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"Si je suis élue maire de Paris, je gèrerai la ville au-delà des étiquettes"

Marielle de Sarnez, candidate à la mairie de Paris, a dévoilé samedi sur France 3 trois de ses priorités pour les Parisiens : le logement, les transports et la sécurité.

France 3 – Vous partagez l'inquiétude du ministre de l'Intérieur sur les manifestations de demain ?

Marielle de Sarnez – Oui, en même temps je pense qu'il est de la responsabilité des pouvoirs publics de faire en sorte que la sécurité soit absolument assurée et garantie, même si c'est sans doute compliqué. Là évidemment nous allons avoir une journée tendue, nous voyons bien qu'il y a quelquefois des appels à la violence. Nous voyons bien aussi qu'il y a des manifs dans la manif, c'est-à-dire que chacun y va de son slogan, 'une partie de l'UMP a appelé à manifester. Je crois qu'il est temps que nous tournions la page sur tout ça. Je pense que notre pays a davantage besoin d'être rassemblé sur l'essentiel et j'espère que cette page pourra se tourner rapidement.

En quoi votre projet pour Paris est-il différent de celui de la droite et de la gauche ? Par exemple sur la question du logement, en quoi vos propositions seront différentes ? 

Disons très rapidement sur la question du logement que la droite est plutôt traditionnelle et plutôt rétive au logement social et à la loi SRU qu'elle a combattue. Disons rapidement que la gauche fait plutôt du logement social, pas suffisamment, peut-être que là il y a des choses à dire...

Vous êtes plus proche de la gauche ? 

Moi je propose - si vous me laissez parler deux secondes, c'est pour ça que vous m'avez invitée je suppose - que nous fassions du logement social, probablement mieux dans l'affectation des logements, avec plus de transparence. On pourrait réfléchir à un système par points, à des choses qui soient beaucoup plus lisibles, réfléchir à améliorer la qualité du logement social quand c'est nécessaire. Et en même temps je considère que nous devons avoir du logement pour les classes moyennes, nous devons retenir les familles qui aujourd'hui, malheureusement, quittent trop souvent la ville. Nous devons faire des offres pour les jeunes, qu'ils puissent aussi se loger dans Paris. Donc, je considère que la politique du logement doit être plus globale et doit d'adresser à tous les Parisiens et pas seulement à une catégorie de Parisiens. Et je considère que, sur la question du logement, pour avancer un peu, on doit construire davantage. Aujourd'hui, on construit péniblement 2.000 logements par an, pour l'année 2013. Je dis qu'il faut passer à 5.000 logements qui seraient construits par an. Il faut mobiliser tous les terrains gérés aujourd'hui par les pouvoirs publics, par l'Etat, par un certain nombre d'entreprises, et il va falloir innover, pourquoi pas la couverture des voies ferroviaires par exemple qui pourraient dégager un certain nombre d'hectares importants. Nous avons besoin de construire davantage, d'étendre le marché immobiliser sur Paris pour que les prix soient un peu à la baisse et que les classes moyennes, comme les familles les plus modestes, puissent trouver une réponse.

Il faut pousser les murs de Paris alors ? 

Oui, par ailleurs il faut pousser les murs de Paris parce que, au fond, ce périphérique entre Paris et la banlieue, qui verrouille Paris et qui verrouille la banlieue par rapport à Paris, nous voyons bien que tout ça n'est plus de saison...

Alors, sur la place de la voiture, c'est l'un des grands problèmes aussi à Paris, l'un des grands sujets de controverse, quelle est votre position ? Est-ce que Marielle de Sarnez, maire de Paris, réduira encore la place de la voiture ? 

Je crois que si l'on veut réduire la place de la voiture dans Paris, il faut avoir des alternatives. Je regrette que tous ces futurs transports du Grand Paris aient pris une dizaine d'années de retard. Je trouve que nous aurions eu intérêt à lancer tout cela avant et je regrette aussi que l'on ne se préoccupe pas assez des transports dans le métro et dans le RER. Alors, des milliards vont être consacrés au Grand Paris, on appelle ça Grand Paris mais il y a une ligne sur Paris qui sera la prolongation de la ligne 14 qui tarde trop et qui doit être faite en urgence. Je pense que nous devons réfléchir à automatiser un certain nombre de métros dans Paris, à améliorer la qualité des transports souterrains dans Paris, à améliorer la qualité des transports en RER. C'est ça aussi l'urgence pour les gens qui habitent Paris et qui passent par Paris. 

Sur un plan global de votre projet, comment vous le définiriez ? Qu'est-ce qui vous distingue finalement ? Il y a déjà un débat qui est engagé entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Anne Hidalgo, on l'a vu, sur les transports, le diesel, le logement... Vous, votre projet, en quoi il se distingue des deux propositions qui sont déjà faites aux Parisiens ? 

Je vous ai dit que j'avais une approche différente. Qui est une approche qui n'est pas partisane, idéologique, qui sera concrète. Je crois que ça correspond à l'attente de très nombreux Parisiennes et Parisiens. 

Un exemple ? 

Je viens de vous donner un exemple sur le logement, sur le transport, je pourrais vous parler de la question de la santé, je pense qu'il faut vraiment que nous réfléchissions à la manière dont on traite les urgences à Paris et la manière dont on peut améliorer le traitement de la santé pour les Parisiens. Nous regarderons toutes ces questions de projet mais, ce que je veux vous dire, c'est que moi j'ai l'intention d'avancer d'une façon qui soit novatrice. Nous avons besoin d'équipes nouvelles sur Paris, d'une approche qui ne soit pas politique, politicienne. La question n'est pas droite ou gauche. 

Vous critiquez la gestion précédente, c'est-à-dire la gestion de la gauche. 

Si vous me demandez ce que je pense de la gestion de la gauche, je vous dirais que, quand Bertrand Delanoë est devenu maire de Paris, c'était plutôt bien qu'il y ait eu cette alternance, je pense qu'elle était nécessaire à la ville de Paris. Et je pense que Delanoë a eu de très bonnes intuitions pour la ville. Je pense que le tramway est une bonne chose, d'ailleurs ça a été initié par l'équipe précédant Delanoë, je pense que le Vélib c'est très bien. Il y eu des choses très intéressantes qui ont été faites mais, au fond, maintenant, nous avons besoin d'une énergie nouvelle pour Paris. Et nous avons de repenser la gouvernance de Paris. Moi je suis challenger à Paris, je ne suis pas favorite, je vous l'accorde complètement. Mais si j'étais élue maire de Paris, j'associerais l'UMP et le Parti socialiste à la gestion de Paris et je demanderais à un certain nombre de personnalités d'être en charge de dossiers. Je considère que le pays est déjà dans des difficultés très importantes, je considère que quand on gère des villes, on doit pouvoir gérer au-delà des étiquettes.

Autre thème de cet entretien : la moralisation de la vie politique. 

Je suis pour et depuis longtemps. 

C'est un cheval de bataille de François Bayrou. Comment est-ce que ça se traduit à Paris ? Bertrand Delanoë a fait pas mal de travail dans ce sens-là pendant ses deux mandatures. 

Il faut continuer, par exemple sur l'attribution des logements sociaux, je pense qu'il faut davantage de transparence, je pense qu'il faut des critères qui soient objectifs...

C'est déjà transparent, non ?

Non, c'est un peu mieux qu'avant, c'est encore trop opaque parce que, quand vous avez 140.000 demandes et que avez très peu d'attributions, le système est évidemment complexe. Donc je suis pour davantage de lisibilité, davantage de transparence, je suis pour un attributaire unique. Parce que là on entend : "Non c'est pas moi, c'est la ville", "Non c'est pas moi, c'est la préfecture", "Non c'est pas moi, c'est la mairie d'arrondissement", "Non c'est pas moi, c'est telle entreprise", "Non c'est pas moi, c'est le bailleur social"... Personne n'y comprend rien. Je suis pour une attribution par points, que l'on puisse savoir si l'on a le nombre de points qui sont nécessaires pour avoir un logement social. Je suis pour une amélioration de la gouvernance. Je considère que le maire de Paris devait, demain, ou le plus rapidement possible, être élu directement par les Parisiens, et non pas au deuxième degré comme il l'est aujourd'hui. Il faudrait que le jour de l'élection on puisse élire ses maires d'arrondissement, ses conseillers d'arrondissement, ce serait très bien, et dans une autre urne le maire de Paris.

Vous êtes sur la même position que NKM, c'est ce qu'elle propose aussi. 

Elle est peut-être sur la même position que moi, c'est très bien, ça fait très longtemps que je dis ça. Je dis aussi que, dans la réforme institutionnelle qui arrive, s'il y a la ville, le département et la création d'une grande métropole, on voit bien qu'il y a un niveau de trop, je suis pour la fusion de la ville et du département. Je suis pour une simplification institutionnelle et davantage de démocratie dans la vie parisienne.

Vous savez qu'au niveau gouvernemental certains prônent l'union nationale. François Bayrou et vous Marielle de Sarnez prônez l'union municipale dans un premier temps. Vous avez dit que vous étiez candidate à la mairie de Paris. Est-ce que vous pouvez nous dire aujourd'hui si vous avez commencé à rassembler ? C'est tous derrière vous et vous devant ? 

D'abord, une élection municipale c'est une élection d'équipe. Parce qu'il y a un certain nombre d'arrondissements, vingt arrondissements, je dis aujourd'hui parce qu'on m'annonce des modifications du nombre d'arrondissements à quelques mois des élections, ce qui est d'ailleurs plutôt étrange.

Du nombre d'élus par arrondissement. 

Oui, enfin nous allons voir jusqu'où va aller cette modification. Donc c'est évidemment une équipe. Moi je pense que Paris a besoin d'un changement, d'un changement de comportements, d'attitudes. Je pense que les élections, traditionnellement à Paris, et on le voit encore aujourd'hui, c'est trop politique, c'est trop politicien, c'est trop partisan. J'ai envie de défendre une démarche différente, une démarche pour les Parisiens

Vous revenez au ni droite au ni gauche ? 

Non ! Vous avez des obsessions sur la droite et la gauche, moi je m'en fous de la droite et de la gauche. La question du logement n'est pas de droite ou de gauche. L'attente des Parisiens sur le logement pour les familles les plus modestes, pour les classes moyennes, pour les jeunes, l'attente des Parisiens pour des transports en commun qui soient de meilleure qualité, l'attente des Parisiens pour une sécurité mieux pensée sur la capitale...

Vous savez que c'est toujours la question qu'on vous pose... 

Pardonnez-moi, vous vous la posez mais les Parisiens s'en fichent.

Ils veulent savoir. 

Ecoutez-moi, ils ont envie de vivre mieux, ils ont envie de concret. Moi j'ai envie de proposer une démarche nouvelle qui soit justement une démarche qui ne soit pas partisane. Je respecte, il y a des gens qui se sentent de droite, il y a des gens qui ont une sensibilité de gauche, moi je suis au centre donc je comprends très bien qu'on puisse avoir des sensibilités politiques différentes.

Mais est-ce que vous avez déjà fait l'union du centre ? 

Écoutez, chez nous oui, au Mouvement Démocrate l'union est faite, bien évidemment.

Avec les partisans de Jean-Louis Borloo ? 

Si les partisans de Jean-Louis Borloo veulent rassembler, participer à une équipe large, au centre, pour la ville de Paris, avec un programme et un projet concret pour les Parisiens, ce sera très bien et très intéressant. Les élections sont dans dix mois, patience, nous pouvons tout à fait imaginer que des choses puissent se faire demain. En tous les cas, moi, j'ai un esprit d'ouverture. Je suis pour les rassemblements les plus larges possibles. Je suis pour une gouvernance de la ville de Paris qui soit différente, qui soit moins partisane et moins idéologique.

Si vous vous alliez avec les partisans de Jean-Louis Borloo... 

Mais je ne vais pas avec les partisans de Jean-Louis Borloo, je vous dis que j'ai un état d'esprit ouvert.

Vous voulez l'union des centres. 

Je pense qu'il faut renouveler la vie politique à Paris et le jeu politique à Paris. Moi je suis au centre, donc je suis très fière d'appartenir au centre, mais au-delà de cela, qu'est-ce que veulent les Parisiens ? Probablement une énergie nouvelle pour régler les affaires...

Nous parlerons du projet après. 

Le plus important c'est d'aller sur le concret.

Dernière question avant de passer à autre chose, si vous vous alliez à l'UDI de Jean-Louis Borloo.

Mais je ne m'allie pas...

Éventuellement, vous les appelez à se rassembler derrière vous. 

Pas du tout.

Au deuxième tour ça veut dire une alliance avec l'UMP. 

Je vous dis simplement que j'ai un état d'esprit ouvert, que nous pouvons former des rassemblements plus larges, et que ce sera absolument positif pour Paris. 

Mais ça nous amène sur le deuxième tour, vis-à-vis de l'UMP. 

Vous savez qu'avant le deuxième tour il y a le premier tour, qu'après il y a le troisième tour, et que tout ça c'est dans dix mois. Alors là c'est le temps du projet, c'est le temps des équipes, ensuite viendra le temps de la campagne quand les Parisiens seront dans le tempo de la campagne.

Justement, ne parlons plus de politique politicienne. Savoir si le centre c'est vous ou Jean-Louis Borloo, je ne sais pas si les Parisiens y comprennent grand chose.

C'est vous-même qui cafouillez un peu sur la question.

Sur Christine Lagarde, on sait que François Bayrou s'est beaucoup plaint de l'attitude de Nicolas Sarkozy. Qu'est-ce que vous pensez du fait qu'elle ait été placée sous le statut de témoin assisté ? 

Je pense que c'est plutôt une bonne nouvelle pour elle et pour la France. Donc je trouve que c'est un motif de satisfaction. Et le deuxième motif de satisfaction c'est qu'il y a aujourd'hui trois instructions qui sont ouvertes, donc cela avance, la justice fait son travail, et je trouve que dans un Etat de droit, c'est une bonne chose.

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