoisse et qui vient sanctionner la fin des études secondaires et l'entrée dans la vie universitaire ou la suite, notre devoir à tous c’est d’être au rendez-vous et c'est de faire ce que l'on doit faire. »

Avez-vous le sentiment que les enseignants qui ont refusé de rendre les copies ont pris les élèves en otage comme l’a dit le Président ?

Leur attitude est inacceptable. Comme vous savez j'ai été enseignant, comme vous savez j’ai été de longues années ministre de l'Éducation nationale, j'aime passionnément ce métier ou cette vocation et ce qu'ont fait ces professeurs qui ont refusé de rendre les notes, en effet créant des situations pour les élèves qui sont inextricables et provoquant des dégâts pour la suite…

Il faut les sanctionner ?

…Ce qu'ils ont fait, c'est le contraire de la vocation d’un enseignant.

Ils l'ont fait, cela a apporté naturellement des troubles à l'examen, cela a apporté des troubles aux élèves, cela a profondément gêné et perturbé beaucoup de gens, mais ils ont porté atteinte à leur métier. Ils ont porté atteinte à l'image des enseignants et c'est une image qui est suffisamment attaquée pour que l'on veille tous à la maintenir.

De mon point de vue, c'est inacceptable.

Quelles sanctions vous demandez ?

Il faut que le ministre de l'Éducation nationale examine la situation et je ne comprendrais pas qu'il n'y ait aucune sanction.

Vous ne comprenez pas non plus le fond de leur combat ? On va écouter très rapidement deux enseignants qui se sont exprimés. Ils sont grévistes, ils ont refusé de rendre leurs copies. Écoutez ce qu’ils disaient aux équipes de TF1 et de LCI

« - Les négociations que nous demandons, sur une réforme qui se fait à marche forcée, n'ont pas été menées comme nous le souhaiterions et nous avons le sentiment d'être traités comme des nuisibles alors que le service public de l'éducation, c'est nous.

- On a décidé de continuer de vouloir lui parler et, dans ce cas, on continue la grève, on continue notre mobilisation, nous gardons les copies jusqu'à ce que Jean-Michel Blanquer décide enfin de nous recevoir pour discuter de sa réforme ensemble, avec nous, les spécialistes de l'éducation. »

Ils disent : les spécialistes, c’est nous, le service public, c’est nous. Est-ce que vous trouvez que leurs propos sont légitimes et que leur colère est entendable ?

Tous les arguments sont entendables, les discussions peuvent avoir lieu, j'ai pratiqué toute ma vie cette manière de vivre ensemble et d'examiner les questions, mais là ce n'est pas le sujet.

Je suis frappé quand j'écoute ces enseignants, il n’y a aucune revendication, aucune analyse qui sorte de leurs déclarations. D’habitude on voit qu’il y a un blocage sur tel ou tel aspect des choses.

C'est la réforme du bac qui les mécontente.

Même pas. Là, on dit : c’est un climat, il y a diverses choses qui ne vont pas. Autrement dit, lorsqu'il n'y a pas de sujet dominant majeur sur lequel on peut expliquer des différences de points de vue et même des affrontements, alors cela rend encore plus inacceptable la situation.

Il n'y a pas de responsabilité de Jean-Michel Blanquer de ne pas avoir su maîtriser si la situation, garder le dialogue avec ces gens-là ?

D’abord, ce n'est pas moi qui vais dire que c'est facile d'être ministre de l'Éducation nationale, je ne le crois pas. Je pense que Jean-Michel Blanquer est très attaché au monde de l'enseignement, aux valeurs du monde de l'enseignement. Peut-être on peut toujours améliorer la discussion, la concertation, je sais que l'on peut toujours faire des pas en avant, mais pas dans une situation comme celle dans laquelle ces enseignants ont mis leurs élèves, leurs collègues, car après tout ils sont extrêmement minoritaires, mais il y a beaucoup de collègues qui, eux, ont fait leur travail et qui se trouvent pénalisés, y compris dans l'image de leur métier par cette attitude.

Moi, franchement je le trouve très choquant.

Je voudrais que l’on parle d’un autre sujet qui vous tient à cœur et qui a fait l’actualité cette semaine, c'est l'Europe bien sûr, les dirigeants européens se sont mis d'accord sur ce que l'on a appelé en anglais cette semaine les top-jobs, pour le dire en français, il s'agit des postes les plus importants : Charles Michel qui deviendra président du Conseil Européen, Joseph Borrell, chef de la diplomatie européenne, Ursula von der Leyen,Présidente de la Commission Européenne, c’est une allemande, ministre jusqu’à présent et Christine Lagarde française qui deviendra patronne de la BCE.

Une Française, une femme comme Christine Lagarde à ce poste-là, c’est une bonne nouvelle pour vous ?

Je trouve que l'ensemble constitue un résultat remarquable. Vous vous souvenez tout ce qu’on nous avait dit, que la France était isolée, que le Président de la République française avait perdu la main, qu'il avait désormais tout le monde contre lui, qu'il ne pouvait rien imposer. Or, en menant le combat et, au départ, seul contre tous, il a donné à l'Europe une organisation et un visage dont nous pouvons être fiers.

La présidente de la Commission, c'est une femme remarquable. C'est une femme médecin qui a fait ses études en élevant ses enfants, qui a été successivement ministre de la Famille, ministre du Travail, ministre de la Défense, c'est dire qu'elle connaît ou qu’elle a abordé tous ces sujets.

Elle est francophile et francophone, ce qui n'est pas rien dans cet univers-là.

Ce ne sont que des pays de l’Europe de l’Ouest, il n'y a pas un dirigeant de l'Europe de l’Est. Est-ce vous trouvez que c'est un fonctionnement normal et équilibré de l’Union européenne ?

On a proposé qu'il y ait un des responsables politiques de l’Europe de l’Est et il se trouve que son parti lui-même ne l’a pas présenté aux suffrages. C'était le président du parti socialiste européen et son parti lui-même ne l’a pas présenté aux suffrages.

Vous voyez bien, disons les choses comme elles sont. Ceux qui sont aujourd'hui au cœur de l'Europe, ce sont les fondateurs de l'Europe.

C’est ce que l’on voit effectivement.

Et je pourrais aller encore un peu plus loin en disant : ceux qui sont aujourd'hui au cœur de l'Europe, ce sont les contributeurs à l'Europe, c'est-à-dire ceux qui choisissent cette démarche.

Et c’est sain de votre point de vue.

En tout cas pour moi, cela explique le rééquilibrage qui s'est produit et qui fait que le nouveau climat européen est positif.

Je vais ajouter un mot. On avait dit que le Président de la République française et la chancelière allemande étaient désormais en affrontement, confrontation. Et qu'est-ce on a vu ?

C'est qu'au bout du chemin, cette décision a été prise dans une entente profonde entre Angela Merkel et Emmanuel Macron.

Cela prouve qu'il y a un chemin de renaissance de l'Europe en train d’être suivi.

Sur les équilibres, les visages que l’on a montrés, ce sont des gens qui sont issus soit du PPE, soit du PSE, soit de l'Europe libérale que l’on connaît.

Démocrate et libérale.

Il y a un thème dont on a beaucoup parlé, l’écologie par exemple, il n’y a pas de Verts, il n'y avait pas de place pour les écologistes dans les élections européennes ?

Ils se sont mis en opposition avec la majorité du Parlement européen. Il se trouve qu’ils n’ont pas manifesté, en tout cas ils n'ont pas proposé qu'un accord plus large à 4 au lieu de 3 puisse intervenir.

Mais vous vous rendez compte que cette majorité-là, c'est une large majorité du Parlement européen et que le courant central, démocrate et libéral auquel nous participons est désormais clé dans l'ensemble des décisions qui vont être prises en Europe.

Vous savez que les Français sont souvent inquiets de ce que l'Europe peut engendrer. Ces derniers jours, il y a un acronyme MERCOSUR, qui a beaucoup été prononcé, c’est l’accord de libre-échange conclu entre l’UE par le biais de la Commission et des pays d'Amérique du Sud : Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay. Il y a déjà eu pas mal de contestations, au sein même de la majorité ces derniers jours. Par exemple un député de la REM, Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse, a dit publiquement : « C'est un mauvais accord, il faut trouver un chemin entre la naïveté libre-échangiste et le protectionnisme idiot à la Trump, qui ne favorise absolument pas l'économie ».

Il n'est pas le seul à avoir quelques réserves. Celle qui était tête de liste de la REM pour ces élections, Nathalie Loiseau, a dit ses inquiétudes.

« On regardera très attentivement, s’il y a des mécanismes de sauvegarde, on verra, mais si n'est pas le cas, effectivement, il n'y a pas de raison de signer n’importe quoi, tout cas de voter n’importe au Parlement, on prendra nos responsabilités. »

C'est un bon accord, cet accord de libre-échange ?

Je n'ai pas le texte de l'accord et vous non plus et, visiblement, ceux qui se sont exprimés ne l'ont pas.

Cela interpelle qu'un accord si important ne soit pas public et que l’on ne puisse pas en débattre.

Il le sera, mais, vous savez, l'accord avec le Canada, le CETA, il fait 2344 pages si mes informations sont exactes, je ne l'ai pas lu en entier, je vous le garantis.

Donc ce sont des accords extrêmement compliqués, celui-là a été négocié pendant 20 ans.

Donc attendons de l'avoir.

Mais vous, il vous inquiète ou vous dites : On, on crie au loup avant d'avoir mal.

Non, je pense qu’il y a des raisons qu'il y a déraison d'être vigilant et je vais vous en dire une qui est la raison principale.

Pour cet accord-là, comme pour d'autres, la question principale qui se pose c'est : est-ce que les règles que nous fixons pour nos propres producteurs sont respectées par les partenaires de l'accord ?

Est-ce que les produits que l’on va échanger, ils répondent tous aux mêmes règles ?

C'est cela la question.

L'Argentine, un des deux grands pays du MERCOSUR avec le Brésil, c'est une agriculture qui est très largement fondée sur le glyphosate ? C'est comme cela leur mode de culture.

Quelle est la réalité du glyphosate ? Mais, nous, on a dit, en France : On va sortir du glyphosate dans les mois qui viennent.

Alors, cela mérite en effet que l'on regarde de près quelles sont les règles réciproques que l'on doit respecter.

Si mes informations sont exactes, il y aura dans le texte du MERCOSUR l'obligation de respecter les engagements climatiques.

L’accord de Paris.

On est là devant une obligation qui n'est pas morale, qui doit être une obligation vérifiable et si cette obligation est vérifiable alors, en effet, on écarte une partie des risques qui peuvent exister.

On va avoir cette semaine la ratification du CETA le 17 juillet devant l'Assemblée Nationale française.

Est-ce que les députés Modem voteront pour ?

Avec les garanties nécessaires, oui mais encore faut-il qu'elles soient explicites.

Je veux aller encore plus loin. On dit : le MERCOSUR est signé.

Non, on va avoir une double ratification : une ratification au Parlement européen comme Nathalie Loiseau l’a dit et une ratification nationale dès l'instant que des chapitres de l'accord toucheront à la souveraineté nationale ou à la loi française.

Votre vote n'est pas acquis, on comprend que vous serez vigilant.

Je voudrais que l'on en vienne à ce qui fera l’actualité en France de ces prochains mois, ce sont bien sûr les élections municipales qui se rapprochent.

Une ville attire l'attention pour le moment, c’est celle de Paris. La REM doit désigner sa tête de liste la semaine prochaine à l’occasion d’une commission d’investiture. Il reste 3 candidats en cours : Cédric Villani, Benjamin Griveaux et Hugues Renson.

On va écouter Benjamin Griveaux qui était en campagne sur le terrain aujourd'hui :

« Il n'y a pas de candidat naturel ni de candidat du Président de la République sinon il n’y aurait pas de commission d’investiture. Nous, on fait les choses sérieusement. Moi, je respecte les règles établies collectivement par le mouvement. Je pense que ce sont de bonnes règles. C'est ce système de commission d'investiture qui a permis d'avoir d'excellents députés à l'Assemblée Nationale, d'avoir un groupe paritaire à l’Assemblée nationale et faire émerger des talents comme Hugues Renson, Cédric Villani, comme Mounir Mahjoubi à l’Assemblée. Je crois que c'est un bon moyen de choisir le meilleur candidat pour l'emporter à Paris l'année prochaine. »

Si vous voulez être maire de Paris, cela doit s'inscrire dans une équipe et dans un collectif et, ce collectif j'ai participé à le faire vivre depuis deux ans. C'est cela que je vais valoriser devant la commission. »

Est-ce que le Modem a une préférence pour l’un de ces candidats ?

En tout cas, elle ne l’exprime pas. Le Modem a une différence d'appréciation, en tout cas son Président, avec la République En Marche. Moi, je ne suis pas pour politiser ces élections municipales.

C'est-à-dire ?

C'est-à-dire pour que dans toutes les villes les partis présentent sous leur bannière, sous leur étiquette des candidatures parce que cela change la nature des élections. Je suis maire.

Un maire n'est pas choisi pour son étiquette essentiellement dans la plupart des villes, et de plus en plus, un maire est choisi parce que ses concitoyens ont confiance en lui, parce qu'ils pensent qu'il peut porter quelque chose de plus pour la ville, parce qu'il a des priorités dans lesquelles la ville se reconnaît, parce qu’il sait former les équipes au-delà des partis, parce qu’il est en confiance avec sa ville.

Mais cela, ce n'est pas le choix d'une étiquette et donc choisir en toutes circonstances et dans toutes les approches que l'on investisse de manière partisane ou par une étiquette de parti des candidats, pour moi, cela ne ressemble pas à ce scrutin.

Pour moi, les élections municipales sont des élections locales. Elles doivent pouvoir faire naître des ententes locales, des projets locaux qui ne s'inscrivent pas nécessairement dans l'affrontement national des partis.

Les autres élections sont politiques, Les Européennes, c'est une élection politique, on traite de sujets européens essentiels, mais c'est une élection politique.

Les élections locales, ce n'est pas cela, pour moi en tout cas.

Donc ce que le Mouvement Démocrate Modem cherche, c'est à constituer des équipes qui ressembleront au projet nécessaire pour les villes, choisir des personnalités sans être uniquement obnubilé par leur étiquette.

Il y en a un qui n'a pas d'étiquette c'est le Premier ministre Édouard Philippe ; son ancien mentor, ancien maire du Havre, Antoine Rufenacht, cette semaine s'est exprimé pour dire : « D'accord, c'est le Président de la République qui a les cartes en main, même si c’est censé être la commission d’investiture tout de même, mais pour qu'il y ait un bon candidat à Paris il suffirait qu'il laisse Édouard Philippe partir en tête de liste, c’est le maire dont Paris a besoin. »

Est-ce Qu’Édouard Philippe, ce serait un bon candidat pour Paris ?

Oui, je pense qu'il serait un très bon candidat mais son choix lui appartient. C'est lui qui dira, j'imagine un jour prochain en tout cas d'ici à quelques semaines, si cette option l'intéresse ou pas.

Je pense qu'il a les épaules, la personnalité pour cela.

Pour l'instant, ce n'est pas le schéma dans lequel on se trouve.

Il y a une ville qu'il attire beaucoup l'attention, c’est la ville de Bordeaux. Je vais expliquer pour nos téléspectateurs ce qui s’y passe. Il y a un élu, maire Les Républicains, qui travaille avec le Modem ; il y a d'ailleurs des éminents représentants, le premier adjoint par exemple qui a l’étiquette Modem dans cette équipe et on a appris que, dans les investitures, la République en Marche avait décidé de présenter un candidat qui sera contre cette union des Républicains et du Modem si je comprends bien, vous allez nous expliquer tout cela.

Qu'est-ce qui s’est passé pour qu’à Bordeaux on ne puisse pas se dire : le Modem et la République en Marche vont travailler ensemble en une seule liste ?

C'est une illustration de ce que je défendais devant vous. Je suis pour que l'on puisse dépasser la question des investitures par étiquette ou partisanes car le risque de transformer les élections municipales en référendum pour ou contre le Président de la République est un risque que je n'ai pas envie de courir et que je ne crois pas cohérent avec la réalité des élections municipales.

Il y a des gens très bien qui peuvent être sans étiquette, des gens très bien qui peuvent être d'un autre parti que le vôtre pourvu que l'on s'entende sur une vision de l'avenir et des valeurs que l'on partage.

Alors, je trouve que c'est plus juste.

Cela s'est fait en accord avec vous ou malgré vous ?

À Bordeaux, revenons au sujet, l'équipe en place est celle d'Alain Juppé.

Dieu sait que la majorité a dit combien elle se reconnaissait dans l'action d'Alain Juppé comme maire et donc de son équipe et de ses adjoints. Et Alain Juppé avait pris soin de préparer des personnalités plus jeunes que lui pour que cette équipe se perpétue et se projette dans l'avenir.

Moi en tout cas, je reste fidèle au travail qui a été fait. Nous restons fidèles à l'équipe qui a été formée. Je trouve que, plus on pourrait se rapprocher d'un accord, mieux ce serait.

Vous regrettez cette décision de la République en Marche ?

Vous voyez bien, la République en Marche et le Modem, ce sont deux formations politiques différentes, qui ont des approches qui peuvent parfois être différentes, pas sur toutes les villes évidemment mais…

Dans combien de villes on vous trouvera ensemble ?

Je ne sais pas, mais majoritairement ensemble je n'ai aucun doute. Vous voyez bien il est bon qu’il y ait des approches différentes.

Il est bon que l'on puisse faire ce que dans votre métier vous appelez de la stéréophonie, on pourrait dire aussi de la stéréoscopie. L’effet de relief, la capacité de voir la réalité d'une scène, elle est bien meilleure si vous avez deux approches, deux visions.

C'est plus juste et donc, pour moi, comme vous savez, j'ai voulu une alliance entre ces deux forces politiques-là, l’une qui est en surgissement, l'autre qui a un enracinement à la fois idéologique et géographique profond, mais je trouve que c'est bien qu'il y ait les deux approches et que c'est bien que tout le monde ne soit pas aligné sur la même vision.

Vous souhaitez qu'à Bordeaux la République en Marche renonce à présenter une candidature et être avec vous ?

Je ne veux pas m'exprimer comme cela car ce serait un peu excessif.

Ce mouvement politique et ses dirigeants politiques prennent leurs responsabilités. Ce que je sais, moi, c'est que l'aventure de la ville de Bordeaux a été une aventure formidable sous l'impulsion de son maire Alain Juppé, qu'il avait formé une équipe, que cette équipe a de la relève et qu'au fond cela mérite aussi d'être salué, que les différences ou que les nouvelles approches qui sont au sein de cette équipe méritent d'être prises en considération.

Vous-mêmes vous serez candidat à votre succession à Pau à la mairie ?

Je vous promets une chose, le jour où j'aurai quelque chose à dire sur ce sujet, dans un sens ou dans l'autre, ce n'est pas sur un plateau de télévision nationale que je le ferai, fut-il aussi sympathique que le vôtre. Je le ferai à Pau et devant mes concitoyens.

Il se trouve que j'ai une histoire avec cette ville et que je n'ai pas l'intention de la politiser.

La réponse, on l'aura à quelle échéance ?

On verra.

Est-ce que la décision est déjà prise ?

On verra.

Il y a un point sur les municipales qui a été très commenté cette semaine, c'est ce séminaire de formation de la République en Marche il y a quelques jours à destination des futurs candidats aux élections municipales avec un jeu de rôle qui représentait des candidats venus de plusieurs formations politiques. Il y avait parmi les acteurs une certaine Marielle Orange, je cite ce jeu, qui est décrite comme peu à l'aise dans son rôle de parlementaire, certains ayant vu une manière de se moquer de Marielle de Sarnez et du Modem ?

Franchement, s'il y a à l'Assemblée Nationale aujourd'hui une élue Présidents de la commission des Affaires étrangères que tout le monde plébiscite, c'est évidemment Marielle de Sarnez. Je n'imagine que cela ait été pointé sur une personnalité, mais pour le reste disons qu’il arrive assez souvent dans la vie que tout le monde fasse des bêtises, C’en est une, passons là par pertes et profits.

Dans les membres du gouvernement, Gabriel Attal a dit cette semaine : « Il faut un peu se détendre, ce n’est quand même pas très grave »

Est-ce que vous partagez son idée, cette moquerie ?

J’estime que cela ne peut pas être une moquerie personnelle. Si cela l’était, ce serait grave, et pour le reste, je vous ai dit, tout cela, c'est négligeable.

L'attitude de la République en Marche en ce moment correspond à l'idée que vous vous faites de votre partenariat avec ce parti ?

Oui, je n'ai pas de problème de ce point de vue. À la République en Marche, il y a plusieurs dizaines peut-être même plus de 50 élus députés qui ont été membres du Modem dans leur vie, peut-être 60.

Exemple, Cédric Villani que vous avez tout à l'heure évoqué, médaille Fields, c’est-à-dire l'équivalent du Prix Nobel de mathématiques et une personnalité très originale et très structurée.

Il a été membre de notre formation politique, et plusieurs dizaines comme cela donc je ne vois pas d'affrontement. Je ne regarde pas notre relation au sein de cette majorité comme une relation habituelle de coalition.

Il se trouve que nous avons la même vision de l'avenir, la même inspiration, que ce qui a été fait depuis 2017 correspond vraiment de très près à ce que j'ai porté dans la vie politique nationale depuis des années, par exemple le fait qu'il faille dépasser le monopole à deux qu’exerçaient le principal parti de gauche et le principal parti de droite, ce que j'ai appelé l’effondrement des deux tours jumelles.

Tout cela, nous l'avons fait ensemble et, donc, on ne va pas laisser des petits agacements se mettre au travers de cette route.

Il faut que chacun tienne son rôle, respecte ses partenaires et tout cela sera beaucoup plus intelligent que les attitudes habituelles qui sont relayées dans le monde politique.

C'est dit sobrement mais cela a le mérite d'être dit.

En partant des attitudes habituelles dans le monde politique, j'aimerais que l'on parle d’un certain Nicolas Sarkozy qui a publié un livre il y a quelques jours : Passion.

Il évoque sa vie avant, après l’Élysée, il était en dédicace cette semaine dans la ville de Bordeaux et il relaie, dans cet ouvrage, des propos qu'il attribue à Simone Veil, figure de la France centriste que je vais lire et que vous allez nous commenter.

« Dès qu’il s'agissait de lui - il parle de vous, François Bayrou - Simone Veil s'est livrée sans retenue concluant invariablement par : « Et en plus il se dit chrétien » le tout conclu dans un immense éclat de rire pour signifier l'étendue de son mépris à l'endroit de l'intéressé.

Qu'est-ce vous répondez à ces propos rapportés par Nicolas Sarkozy ?

L'actualité ces derniers jours dans les journaux est pleine des attaques, des critiques méprisantes de Nicolas Sarkozy à l'égard de tous ceux qui, un jour ou l'autre, se sont affrontés à lui, et j'en ai été.

Donc tout cela est négligeable, mais il y a une chose qui me frappe, c'est qu'il se sert toujours, à propos de tous ses rivaux, de la même méthode : il fait parler des gens qui ne sont plus là pour s'exprimer.

Un, ce n'est pas très courageux et, deux, si on avait vraiment voulu faire le florilège des déclarations de quelqu'un qui le connaissait très bien, par exemple chaque Chirac sur Nicolas Sarkozy, vous vous souvenez des mots de Jacques Chirac ?

Il a dit, en particulier : « Il faut l'écraser, mais prendre soin de lui marcher dessus du pied gauche cela porte bonheur. »

Je ne sais pas si vous voyez à quoi fait allusion Jacques Chirac.

Je pense que chacun aura deviné quand on dit qu’il ne faut pas marcher dessus du pied gauche.

Je trouve très, comment dirais-je, très insuffisant d'essayer perpétuellement de faire parler des gens qui ne sont plus là.

Il faut s'exprimer soi-même. Moi, j'ai écrit un livre sur Nicolas Sarkozy qui s'appelait Abus de pouvoir et dans lequel je ne crois pas me souvenir que je me réfugiais sur des déclarations de gens qui n'étaient plus là.

Il manque de courage.

Non, on connaît, François Fillon l’a dit cette semaine. Il a dit : « Sur tous ceux qui ont été ses rivaux, il passe son temps à vider des querelles qui ne finissent jamais. »

Pour moi, ce n'est pas intéressant et ce n'est pas important. J'ai eu des affrontements avec Nicolas Sarkozy, je ne prolonge pas ces affrontements aujourd'hui qu'il n'est plus en responsabilité.

Est-ce que vous pensez qu'il pourra revenir un jour ? Il a été il y a quelque temps le premier Président de la Vème République à être envoyé en correctionnelle pour corruption.

Il dit qu'il n'est plus dans la vie politique partisane, mais il précise toujours partisane.

On sent bien qu’il n'a pas définitivement tourné la page de la politique, il lui arrive de s'exprimer sur certains sujets. Est-ce qu’il peut avoir une place un jour ?

Monsieur Gindre, est-ce que vous connaissez des « animaux » politiques ayant goûté à cet élixir des grands combats politiques au plus près des Français et notamment l'élection présidentielle ? Est-ce que vous en connaissez un qui ait renoncé.

C'est un élixir, c'est comme cela que vous le vivez également ?

Oui, j'aurais pu dire mieux, je pense que c'est un alcool fort et très addictif et c'est un alcool qui repose sur quelque chose de profond qui est le rapport que l'on peut nouer avec un pays quand on est favorisé par la confiance de ce pays, quand des dizaines de milliers, centaines te milliers, millions de personnes vous donnent leur confiance, passent dans l'isoloir pour mettre votre nom en disant :On veut que celui-là soit notre Président.

C'est quelque chose d'extraordinairement bouleversant sur le fond et donc je n'ai jamais cru que Nicolas Sarkozy avait renoncé. Je n'ai jamais cru que François Hollande avait renoncé, Valérie Giscard d'Estaing a été Président de la République, il a connu des fortunes diverses pendant très longtemps ; je sais que c'était pour lui quelque chose de profond et après tout…

Une souffrance.

… Après tout il était au bon niveau pour porter cela.

Non, je ne crois pas à cette idée que les grands responsables politiques renoncent, je ne crois pas cela.

Donc vous n'avez pas encore enterré Nicolas Sarkozy de manière définitive, on l’a bien compris. Dans la vie politique tout peut se produire.

Je faisais allusion il y a un instant à la question de la justice qui concerne Nicolas Sarkozy. Je voudrais faire un petit point avec vous sur une enquête, puisqu’on sait que la justice a aussi cherché à savoir si des collaborateurs parlementaires du Modem avaient été en partie rémunérés par des fonds publics du Parlement européen pour en réalité être affectés à d'autres tâches pour Modem.

Il y a eu une perquisition début avril au domicile de votre directeur de cabinet qui a aussi été assistant au Parlement européen, Sylvie Goulard, eurodéputée Modem, est-ce que vous savez où en est cette enquête aujourd'hui ?

Je vous fais toujours la même réponse, non.

Est-ce que cela vous paraît être un fonctionnement normal, le déroulé normal d'une enquête ?

Je n'ai pas envie de parler de cela sur un plateau de télévision car vous voyez bien ce que cela signifierait.

J'ai été Garde des Sceaux, pas longtemps, mais…

Le premier Garde des Sceaux du quinquennat d’Emmanuel Macron.

En pleine conscience donc je m'interdis d'avoir ce genre de réflexion publiquement sur des enquêtes de cet ordre.

Ce que je sais, c'est que le jour où on pourra avancer des arguments, nous n'aurons pas de mal à montrer que ce que vous avez dit dans les accusations n'est pas fondé.

Bon, mais pour le reste, je n'ai pas de renseignement. On ne m'a jamais dit ni par écrit ni oralement ce qu’on nous reprocherait. Jamais.

Si on m'avait dit : Avez-vous des éléments ? J'aurais apporté des éléments. Mes amis auraient apporté des éléments.

Les députés européens du Modem étaient les plus assidus, les plus engagés pour l'Europe en raison de l'histoire de ce mouvement qui est, comme vous le savez, entièrement européenne.

Cela fait deux ans que vous avez quitté le gouvernement.

Plus de deux ans.

Précisément à l'époque pour préserver le pouvoir et votre formation politique. Est-ce que vous le regrettez sachant que rien n'a avancé depuis ?

Je ne pouvais pas faire autrement.

Est-ce que c'était par hasard ? Je ne sais pas… Je suis un naïf vous savez, donc….

On parlera des sujets de société la PMA, la GPA et la fin de vie puisque l'affaire Vincent Lambert a marqué les esprits ces derniers jours suite à l’arrêt des traitements mardi dernier.

On va en venir à cette question sur la fin de vie qui a agité le débat ces derniers jours autour du sort de Vincent Lambert. Il est hospitalisé depuis 2008. Il est paralysé suite à un accident et surtout il devait être nourri et hydraté par voie artificielle. Mardi, le médecin a annoncé l'arrêt des traitements après une bataille judiciaire féroce entre la compagne de Vincent Lambert et ses parents qui étaient opposés à l'arrêt des soins.

Après avoir vu ces semaines, ces mois, je dirai même ces années de combat judiciaire acharné, est-ce que vous dites que la loi en France est la bonne ou qu'il faut la changer pour éviter que pareille situation se reproduise ?

D’abord, c'est une tragédie. Vous savez ce que c'est, une tragédie ? Quel que soit le choix que vous allez être amené à faire, au bout du compte, il y a de la douleur, du chagrin, une impasse ou une difficulté.

C'est le premier point.

Je vais vous dire comme je ressens les choses. Ma nature profonde, c'est de croire au miracle et de laisser une chance à la vie et donc, au départ, en voyant ce visage, c'était cela que je ressentais.

Par conviction religieuse ?

Par conviction personnelle, je ne sais pas si la religion a tout à voir là-dedans, je fais la différence et, après, j'ai pensé à sa vie à lui, 10 ans enfermé dans un corps où plus rien ne bouge avec des lésions cérébrales extrêmement lourdes qui empêchent la relation. 10 ans… et, quand on demande aux médecins s'il y a le moindre espoir de réversibilité, ils disent que non.

J'ai suivi ce chemin.

Donc le médecin a eu raison d'arrêter les traitements ?

J'ai réfléchi de cette manière-là. Ce que je vous dis n'est pas exactement la phrase que vous avez indiquée. Quand on est devant un drame et une impasse il y a une loi.

Et qu'est-ce dit la loi ? Elle dit deux choses extrêmement simples.

La première : s'il y a des instructions écrites, elle suit les instructions écrites. S'il n'y a pas d'instruction écrite, la loi dit : il faut se rapprocher de la personne de confiance et demander à la personne de confiance si elle a eu des conversations, s'il y avait des indications et, la personne de confiance, c'est sa femme et plusieurs de ses frères et sœurs.

Et donc, au terme d'un débat de conscience aussi important, douloureux, dramatique, moi je pense qu'il faut regarder ce que sa femme, qui est la maman de sa petite-fille qui est née après l'accident, dit et ressent et pense et qu'elle rapporte comme ses frères et sœurs rapportent de son expression à lui d'avant.

Mais vous voyez 10 ans… On le voit sur cette image, c'est très long.

Est-ce que vous-même, à titre personnel, vous avez rempli des directives anticipées au cas où il vous arriverait malheur.

Non.

Est-ce que vous souhaitez le faire, est-ce une bonne piste ?

Pour tout vous dire, je n'y ai jamais réfléchi, peut-être parce qu’on a tous l'impression que la vie est indestructible. On se trompe naturellement, mais on est tous habité, en tout cas moi, par ce sentiment que la vie est plus forte.

Je voudrais vous interroger rapidement sur des sujets certes très lourds, mais des sujets de société profonds qui demandent des prépositions tranchées malgré leur complexité.

La PMA qui va bientôt être étendue aux couples de femmes, est-ce que vous êtes pour, est-ce que vous êtes contre ?

J'avoue que je n'arrive pas à comprendre le débat sur ce sujet.

Pourquoi ?

La PMA se pratique tous les jours pour des milliers de Françaises, soit en Espagne soit en Belgique où elle existe depuis longtemps et en France lorsqu'il s'agit d’indication médicale. Est-ce que cela a fait s’écrouler la Belgique ou l'Espagne ?

C'est-à-dire que les élus Modem voteront pour au Parlement quand le texte arrivera ?

Non, les élus Modem obéiront à leur conscience.

Individuelle.

Sur ces sujets-là, le vote ne peut être qu'un vote de conscience personnelle. Je respecte infiniment - vous avez rappelé les convictions qui sont les miennes - en tout cas ce à quoi je crois.

Vos croyances ?

Je respecte infiniment les convictions de ceux de mes amis qui disent qu'ils sont troublés, ceux qui disent : on s'abstiendra. Mais, moi, je ne vois pas là quelque chose qui fait trembler notre société.

Est-ce que vous avez le même raisonnement pour la GPA, la gestation pour autrui ?

Je n'ai pas fini pour la PMA. J'ai une chose à dire que personne ne prend en compte ou ne prend en compte suffisamment sérieusement, c'est que bientôt, le problème de la PMA, les donneurs ne seront plus anonymes.

On va bientôt connaître son origine.

Non, d'ores et déjà aujourd'hui, toutes les questions que se posent tant de personnes sur leur origine, ces questions-là trouvent des réponses par des banques de données génétiques qui font que, dans le monde entier, on sait vous rapprocher de telle fratrie ou de telle lignée maternelle. Pour l'instant, la PMA reposait sur l'idée de donneurs anonymes. Or c'est cela qui va être bientôt mis en cause.

Et vous savez il n'y a pas que les enfants issus de PMA qui se posent ces questions. Tous les enfants qui ont connu l'adoption, et ce n'est pas facile tous les jours non plus, ils sont, pour la plupart d'entre eux, et je vois bien dans les yeux de beaucoup, habités par cette interrogation de l’origine.

On est devant une mutation absolument profonde de la société sur ce sujet.

Sur la GPA, vous dites : la PMA cela n’a pas bouleversé l’ordre de la société. Il y a des pays où la GPA est légale. Est-ce que vous avez l’impression que cela a bouleversé l’ordre de la société ?

Non, mais la GPA touche à des choses plus profondes qui sont la question de la marchandisation de tels gestes et du corps humain.

Cela dit, une fois que les enfants sont là, j'ai souvent été interrogé sur ce sujet, je suis pour leur reconnaissance.

Parce que l'enfant, il est là, parmi nous, élevé par des concitoyens, compatriotes et on ne peut pas les ostraciser toute leur vie. On ne peut pas dire : mais, ces enfants n'ont pas d'existence à nos yeux.

Donc je suis opposé à la GPA comme le Président de la République, comme l'immense majorité des Français.

Je suis opposé à la GPA, mais je suis pour que les enfants qui ont connu cette origine-là, on puisse les admettre au sein de notre communauté nationale en tant qu’enfants normaux, parce qu'ils sont des enfants normaux.

Toute dernière question sur les problématiques de société, rapidement le cannabis.

Il y a une réflexion en cours sur son extension pour l'usage à visée thérapeutique, est-ce que vous y êtes favorable pour les malades ?

Thérapeutique, oui je pense que cela rend des services.

Et récréatif ?

Récréatif, je ne suis pas pour, car je ne crois pas que ce soit anodin.

Merci Monsieur Bayrou.

Julien Arnaud nous rejoint. C’est l’heure de ce que l’on appelle, dans cette émission, la critique. Julien Arnaud a écouté cette émission, il vous a regardé avec attention, il va d’abord nous dire ce qui l’a interpellé et prolongé avec les questions qu’il a, lui, à vous poser.

Julien Arnaud.

Bonsoir François Bayrou.

Vous avez retrouvé, dès le début de l’émission, très aisément vos réflexes de ministre de l’Éducation nationale. Le costume, vous l’avez endossé pendant plus de 4 ans. Face à la rétention des notes et des copies du bac par une minorité d’enseignants, vous dénoncez une attitude inacceptable.

Et, on l’a bien compris, vous réclamez des sanctions. Globalement, vous avez décerné, dans cette séquence, un bon point à Jean-Michel Blanquer.

Si l’on poursuit dans les appréciations du bulletin scolaire cette saison, sur le bulletin européen, la nouvelle équipe dirigeante, vous dites : « elle est remarquable. »

À deux reprises, vous avez utilisé cet adjectif, et arrive le sujet sensible.

Elle est remarquable et il faut ajouter qu'elle est remarquable parce que le Président de la République française l’a voulu.

Ce n'est pas venu du hasard et Dieu sait que, si c'était venu du hasard, ce n'est pas dans ce sens-là que ce serait allé.

On l’a bien noté.

Le sujet sensible : les municipales. Je vous ai senti, intérieurement assez remonté, assez énervé par les investitures sur certaines villes : ne pas être obnubilé par les étiquettes politiques, ne pas politiser ce scrutin des municipales.

Bref un carton rouge. À bon entendeur salut. Un autre carton rouge a été décerné, cette fois-ci…

Jaune.

D’accord, on n’a pas atteint la ligne rouge. Et carton rouge ou jaune, vous allez me dire, pour le séminaire de la République en Marche le week-end dernier où il a été question du Modem, on s'est moqué de votre parti du Modem, une bêtise dites-vous, encore une fois, très poliment.

Jaune pâle parce que cela ne mérite pas plus. Tout cela, c'est anecdotique. Cela n'a pas de sens, mais il y a plus que cela car, dans ce tout petit incident microscopique, il n'y avait pas que le Modem et même il n'y avait que, secondairement, le Modem il y avait toutes les autres forces politiques françaises.

Les Républicains, le Rassemblement national…

Les amis d'Alain Juppé,

Jean Brutus pour les Républicains, Jeanne Fachot pour le Rassemblement national.

Tous, Mélenchon, or je ne crois pas que ce soit une bonne attitude que d'afficher comme cela un regard de supériorité. La supériorité, cela se gagne difficilement et lentement, il vaut mieux le savoir quand on se lance dans ce genre de sport.

Transition toute trouvée car la question que je voulais vous poser à l'aune de ces deux exemples, on a l'impression que cette arrogance qui avait été décriée et que l'on croyait corrigée envolée, oubliée, finalement elle est là, ou elle est revenue.

Est-ce que vous dites à La République en Marche et peut-être au Président de la République : Encore un petit effort ?

Je vais vous dire exactement ce que je pense. Il y a eu un très grand succès aux Européennes.

On a cru d'abord que c'était mitigé, mais quand vous regardez le paysage politique, vous vous apercevez qu’en fait c'était un très grand succès et il aurait pu être plus grand encore.

Et le succès porte en lui un danger, un risque. Le risque que l'on croit que c'est arrivé, que parce qu'on a sauté un obstacle tous les autres seront avalés facilement.

Or, quand on est au pouvoir et encore d'avantage quand on est une majorité au pouvoir avec ces attitudes différentes que j'ai décrites, c'est le pire risque que de croire que c'est arrivé ou que les mêmes causes vont reproduire les mêmes effets.

Comme vous me l’avez entendu dire, je ne crois pas que les municipales doivent être une élection politisée, je pense qu'elles doivent être une élection enracinée, ce n'est pas du tout la même chose, et autour de personnalité ou d'équipes ou de projets et donc oui, en effet, je n'ai pas envie que la situation que vous décrivez se représente.

Vous avez abordé les municipales avec Adrien, je me projette encore plus loin, 2022, Emmanuel Macron candidat naturel ?

Si l'état de la France continue de s'améliorer, la réponse est oui.

Vous avez peut-être vu ces images hier de cette manifestation contre les féminicides. 2000 personnes réunies à Paris, place de la République. On a pu entendre le coup de gueule de la comédienne Muriel Robin qui explique que rien n'est fait, cela va trop lentement. Elle a interpellé le Président de la République et Marlène Schiappa, la secrétaire d’État annonce qu'il y aura un Grenelle de ces violences conjugales début septembre.

Qu'est-ce vous dites aujourd'hui ou est-ce que finalement le cœur du problème c'est une trop grande indifférence de la société ou qu'il n'y a pas assez de moyens qui sont mis sur la table ou les deux ?

C'est une société ultra-violente, ce n'est qu'un des symptômes de la société violente et qui se braque contre le féminin car il est faible, car physiquement il se défend moins.

Je trouve donc que, oui, il faut prendre les précautions nécessaires. On en a dit deux : un bracelet pour avertir lorsque les juges prononcent une interdiction de rencontrer son conjoint ou en tout cas la conjointe avec qui on était.

Des mesures d'éloignement.

Éloignement, mais surveillé par un bracelet et la deuxième, un numéro d'urgence pour que l'on puisse saisir quelqu'un, une oreille à qui on peut dire : « Attention, j'ai peur, il se passe quelque chose, il se prépare quelque chose. »

Je trouve que ces deux choses sont utiles.

Il y a ce numéro d’écoute, le 39 19.

En plus, en France, les choses fonctionnent de telle manière, je ne sais pas si c'est bon que, toujours, devant tout problème de société, ce n'est pas la société qui se défend, on fait appel au Président de la République.

Il me semble que l'on gagnerait à armer la société, et pas à tout ramener au pouvoir car, oui, c'est aussi une manière de ne pas prendre les précautions nécessaires.

La société, par exemple les juges. C'est la justice qui devrait avoir des….

La ministre, la Garde des Sceaux…

Vous ramenez toujours tout au pouvoir.

Je vous pose la question.

Non, la justice institution qui doit être en principe indépendante, devrait avoir des armes pour faire face à ce genre de problème, sans revenir au pouvoir politique, mais peut-être je suis un peu idéaliste.

Non, C'est votre avis.

Image revue sur les réseaux sociaux ce matin. François Hollande qui était sur scène au festival d'Avignon, c'était hier soir à l'issue d'une pièce, un long texte : Nous l'Europe banquet des peuples.

Il est intervenu, surprise, sur scène pendant 15 minutes où il a échangé avec les acteurs et les actrices. Il a fait un mea culpa, un remords, notamment sur la question des réfugiés.

Une reconversion ? C’est bien qu’il fasse cela, François Hollande ?

Il faut que vous lui posiez la question.

Vous trouvez cela bien ? Vous iriez par exemple ?

Je me suis déjà exprimé sur ce sujet. Parler de François Hollande, vous voyez bien tout cela est transparent, on ne va pas faire des commentaires sur ce que tout le monde voit avec évidence.

Dernier sujet, dernière question ; cette semaine, on a appris que la justice française avait ouvert une enquête sur un compte bancaire caché de Raymond Barre en Suisse, révélation du Canard Enchaîné, l’ancien Premier ministre mort en 2007 aurait placé 6,7 €. Il y a eu régularisation, ses fils ont payé avec des pénalités.

Raymond Barre, c'était le meilleur économiste de France. Il a été le candidat officiel en 1988 de l'UDF, c'était votre parti, vous l'avez présidé également.

Quand vous avez appris cela, vous vous êtes dit quoi ? Pas lui ? Pas Raymond Barre….

Tous ceux qui ont aimé cet homme ont eu la réaction que vous dites, d'incrédulité.

Alors, qu’est-ce qu’il y a derrière tout cela ? Je n'en sais absolument rien.

Pour tout vous dire, quand j'ai lu l'information, comme vous, je me suis dit que les pénalités étaient très faibles si vraiment c'était de la fraude fiscale.

Alors, qu’est-ce qu’il y a derrière exactement ? Je ne sais pas. En tout cas, tous ceux qui l'ont aimé ont eu ce chagrin-là. C'était pour nous, et pour vos prédécesseurs de l'époque, un exemple d'intégrité.

Cela le reste aujourd'hui malgré cela ?

J'espère que tout cela n'est pas fondé.

Merci.

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