Municipales : "Le vote Front national n'est pas la solution pour Marseille"

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Invité à débattre sur France Inter de l'avenir économique de Marseille, Christophe Madrolle, chef de file aux élections municipales, a appelé à "recoudre les quartiers du nord et du sud" pour dynamiser l'emploi.

France Inter - Le port de Marseille emploie directement ou indirectement 40.000 personnes. Mais il n'y a qu'un million de conteneurs par an, contre quatre millions pour le port de Valence. Pourquoi ?

Christophe Madrolle - Le port de Marseille est en difficulté, on le sait. Je ne renvoie pas la responsabilité uniquement aux syndicats. Il a besoin d'être sauvé, c'est un fleuron de l'économie marseillaise. Il faut pour cela développer toutes les formations relatives aux métiers de la mer, car il n'y en a plus aucune à Marseille. Nous devons travailler à un plan régional, avec des formations à basses qualifications qui permettent à nos jeunes de trouver un emploi au port. Il reçoit aujourd'hui des croisiéristes, il y a un travail qui a été fait en ce sens et que l'on peut mettre au bénéfice de Jean-Claude Gaudin. Mais il faut développer l'ensemble des filières portuaires, pour lui redonner un vrai statut de port euro-méditerranéen. Il ne faut pas non plus avoir peur de commercer avec le Maghreb et le Machrek, on leur a trop souvent tourné le dos.

Partagez-vous le constat que les inégalités sont très fortes à Marseille ?

Bien sûr. C'est un constat. On voit très bien qu'il y a des quartiers florissants, les quartiers sud vont bien, même s'il y a des problèmes de sécurité et d'emploi. Le vrai travail que nous devons faire, c'est recoudre le nord et le sud de la ville. Dans les quartiers nord de Marseille, le taux de chômage atteint parfois 50 ou 60%. Il y a des jeunes qui n'ont jamais vu leurs parents et leurs grands-parents travailler. Il y a des infrastructures sportives qui n'existent plus, les espaces verts il n'y en a plus, la culture il n'y en a plus... Il faut dans les prochaines mandatures recoudre le nord et le sud. Quand le nord réussit, le sud réussit, car Marseille est une entité complète. Il faut casser la ségrégation entre les quartiers populaires et pauvres, et les quartiers riches.

On sait que des transports dépend la santé économique d'une ville. Les transports sont un problème à Marseille. Le gouvernement vient de mettre beaucoup d'argent sur la table. Est-ce le bon moyen ou faut-il faire différemment ?

C'est une bonne nouvelle pour Marseille. On ne peut dire que merci à Jean-Marc Ayrault d'amener de l'argent à la ville. Mais ça ne va pas assez loin. Il faut désenclaver les quartiers nord : entre le centre et le nord, mais aussi de manière transversale. Puis il faut aller au-delà. Nous proposons au MoDem de développer le monorail, comme le fait par exemple la ville de Francfort. Le monorail n'a pas d'impact environnemental et un coût dix fois moins cher que le métro. C'est donc un transport propre et d'avenir. Il y a des choses à inventer ! J'ai demandé, dans un courrier adressé à Jean-Marc Ayrault, qu'une étude de faisabilité soit fait. Ce monorail permettrait le désenclavement du nord mais aussi d'aller vers Marignane, vers Aix-en-Provence, vers les hôpitaux, vers le centre universitaire, etc. 

L'avenir économique de Marseille ne passe-t-il pas aussi par le développement de la métropole ?

Évidemment. C'est pour ça que nous nous battons pour la métropole. Istres, Marseille, Fos-sur-Mer, c'est la même entité géographique, le même bassin d'emploi. De là naitront également des transports ferroviaires de qualité. Les Maires ne le veulent pas pour le moment, mais le premier ministre et le gouvernement l'ont décidé. La loi va s'appliquer et nous aurons la métropole.

La voie rapide qui doit faire le tour de Marseille, la L2, n'est toujours pas construite, alors qu'elle rendrait service à beaucoup d'habitants. Qu'elles en sont les raisons ?

La L2 sera finie, Jean-Marc Ayrault a été clair, l'appel d'offre a eu une réponse favorable. C'est le groupe Bouygues qui a eu le marché. C'est effectivement un serpent de mer. On voit, lorsqu'on passe entre Marseille et Aubagne, ce chantier qui ne finit jamais. Mais j'ai tendance à croire le premier ministre. L'argent sera mis pour finir la L2 et ce sera une bonne chose pour le développement économique de la ville.

Un sondage BVA donne une courte victoire aux municipales pour le socialiste Patrick Mennucci et le Front national comme arbitre. Qu'en pensez-vous ?

Je n'accepte pas que le choix des Marseillais se limite au Front national comme arbitre. Le vote extrémiste n'est pas une solution pour Marseille et j'ai toujours combattu le Front national. Il peut effectivement y avoir un ras-le-bol de l'UMP et du PS, mais ce cri de ras-le-bol doit se transformer. C'est pour cela que nous proposons, avec Jean-Luc Bennahmias, de lancer un pôle central, ouvert, qui rassemble tous ceux et toutes celles, tous les talents, qui veulent construire autre chose pour Marseille. J'ai dit à Arlette Fructus (responsable de l'UDI), qu'elle est la bienvenue dans cette indépendance et cette liberté. Nous avons besoin d'autre chose que le Front national. Marseille est une ville d'accueil, une belle ville. Le vote extrémiste est un vote du refus de l'autre. Nous connaissons la démagogie du Front national. 

Un auditeur nous dit que Marseille peut devenir un Singapour méditerranéen, avec le plus important quartier d'affaires d'Europe du Sud. A-t-il raison ?

Bien sûr. Et il ne faut pas avoir peur de discuter avec l'ensemble du bassin méditerranéen, il faut tendre la main de l'autre côté de la rive. Nous avons des choses à faire, du business à faire. Nous avons des chefs d'entreprises qui vivent entre les deux rives de la Méditerranée, qui travaillent aussi bien au Maroc qu'à Marseille. Nous avons une relation privilégiée et un axe euro-méditerranéen fort à construire. 

Et la culture dans tout cela ? Est-ce que ça rapporte ? Est-ce que la capitale européenne de la Culture qu'est Marseille, c'est une bonne opération ?

C'est une très belle réussite. Il y a des choses qui ont été faites, il y a des touristes qui viennent, les Marseillais aiment se promener sur le Vieux Port. Marseille s'est embellie depuis six ans. Maintenant, il faut aller au-delà de ça, il faut une suite au fait d'avoir été capitale européenne de la Culture. Il y a des questions que nous nous posons. Quel va être le bilan financier ? Quels vont être les ajouts financiers ? Est-ce qu'ils vont venir de l'État ? On ne peut pas laisser les chantiers en jachère.

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