Connexion
Archives

"Marielle de Sarnez sera pour Paris la candidate de la sincérité"

Image n°1460

À un an des municipales, Jean-François Martins, conseiller MoDem de Paris, a souligné sur France Bleu que "l'heure est au bilan et au diagnostic" et défendu l'idée d'une ville "plus ouverte sur sa métropole".

France Bleu – Revenons sur les incidents du sacre du PSG. Ce matin le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, se défend et assure que la police et la préfecture ont bien fait leur travail. C’est aussi votre avis ?

Jean-François Martins – Evidemment les faits sont graves, il y a eu des débordements, des commerces cassés, des riverains qui ont eu très peur. Mais ma première réaction, c’est que je veux juste qu’on évite de rentrer – sous prétexte qu’on soit bientôt à un an des municipales – dans une politisation de tout, dans le désir de mettre tout en polémique et d’en faire systématiquement des sujets d’affrontement. Ça a été le cas hier à l’Assemblée, ça a été le cas dans les déclarations des différents candidats aux élections municipales. J’aimerais qu’on traite les sujets avec un tout petit peu de modération et de sincérité.
Oui, je crois qu’il y a eu une petite défaillance, il faudra l’interroger, sur le renseignement. Ça pose deux questions, la première est sur la disparition des Renseignements généraux sous leur ancienne forme, qui avaient notamment un certain nombre de réseaux d’information dans Paris et en banlieue qui permettaient de sentir peut-être un peu mieux quand les choses allaient dégénérer, bien avant, bien en amont. Pas dix minutes avant mais quelques heures avant, parce que l’info revenait des quartiers, des rues, et des gens qui connaissaient ces groupes-là…

Pour peut-être essayer de bloquer tous ces gens qui, justement, ne sont pas venus pour faire la fête au Trocadéro ?

Précisément. Et parce que, en plus, la violence a aussi changé. C’est-à-dire que la violence, dans le foot, était avant très structurée autour de groupes de supporters dont les ultras, qui font partie des délinquants de cette semaine, mais pas uniquement, et d’autres qui sont moins structurés, moins organisés. Globalement, et c’est ce que j’ai dit lundi soir, la préfecture et le maire de Paris peuvent faire beaucoup de choses, mais il y a plein de trucs qu’on ne peut pas faire. On ne peut pas interdire les cons, on ne peut pas interdire que, aujourd’hui, il y ait des gens qui aient envie de tout gâcher. C’est terrible mais les premiers responsables ce sont eux, ce sont les crétins qui veulent exister, passer à la télé et je trouve ça difficile de tout mettre tout le temps sur le dos des politiques. Donc n’oublions pas qu’il y a des crétins dans cette société, il faudra arrêter ceux qui ont commis des délits. La vidéosurveillance va permettre de continuer le travail.

Est-ce que la difficulté ce n’était pas aussi que le club du PSG et le Qatar souhaitaient absolument avoir cette image avec la Tour Eiffel, au Trocadéro, alors que nous savons que le lieu n’est pas forcément approprié pour ce genre de rassemblement.

Il y a déjà eu des rassemblements de ce type, Nicolas Sarkozy a fait son rassemblement dans l’entre-deux tours au Trocadéro donc ça peut être un lieu de rassemblement public. Il y a une question plus profonde sur le choix du lieu. Moi je comprends la belle image, les joueurs levant la Coupe, la Tour Eiffel derrière, c’est une très belle image et ça vend l’image du PSG dans le monde. Ça, je l’entends. En revanche, il y a une vraie question qui doit nous interroger, c’est le fait que Paris, et le PSG en particulier, fait systématiquement ses événements dans Paris et généralement dans l’Ouest de Paris. Or, le PSG n’est pas que le club de Paris intra-muros, c’est le club de Paris et toute sa banlieue. Il va falloir que le PSG et ses dirigeants réfléchissent à l’idée de mieux faire partager le club avec l’ensemble de ses publics, et notamment en petite couronne. Je crois que ça va aussi apaiser les relations avec tous les supporters du PSG.

Vous êtes conseiller de Paris, on va parler d’un sujet pour lequel vous vous êtes mobilisé justement au Conseil de Paris. Vous êtes monté au créneau pour appuyer la création d’aires d’accueil de gens du voyage à Paris, il n’y en a pas aujourd’hui, pourquoi ?

Ce n’est pas facile comme sujet parce que l’aire d’accueil pour les gens du voyage, c’est tout de suite très sensible, on a tout de suite des riverains qui ont peur, et je crois qu’il fallait faire preuve de courage et dire la vérité. La première c’est que Paris, comme toutes les grandes villes, a une obligation légale d’avoir des aires d’accueil pour les gens du voyage. C’est une obligation qui est dans la loi française et même dans les directives européennes. Donc, je pense que Paris ne pouvait pas manquer à cette obligation. La deuxième, c’est dur à dire parce que évidemment les Parisiens aujourd’hui sont dans la difficulté, mais Paris est globalement une ville riche. C’est une ville qui a les moyens, qui a sept milliards d’euros de budget, où le revenu moyen est plus élevé, c’est la région la plus riche d’Europe. Je crois que quand on est une ville dans une région qui a de l’argent, on doit partager et faire preuve de solidarité, notamment à l’égard des gens du voyage tout en respectant ce mode de vie, sans les stigmatiser et sans pour autant les sédentariser de manière indue.

Mais ce qui posait problème, c’étaient surtout les lieux choisis. Bois de Boulogne, bois de Vincennes, est-ce que ce sont vraiment les bons endroits pour ça, les bois, alors que l’on sait que ce sont aussi les deux poumons verts de Paris et que les Parisiens y sont attachés ?

Alors, la question, c’est un point sur lequel j’avais été particulièrement vigilant, c’est qu’il n’y ait pas de dégradation de la qualité, notamment forestière de Paris, et que les espaces ne soient pas des espaces boisés qu’on allait supprimer. En l’occurrence ce n’est pas le cas. Les surfaces dans Paris, vous savez, nous en manquons, les bois en font partie, et c’est notamment des endroits où on avait déjà des lieux de gens du voyage, de fait. Autant en faire des lieux de droit, encadrés, pour pouvoir sécuriser ces lieux, s’assurer qu’il y ait la médiation nécessaire de sorte que, là où globalement des gens du voyage venaient déjà s’installer, maintenant ils le fassent dans la légalité et de manière très encadrée.

On va passer maintenant aux municipales. C’est dans quelques temps maintenant, l’année prochaine, mais on est en plein dedans avec la primaire UMP et la désignation aujourd’hui officielle de Anne Hidalgo. Votre candidate à vous, Marielle de Sarnez, s’est déclarée mais on ne l’entend pas beaucoup pour l’instant, pourquoi ?

Parce qu’elle est, je crois, dans le même tempo que les Parisiens. Et les Parisiens ne sont pas encore complètement dans cette élection, loin de là. Ce que Marielle de Sarnez est probablement la seule à pouvoir faire correctement, c’est un bilan sincère de ces onze ans de Delanoë à la ville de Paris. Un bilan qui soit capable de dire ce qui a été bien fait. J’ai écouté hier le débat de la primaire UMP, j’ai écouté Anne Hidalgo ces dernières semaines, c’est terrifiant. Anne Hidalgo dit "Depuis onze ans, tout a été merveilleux, tout a été bien fait, nous avons tout réussi, d’ailleurs il n’y a même pas de problèmes à Paris". Et, en face à l’UMP, les cinq de la primaire, disent "Tout va mal à Paris, c’est devenu Chicago, c’est devenu un taudis". Ce sont deux excès. Le temps dans lequel on doit être avant l’été, c’est ce que fait Marielle de Sarnez aujourd’hui, c’est le temps du bilan. Le temps d’un diagnostic sincère de ce qui a été – le Vélib’, un certain nombre de politiques équipements publics, l’augmentation des places en crèche, une politique de logements un peu ambitieuse en termes de volume – et puis aussi de ce qui n’a pas été, notamment l’impossibilité ou en tout cas l’échec de Bertrand Delanoë sur la réduction de la fracture est-ouest, sur l’intégration réelle de la métropole dans les politiques parisiennes. Il faudra faire un bilan sincère, voilà où nous en sommes et nous pourrons arriver en septembre de manière, je crois, beaucoup plus sincère que les autres, avec un programme.

Est-ce que aujourd’hui le MoDem peut apporter quelque chose de nouveau à Paris, et quoi ?

La sincérité, dire les choses, vraiment. D’abord, Paris ne peut plus vivre enfermé dans le périphérique et il faudra probablement demain une intégration totale, je dis bien totale, avec les villes de la métropole. Dans la plupart des grandes agglomérations en France et en Europe, on partage tout avec les villes limitrophes : la propreté, la voirie, la politique du logement… Aujourd’hui, Paris ne partage quasiment rien. On a créé des technostructures administratives pour faire des choses, le Grand Paris, le syndicat Paris Métropole, les Parisiens n’y comprennent rien et, surtout, ça n’a pas d’efficacité. Moi je veux que demain, un habitant du XVIIème puisse aller faire son sport à Asnières et poser ses enfants, le cas échant, à Levallois parce qu’il y a des places en crèche à côté de chez lui. C’est ça que nous allons vouloir faire et je pense que nous serons les seuls à le défendre.

Vous avez récemment demandé des comptes à Bertrand Delanoë sur Autolib, pour avoir un vrai bilan deux ans après sa mise en place, est-ce que vous avez des réponses ?

Non.

Qu’est-ce qui vous inquiète ?

Globalement, j’avais défendu l’idée de Autolib parce que, premièrement, nous allons arriver vers une société où nous n’aurons plus besoin de posséder à titre individuel strictement et nécessairement une voiture. L’idée de la possession individuelle de la voiture, comme ça a pu être le mythe des années 1950, est peut-être terminée et demain, l’auto-partage sous des formes diverses et variées, plus ou moins contraignantes, plus ou moins organisées ou auto-organisées pourra être l’avenir et en particulier sur du véhicule propre. C’est pour ça que je croyais à Autolib. Mais à une condition, c’est que si la ville investit, si elle supprime des places de parking pour faire des Autolib, c’est bien pour que des utilisateurs de leur voiture individuelle passent à Autolib, et que ce ne soient pas des utilisateurs du réseau de Métro, de RER ou de Vélib qui passent à Autolib. La grande question a été soulevée par Pierre Mansat, adjoint de Bertrand Delanoë, qui a dit "Finalement là-dessus nous avons échoué, ce n’est globalement pas des utilisateurs de voitures qui passent à Autolib mais des utilisateurs d’autres modes de transport en commun". Là-dessus nous n’avons pas eu la réponse et Bertrand Delanoë dit "Mais non, tout va bien, il y a plein d’abonnements". Mais si les abonnements viennent de gens qui n’abandonnent pas leur voiture pour autant, alors on a échoué. C’est là-dessus qu’il faudra avoir des réponses que je n’ai toujours pas, malgré mes interrogations au maire.

Une question pour les motards : est-ce que vous autoriseriez un jour les motards à rouler dans les voies de bus ? Les vélos ont droit de rouler dans les voies de bus, pourtant Dieu sait si c’est moins mobile qu’une moto.

C’est une question assez délicate parce qu’il s’avère que la coexistence des deux-roues, qu’ils soient motorisés ou pas, dans les voies de bus, est accidentogène et provoque un certain nombre de risques. Vous le savez, les vélos ont des accidents avec les bus et avec les taxis, les taxis s’en plaignent régulièrement, et les deux-roues motorisés auront le même genre de problème de sécurité. Donc ça, c’est le premier élément qui fait que, de toute façon, la question primordiale sera de savoir si on va vraiment assurer la sécurité des motards en leur permettant d’accéder aux voies en site propre. Le deuxième élément c’est que, malgré tout, une moto ou un scooter, ça a beau être moins polluant qu’une voiture individuelle, ça reste polluant. Le choix qui a été fait par la ville et que je suis plutôt enclin à partager, c’est qu’il ait une vraie voie en site propre, c’est-à-dire vraiment pour les véhicules non-polluants, et le reste pour les véhicules polluants. Et, potentiellement demain, là où moi j’irais plutôt c’est que, sur le deux-roues électrique, sur la voiture électrique, on ait des voies particulières, en site propre, pour que réellement demain, à Paris, ce soit effectivement beaucoup plus facile de rouler et de stationner quand on a un véhicule propre.

Vous dites qu’une moto est accidentogène dans une voie de bus, je ne suis pas tout à fait d’accord, c’est extrêmement maniable. Vous parliez tout à l’heure d’un Paris qui serait un grand Paris, qui déborderait le périphérique, vous avez parlé des questions de propreté etc. Dans les questions de transport, il y a pas mal de choses à améliorer ? Par quoi ça passerait, selon vous ?

Je crois qu’il faut se poser définitivement la question de nouvelles lignes de métro. Parce qu’aujourd’hui on voit bien, je crois que c’est souvent dans un souci budgétaire que je peux respecter, l’envie de dire "on va faire du tramway, on va faire du bus" et très rarement on a encore l’ambition de faire des lignes de métro. Il y a encore des zones de Paris et de la petite couronne qui sont abandonnées en matière de métro, que le supermétro du Grand Huit ne permettra pas, qui sont vraiment à la limite de la petite couronne, qui sont le Nord-Est parisien, qui sont une partie du sud-ouest parisien, où il y a encore des trous. Je crois qu’il va falloir être capable de se poser la question des lignes inutiles, pour le coup je pense à quelques-unes comme la 3 bis par exemple, dans l’est parisien, et à la fois au contraire mettre ce coût-là dans l’investissement de nouvelles lignes un peu tactiques, un peu malignes qui vont permettre de relier Paris à la banlieue.

Donc, des lignes en plus de tout ce qui est déjà prévu dans le Grand Paris. Donc, des investissements. On a déjà un peu de mal à trouver de l’argent.

Des investissements oui, je crois qu’il ne faut pas avoir peur d’avoir de nouveaux investissements. Comme l’avenir sera de toute façon à moins de voitures dans Paris, si on n’est pas capable en face de mettre les investissements qui permettront d’avoir l’offre de transports en commun qui offrira des solutions alternatives, on n’y arrivera pas.

En concert à Paris, vous prenez plutôt vos billets pour aller voir Joe Cocker, ce soir au Zénith, Julien Clerc, ce soir au théâtre du Chatelet, ou Zucchero demain soir à Bercy ?

Julien Clerc à Chatelet.

Un refrain au choix, qu’est-ce que vous écoutez en ce moment pour vous mettre de bonne humeur le matin ?

Ce matin en venant c’était le nouveau Daft Punk, Get lucky, que j’aime beaucoup.

C’est un énorme succès, ça bat des records de téléchargement en Angleterre, c’est également n°1 en France, c’est certainement le titre qui est le plus diffusé par toutes les radios européennes actuellement.

Le made in France marche encore, vous voyez.

Filtrer par