"Plus on divise le pays, moins on a de chances de le réformer"

François_Bayrou-FB

Dans une interview au journal Le Parisien, le président du MoDem dresse un constat grave sur la situation du pays. Refusant d'accepter le discours selon lequel toutes nos faiblesses viennent de l'Europe ou de la mondialisation, il appelle à la responsabilité pour reconstruire le pays.

La crise des migrants a-t-elle fini par réveiller l'Europe ou au contraire l'a-t-elle achevée ?

Heureusement, elle s'est réveillée. On n'est pas bien sûr du chiffre de 120 000 personnes  (NDLR : réfugiés que l'UE tente de répartir entre pays). Mais au moins une réponse d'urgence a-t-elle été élaborée, ensemble. Reste, pour nous Français, un constat inattendu et terrible. Ces migrants dont tout le monde connaît l'état de dénuement, arrivés en Europe, ne veulent pas venir en France ! Car l'image de la France est considérablement abîmée. Les migrants, par téléphones, tablettes, Facebook, découvrent et répandent que notre pays se porte mal, que notre chômage et nos tensions font de nous l'un des maillons faibles de l'Europe. Comment ne pas ouvrir les yeux ?

Qui en est responsable ? François Hollande et sa gestion de la crise ?

Il est responsable, mais pas seul responsable ! La France s'affaiblit gouvernement après gouvernement. Et personne n'ose redresser la barre. Quant à François Hollande, il a suivi Angela Merkel, il ne crée pas d'élan, sur aucun sujet. Il ne se comporte pas comme le leadeur entraînant dont la France et l'Europe ont besoin. La majorité est explosée entre ceux qui se « mélenchonisent » et ceux qui se « macronisent ».

Alors, pour vous, quelle est la cause de cette impuissance ?

Absence de lucidité, manque de volonté. On nous raconte que notre situation, c'est la faute de l'Europe, ou de l'euro, ou de l'Allemagne, ou de la mondialisation, ou de la Chine. Et personne n'a le courage de dire que tous les chapitres de notre faiblesse, l'échec de l'éducation, l'explosion de la dette, le droit social illisible, les contraintes qui dissuadent d'embaucher, l'inquiétude des entreprises : tout cela est d'origine strictement nationale. Nous nous en sortirons le jour où nous déciderons, sans attendre les lendemains qui chantent, de nous retrousser les manches, nous-mêmes, et de corriger chacune de nos faiblesses.

Que pensez-vous de l'éclatement du paysage politique, gauche, droite, écologistes ?

Quand le tronc de l'arbre éclate, c'est que l'arbre est mort. La gauche officielle ne croit plus à ce que disait la gauche hier, la droite est minoritaire par rapport au Front national, et les écologistes deviennent des supplétifs. Pour être juste, disons que le centre aussi n'a cessé de se diviser en courants rivaux. Il est donc temps de reconstruire.

Les primaires sont-elles une solution ?

Pour moi, les primaires sont à peu près le contraire de nos institutions ! Que voulait le général de Gaulle ? Il voulait enlever aux partis le choix du président, pour le hisser au-dessus de la mêlée. Que font ses héritiers ? Ils rendent le choix du président à un clan ou à un camp ! A une partie du pays contre l'autre ! Or, plus on divise le pays, moins on a de chances de le réformer.

Vous soutenez Alain Juppé, mais c'est lui qui a voulu les primaires...

Disons que nous ne partageons pas le même avis sur ce sujet. Lui pense que dès l'instant qu'il y a une participation suffisante, la raison l'emportera. Je suis plus inquiet. Je regarde ce qui se passe dans la primaire des Républicains aux Etats-Unis : c'est Trump qui mène parce qu'il dit des horreurs — injures, sexisme — sur tout le monde. La primaire donne une prime aux grandes gueules. Pour autant, je considère qu'Alain Juppé est le mieux placé pour rassembler.

Vous vous rangerez derrière lui ?

Derrière lui, ce n'est pas mon idée. Avec lui, sans aucun doute.

Et si ce n'est pas lui ?

Je jugerai de ma responsabilité...

Emmanuel Macron a-t-il raison de cibler la fonction publique ?

Je déteste qu'on présente les fonctionnaires comme des privilégiés. Car, à l'aune des prétendus privilèges, on peut livrer à l'opinion bien des catégories, les banquiers, les commerçants... et les journalistes. Qu'il faille assouplir, oui, ouvrir, oui, améliorer les carrières et les métiers de la fonction publique, oui. Mais que ce soit le PS qui en soit là, ça en dit long sur l'état de ce parti qui craque de partout.

Même avec son référendum sur l'union de la gauche ?

Ce sera un ballon de baudruche ! Une manœuvre politicienne de dernier recours. Le problème des gens, ce n'est pas l'union de la gauche mais les promesses trahies.

Aux régionales, vous faites l'union partout, même en Rhône-Alpes avec Laurent Wauquiez ?

Il a pris des engagements écrits sur la ligne qu'il suivra. Nos adhérents vont voter.

Croyez-vous aux victoires du FN dans le Nord et en Paca ?

Leur victoire est possible. C'est un scrutin majoritaire où celui qui arrive en tête, même de peu, obtient la majorité. Pour mener le combat, il faut cesser de reprendre ses thèmes, abandonner les leçons de morale. Il faut montrer concrètement que leurs solutions ruineraient le pays, et qu'il existe des réponses nouvelles et concrètes.

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