"Produire en France va de pair avec la construction d'un nouveau modèle de consommation"

Robert Rochefort publie 'Produire en France C'est possible', un ouvrage qui démontre par l'exemple la pertinence des propositions de François Bayrou en la matière.
Produire en France : un thème qui, par l'initiative de François Bayrou, est devenu l'un des enjeux majeurs de cette élection présidentielle. Alors que la plupart des candidats tentent aujourd'hui de se positionner à leur tour sur ce sujet, l'eurodéputé Robert Rochefort démontre par l'exemple en quoi cela est non seulement nécessaire mais possible. Pour lui, il ne s'agit pas de renouer avec le protectionnisme – ce serait une impasse -, mais tout simplement de refuser l’effondrement de notre industrie et la progression effrénée du chômage.
"Si chaque consommateur acceptait de modifier seulement un de ses achats sur dix, en optant pour un produit 'fabriqué en France', au lieu d’acquérir comme aujourd’hui un produit anonyme venant de l’autre bout du monde, le déficit de notre commerce extérieur serait réduit de moitié. L’activité pourrait repartir et plusieurs centaines de milliers d’emplois seraient créés sans que cela coûte un euro en dépenses publiques", souligne avec conviction l'ancien dirigeant du Credoc.
Produire en France va aussi de pair avec "consommer mieux et non pas toujours plus". "Les Français se disent prêts. Et c’est possible ! À condition de le vouloir vraiment, d’en faire une priorité politique, de prendre les bonnes décisions et de mobiliser les énergies de tous", ajoute celui qui est aussi l'un des plus grands spécialistes français des questions de consommation.
À l'occasion de la sortie de ce nouvel ouvrage, Robert Rochefort a répondu aux questions du journal Sud Ouest. Découvrez ci-dessous la retranscription de cette interview.
Proposez-vous le retour au protectionnisme ?
Ce n'est pas du tout ce que nous voulons. Il faut un retour à la confiance dans la production de notre pays qui soit fondée sur la qualité, sur la formation, sur les labels, l'intelligence du consommateur dans la recherche du meilleur rapport qualité-prix et pas sur des mesures réglementaires.
Quand François Bayrou a lancé cette idée, il s'est fait traiter de passéiste, aussi bien à gauche qu'à droite…
Il a lancé l'idée de produire français dans son livre l'été dernier, et en décembre, il l'a complétée par un appel à la mobilisation du consommateur.
Et c'est à ce moment que la réponse de l'opinion a été immédiate. Je ne m'attendais pas à cela dans toutes les couches sociales, des ouvriers aux patrons, et les seuls qui ont marqué une opposition ont été le PS et l'UMP.
Ils étaient furieux de ne pas avoir eu l'idée. Ils ont tous les deux sur ces questions des raisonnements nationaux, bureaucratiques qui partent d'en haut, alors que notre point de vue, c'est qu'il faut des initiatives de la base, des territoires, des laboroires, des entreprises. C'est de la microéconomie, et c'est pour cela que c'est possible dans tous les secteurs, si on joue les labels, la qualité.
Le consommateur ne sait pas vraiment si un produit est français ou non…
C'est pour cela que nous proposons un label qui comporte la mention « fabriqué en France » avec le pourcentage de la valeur ajoutée vraiment produite en France.
Ce que ne permet pas la réglementation européenne…
Non. Aujourd'hui, quand on regarde ce qui existe sur le « made in », les réglementations sont extrêmement disparates d'un pays à l'autre, et l'Union européenne n'a pas encore fait cette démarche.
Vous défendez la TVA sociale contre François Bayrou ?
Il y a des différences de sensibilités dans notre équipe. Avec Jean Arthuis, je suis intéressé par ce mécanisme. Mais je rejoins François Bayrou, qui dit qu'elle doit être significative pour être efficace. Et il dit qu'un taux élevé n'est pas applicable aujourd'hui dans un contexte de crainte sur le pouvoir d'achat et de crise où nous sommes.
(1) "Produire en France, c'est possible !", par Robert Rochefort, préface de François Bayrou, éd. Odile Jacob, 216 p., 18,90 €.