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"Oui, je serai candidate à la mairie de Paris."

Marielle de Sarnez a défendu "des équipes, des attitudes et des comportements nouveaux" pour Paris, jeudi sur le plateau des 4 Vérités sur France 2.

Gilles Bornstein - Duel de femmes attendu à la mairie de Paris. Anne Hidalgo, Nathalie Kosciusko-Morizet, est-ce que vous serez, Marielle de Sarnez, la troisième femme candidate à la mairie de Paris ?

Marielle de Sarnez - Oui, je le serai. Je l’annoncerai officiellement dans quelques semaines. 

Vous l’annoncez. Vous êtes candidate à la mairie de Paris.

Je l’annoncerai officiellement dans quelques semaines parce que je trouve que nous ne sommes pas aujourd’hui dans le temps de la campagne électorale. Les Parisiens sont aujourd’hui dans le temps de la vie difficile qu’ils vivent. En particulier sur la question du logement, quelquefois sur la question du transport, sur la question de la santé. Au fond moi c’est cela qui m’intéresse. Je travaille en ce moment sur le projet, je travaille à l’émergence d’une équipe au centre, un centre large qui ira effectivement proposer un changement aux Parisiens. Je pense que nous avons besoin pour Paris d’attitudes nouvelles, de comportements nouveaux et d’équipes nouvelles et je serai là pour essayer de le proposer aux Parisiens.

Le Conseiller de Paris MoDem a voté le dernier budget de Bertrand Delanoë. Est-ce qu’une majorité municipale avec les socialistes, avec Anne Hidalgo, est envisageable ?

Ce n’est pas du tout la question dont nous venons de parler à l’instant. Je vous ai dit que je pense qu’il faut du pluralisme à Paris. Je pense qu’il y a un espace pour que l’on s’adresse aux Parisiens entre l’UMP et le Parti Socialiste, c’est cet espace du centre. Je crois qu’il faut une attitude nouvelle, cela veut dire que gouverner une ville, ce n’est pas une affaire de partis, ce ne doit pas être une affaire de politique politicienne ou de politique partisane. Je crois que nous devons faire autrement. Mon obsession, ma détermination, c’est d’essayer de régler les problèmes des Parisiens, d’être sur la vie concrète des Parisiens et pas sur la politique souvent trop politicienne et trop partisane. C’est donc une approche tout à fait différente. 

Hier, débat sur la motion de censure, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réaffirmé peut-être comme jamais son orientation réformiste, appelant à un compromis face à la crise. Êtes-vous prête, le MoDem est-il prêt à ce compromis ? 

C’est la France qui attend la réforme et c’est cela le plus important. Si Jean-Marc Ayrault l’a fait, je n’ai pas pu entendre son discours, c’est bien. Mais maintenant ce qu’il faut ce sont des actes, des réformes sérieuses : la réforme de l’Etat, la réforme des collectivités territoriales, je n’ai pas l’impression que cela en prenne le chemin. Nous avons aussi bien sûr besoin d’une baisse de la dépense publique donc il faut compenser cela par des réformes pour faire mieux d’Etat et mieux servir les Français.

Mais le gouvernement socialiste a fait le plan de compétitivité. 20 milliards de charges en moins, cela ne vous suffit pas ?

Ce n’est pas vrai tout cela, c’est du "bla bla". Allez voir les PME pour voir si elles ont compris comment cela se passait. On leur a dit que ce n’était pas pour maintenant, que c’était pour après-demain. Ce n’est pas conditionné donc au fond nous pensons même que cela va davantage servir les grandes entreprises et que pour les PME cela ne va pas apporter quelque chose. De ce point de vue, l’intention était bonne mais la mise en musique n’est pas assez concrète, rapide, simple, lisible, y compris pour les chefs d’entreprise, ce qui est quand même un problème. 

Donc le MoDem au gouvernement, ce n’est pas pour tout de suite ?

Non, ce n’est pas du tout la question. La question c’est qu’il faut que ce gouvernement agisse pour le bien de la France. Nous sommes dans un moment extrêmement difficile, les Français voient bien aujourd’hui la situation qui est mauvaise. Il faut que le Président de la République et le gouvernement assument le chemin qui doit être fait. Ce n’est pas un chemin facile. A partir du moment où ils agiront, je pense que les Français leur sauront gré d’agir et d’être courageux.

Concernant la taxation des hauts revenus, au-dessus de un million d’euros, le Conseil d’Etat a recommandé hier au gouvernement d’abandonner les 75% pour se limiter à 66,66%. Deux tiers du revenu, est-ce que cela vous paraît raisonnable ou est-ce que c’est encore trop ?

En tout cas le Conseil d’Etat est plus raisonnable que le gouvernement, nous allons déjà dire cela. Ce n’est pas tant l’argent que cela a rapporté parce que cela n’apportait pas grand chose. Mais au niveau du symbole, ce n’était ni bon, ni intelligent, ni pertinent. Cela ne donne pas une bonne image du pays. Nous avons besoin d’investissements, nous avons besoin de ne pas changer tous les quatre matins la fiscalité. Cela, c’est un des problèmes français, on ne cesse de changer les lois, de défaire ce qui a été fait hier… Nous avons besoin de stabilité juridique. Tous les investisseurs et tous les chefs d’entreprise vous le diront. 

Mais en période de crise, une taxation supérieure à deux tiers des revenus, vous la voulez ou vous voulez que François Hollande renonce ? 

Déjà, 66% c’est mieux que 75%. Mais si on avait fait une réforme fiscale complète avec une tranche par exemple à 50%, cela aurait été bien. J’avais cru comprendre d’ailleurs que François Hollande avait cette réforme fiscale complète dans sa poche. En fait, je l’attends toujours.

Parlons des Européens, si vous le voulez bien. 

Avec plaisir !

Plan d’aide à Chypre échafaudé dans un bureau à Bruxelles et rejeté immédiatement, et par la population et par les députés du pays. Nous avons l’impression que l’Europe que vous défendez se caricature.

Rejeté par nous également. Les parlementaires européens ont trouvé que nous marchions sur la tête d’aller taxer les dépôts de 20.000 euros dans les banques chypriotes. Cela allait évidemment créer une panique complète dans l’Union Européenne. 

Comment l’Europe peut-elle être aussi loin des peuples ?

Parce qu’il faut changer la gouvernance européenne. Les décisions se prennent au fond sans démocratie réelle. Le Parlement européen fait son job, mais la gouvernance européenne, le Conseil et la Commission, cela ne marche plus de cette façon-là. Il va falloir réformer l’Europe, cela va être l’objet je pense des prochaines élections européennes et faire un saut démocratique. Sur Chypre, il y a une urgence, je pense que nous pouvons taxer les gros dépôts, c’est-à-dire les dépôts de plus de 100.000 euros. Il faut savoir que Chypre est un paradis fiscal à cause de la question turque. L’île est divisée en deux, on a un embargo sur Chypre depuis son adhésion à l’Union Européenne en 2004. Ceci a détourné l’île de sa vocation marchande et commerciale donc ils sont allés vers un paradis fiscal. Aujourd’hui il faut savoir que, quand vous avez un compte courant à Chypre, il est rémunéré de 3 à 10%. C’est pour cela que nous avons tout cet argent des étrangers, en particulier des Russes, qui est venu sur les comptes. Au fond, que l’on taxe de 3 ou 10% tous ces comptes qui ont été largement rémunérés pendant longtemps, cela ne me semblerait pas du tout injuste.

Le domicile parisien de Christine Lagarde a été perquisitionné hier. Est-ce vous pensez que l’ancienne ministre de l’économie ait pu favoriser Bernard Tapie sur les conseils de Nicolas Sarkozy ?

Là, franchement, que la justice fasse le travail qui est à faire. Nous, nous avons dit en son temps et en particulier François Bayrou ce que nous pensions de cet arbitrage. Nous avons dit que cet arbitrage n’avait pas été une bonne chose pour l’Etat, pour les finances publiques et aussi pour la morale politique. Donc, laissons la justice faire son travail.

Pour terminer, une question personnelle. François Bayrou a dit qu’il avait voté François Hollande. Pour qui avez-vous voté, Marielle de Sarnez ?

Pour le même.

Le regrettez-vous ?

Non, je pense qu’il fallait du changement. Je pense qu’il y avait une crispation avec Nicolas Sarkozy qui était trop grande. Vous savez, je viens plutôt du centre-droit, mais d’un centre-droit qui est républicain, qui n’oppose pas les Français les uns aux autres et qui considère que dans les situations difficiles nous devons pouvoir rassembler les forces plutôt que de les opposer et de les diviser.

Pendant la campagne, Nicolas Sarkozy n’était plus républicain ? 

Nous avons eu une campagne qui est, je trouve, assez bas de gamme. Ce n’est pas une campagne qui a tiré par le haut les Français, qui leur a dit la vérité, notamment sur la question économique et sur la gravité du pays. Donc, je trouvais qu’il fallait du changement. Maintenant, il faut que François Hollande assume cette ligne réformiste, dont vous parliez tout à l’heure à propos de Jean-Marc Ayrault, et que l’on sorte des discours. Maintenant il faut agir. En particulier pour soutenir autant que faire se peut l’activité économique et de production dans notre pays. Pas seulement pour lutter contre la dette, j’y suis évidemment favorable, mais aussi pour soutenir l’activité économique.

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