"Nous proposons la mise en place de schémas locaux d'intégration"

Le gouvernement, après un silence de 18 mois, a décidé de redessiner la politique migratoire et de s’attaquer à la panne de l’intégration. Si la démarche est louable, elle ne manque pas de susciter interrogation devant la méthode utilisée. En publiant dans la précipitation et sans explication préalable, les travaux "d’experts" aux conclusions contradictoires, le gouvernement a jeté un trouble dans l’opinion sans qu’on comprenne l’urgence d’une telle démarche alors que celle-ci méritait recul et consensus.

Cela nous laisse songeur avec la crainte que des arrières -pensées politiques animent ce soudain intérêt. Nul doute que les échéances électorales à venir (municipales, européennes) sont pour beaucoup dans cette précipitation : agiter le chiffon rouge de l’immigration, pour relancer la polémique, c’est devenu un classique depuis 1981 .

Pourtant après la déconvenue du premier rapport confié à Thierry Tuot, le gouvernement aurait pu, avant de jeter en pâture ces nouvelles mesures qui font débat (voile à l’école, apprentissage de langues africaines, mise en place d’une instance contre le harcèlement, etc.) s’assurer de leur cohérence et de leur ressenti dans l’opinion. En agissant avec légèreté le gouvernement a pris le risque de "réveiller" les partis extrêmes et leurs relents xénophobes.

"PROPOSONS DES RÉPONSES CONCRÈTES AUX QUESTIONS DES CITOYENS"

Pour le Modem, l’intégration est un sujet trop grave pour être traité avec polémique et il méritait que toutes les forces politiques républicaines soient mises autour de la table et s’unissent pour proposer des réponses concrètes aux questions des citoyens.

- Comment construire une politique migratoire à l’échelle européenne avec une immigration choisie et acceptée qui soit perçue comme une chance et non comme un fardeau par la société française ?
- Comment réformer urgemment le droit d’asile, pour que les délais de réponse soient raccourcis et pour que notre système d’asile ne se transforme pas en "fabrique à clandestins" ?
- Comment enrayer les filières mafieuses du travail clandestin, qui nourrissent la délinquance et l’insécurité ?
- Enfin pour l’intégration, arrêtons des débats secondaires et inutiles sur la sémantique en cherchant des substituts au mot "intégration" alors que les Français attendent des réponses opérationnelles et visibles pour lutter efficacement contre les inégalités croissantes, le repli communautaire et le retour du religieux dans l’espace public.

Car l’intégration est en panne, nul ne le conteste à moins d’être aveugle, et s’il faut désormais travailler à "unifier les diversités" comme le préconise Saint Exupéry, il faut impérativement que la règle commune soit acceptée et partagée par tous dans l’obligation des droits et des obligations.

La laïcité est pour le Modem comme tous les républicains, un élément consubstantiel et non-négociable de notre pacte social, tout renoncement comme l’acceptation du voile à l’école serait une fracture et un retour en arrière intolérables.

"ASSOCIONS ÉTROITEMENT LES ÉLUS, LES POUVOIRS PUBLICS ET LA SOCIÉTÉ CIVILE"

C’est pour répondre à toutes ces questions que le Modem souhaite que se mette en place dans toutes les villes et particulièrement Paris , un schéma local d’intégration associant étroitement élus, pouvoirs publics et société civile pour traiter de façon objective , sans fantasme ni polémique de ces questions essentielles du "vivre ensemble" sous la loi commune : Scolarisation des enfants, apprentissage du français , accès à l’emploi et au logement, la place des héritages culturels , l’application de la laïcité et de l’égalité hommes- femmes, la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Oui,  les questions du rapport doivent trouver des réponses urgentes sans instrumentalisation, ni parti pris, sinon il est à parier que nous continuerons à rater la longue marche de l’intégration, ce processus complexe et dynamique qui sans nier les différences mais sans les exalter non plus , doit plus que jamais dans cette période de crise , miser sur les ressemblances et les convergences. Sinon nous prenons le risque de faire exploser notre modèle d’intégration à la française qui a su depuis des siècles intégrer des millions d’étrangers, devenus français et dont un Français sur six est l’héritier.