"A. Tsipras doit être au rendez-vous de l'Histoire, nous attendons ses propositions"

Marielle_de_Sarnez-MDS

Marielle de Sarnez s'est exprimée ce matin sur i>Télé, en réaction au discours d'Alexis Tsipras devant le parlement européen.

Les partisans du « Grexit » grandissent d’heure en heure. La France tente de sauver le maintien de la Grèce dans la zone euro. C’est aussi votre position. Est-ce que vous êtes optimiste ou pessimiste ce matin après avoir entendu Alexis Tsipras ?

J’ai entendu Alexis Tsipras. Je trouve que c’était une bonne idée, que c’était bien qu’il vienne enfin devant le parlement européen pour que le débat démocratique prenne sa forme la plus ample et la plus publique. C’était une bonne chose. J’ai ressenti en même temps l’absence chez lui - Guy Verhofstadt l’a très bien dit - d’une feuille de route, d’un calendrier de réformes, d’une volonté réelle de nous dire « voilà comment je vais redresser mon pays, voilà ce que nous allons faire, nous les Grecs, pour nous en sortir ». 

De l’autre côté, j’ai ressenti dans l’hémicycle - et c’est quelque chose que je n’ai pas aimé - une très grande violence, en partie de la part des conservateurs. On sent de la rancune, on sent de la rancoeur, on sent que les choses se sont tendues à un point absolument terrible. L’hémicycle est donc très clivé avec des conservateurs qui n’ont qu’une seule envie, c’est qu’il n’y ait pas d’accord. Moi je crois que l’on arrive dans le dernier moment de la dernière minute de la dernière heure où l’on peut peut-être faire quelque chose, ça va être très difficile, les perspectives d’un accord s’éloignent mais cela peut se faire à deux conditions : il faut maintenant qu’Alexis Tsipras arrête de jouer avec les mots, il a eu son référendum ! Les Grecs ont dit « non » et on peut comprendre : ce qui s’est passé depuis 5 ans en Grèce était très difficile pour les Grecs mais maintenant je suis sûre d’une chose : les Grecs attendent un bon accord, ils veulent un bon deal, ils ont dit ce « non » parce qu’ils avaient besoin de l’exprimer et on peut le comprendre, mais maintenant ils attendent un accord et c’est de la responsabilité de Tsipras devant l'Histoire : il faut qu’il soit à ce rendez-vous, il ne l’a pas été vraiment ce matin. De l’autre côté, la seule petite chose c’est peut-être le couple franco-allemand, en tout cas l’influence que peut avoir Angela Merkel qui fait partie de ceux qui aujourd’hui se sont exprimés assez violemment dans cet hémicycle mais qui pourrait peut-être les amener à accepter cet accord.

Vous l’avez dit, il y a des mots très durs qui ont été prononcés depuis le début de cette crise de la dette grecque, cela va laisser des traces. Est-ce que selon vous l’esprit européen peut survir à cette crise ou est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de cassé définitivement ?

Je pense depuis le début que ce n’est pas simplement une question pour la Grèce, c’est une question pour toute l’Europe, au-delà de l’euro-zone. On a fait l’Europe parce que l’on a décidé de se doter d’un avenir commun, y compris d’affronter ensemble les difficultés dans un esprit de solidarité. De nombreux pays ont fait des efforts et ils ont le sentiment que là on dit aux Grecs « on supprime votre dette » alors c’est inacceptable à leurs yeux. Oui, cela met à mal l’esprit européen.

Vous dites que votre optimisme s’effrite d’heure en heure mais il reste selon vous un mince espoir, vous pouvez peut-être nous expliquer pourquoi et réagir également à la prise de parole de Marine Le Pen ?

Mais Marine Le Pen, c’est comme d’habitude : elle fait croire au peuple grec que tout ira mieux demain, s'il sort de la zone euro. Évidemment c’est un mensonge, la vie des Grecs ne sera pas meilleure demain, et donc tout cela c’est le bal des illusions, et je trouve ça terrible. D’ailleurs la meilleure réponse c’est que les Grecs veulent rester dans la zone euro, ils sont attachés à l’Europe, et c’est pour ça que je vous dis qu’il y a une toute petite chance, ce n’est pas de l’optimisme, j’essaye d’être constructive. Je pense que si l’Europe n’arrive pas à régler cette question de la Grèce - et ça fait des mois qu’elle essaye de la régler - ce ne sera pas bon pour elle, et ce ne sera pas bon pour l’ensemble des pays qui forment cette Union européenne.

Je crois qu’il y a une petite chance, c’est que Tsipras dise « voilà maintenant les discours ça va, mais il faut poser sur la table une feuille de route », qu’il nous explique quelles sont les réformes qui sont à conduire, et en plus on les connaît toutes ces réformes, elles sont identifiées.

Alors un point est pour Tsipras, et il l’a dit dans son discours : il n’est là que depuis cinq mois, hors cela fait trente années que ça dysfonctionne en Grèce. Trente années qu’l n’y a pas de réforme de l’État, pas de réforme de l’administration publique, qu’il n’y a pas de cadastre, pas de fiscalité juste, en particulier on sait bien tout le monde le dit, sur l’Eglise orthodoxe, sur les armateurs, qu’il n’y a pas d’agriculture. Si vous pensez que la Grèce importe des tomates des Pays-Bas, vous voyez bien que tout ça marche sur la tête, ça fait trente ans que ça dure et lui n’est là que depuis cinq mois. Cela est vrai. Mais le référendum grec n’a pas réglé les problèmes grecs qui sont encore là, et donc M. Tsipras a maintenant une responsabilité dans l’Histoire, qu’il mette sur la table sa feuille de route, et je crois qu’il aura peut-être, encore, quelques alliés, en tout cas la France sera à ses côtés, d’autres pays je l’espère, et Angela Merkel aura de ce point de vue-là un rôle majeur à jouer.

Merci beaucoup Marielle de Sarnez.

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