Sécurité alimentaire en Europe : "L'urgence d'un nouveau modèle"

Pour Jean-Luc Bennahmias, le récent scandale de la viande de cheval et la réintroduction des farines animales démontrent "l'urgence d'un changement de nos modes de production et de consommation".
En pleine affaire de la viande de cheval, l'UE a publié mi-février la révision d'un règlement de 2001 interdisant les farines animales et donné son feu vert à la réintroduction des protéines animales transformées (PAT) dans l'alimentation des poissons. À partir du 1er juin 2013, ces farines animales seront donc réintroduites dans l'UE. La procédure de mise à jour de ce règlement prévoit la consultation d'un comité d'experts nationaux qui vote à la majorité qualifiée. Le fait que la France et l'Allemagne aient voté contre n'a donc pas empêché l'adoption d'un avis favorable.
"Le Parlement européen aurait pu avoir son mot à dire dans cette révision. Mais, en juillet 2011, il a malheureusement majoritairement voté pour la réintroduction de farines animales. Un rapport auquel je m'étais opposé mais adopté par 485 voix contre 162", déplore Jean-Luc Bennahmias. "Nous n'avons donc pas pu nous opposer à ce règlement, qui est obligatoirement applicable par tous les Etats membres", précise-t-il.
Le parlementaire "salue l'initiative de la France, par l'intermédiaire de la ministre Delphine Batho de créer un label "sans farines animale". Mais cela ne sera pas suffisant", annonce-t-il. C'est pourquoi il estime "absolument nécessaire de changer radicalement nos modes de production et de consommation". Pour Jean-Luc Bennahmias, "la seule façon de savoir ce qu'on mange réellement est de retourner à des réseaux de proximité, de rétablir des circuits courts".
Farines animales : "Une quadrature du cercle écoeurante"
"Le manque de protéines est un problème considérable dans l'Union européenne et l'aquaculture est un secteur en tension", reconnaît l'écologiste. "Mais la pêche minotière, qui la fait vivre, est clairement une aberration écologique. Capturer sept kilos de poissons pour les transformer en farine et produire un kilo de poisson d'élevage n'est pas tenable sur le moyen et le long terme", analyse-t-il.
"Il faut réfléchir à d'autres solutions plus durables. L'interdiction de rejeter à la mer les poissons péchés mais impropres à la vente - pour laquelle j'ai voté dans le cadre de la réforme de la Politique Commune de la Pêche, le 6 février dernier - a aussi cet objectif. Elle permet d'utiliser les poissons auparavant rejetés en mer pour en faire des farines destinés à l'alimentation des poissons. Cette dernière piste ne clôt évidemment pas le débat. Tout l'enjeu consiste maintenant à sortir de cette quadrature du cercle écoeurante", conclut-il.