Mariage homosexuel : Marielle de Sarnez appelle à "l'apaisement des tensions"

RFI - Ce dimanche 26 mai a eu lieu la manifestation contre le mariage homosexuel après le vote et la validation de la loi par le Conseil Constitutionnel. Première question : une manifestation inutile ? Une manifestation de trop, selon vous ?

Marielle de Sarnez - Je ne le qualifierais pas de cette façon-là. Je crois que les gens qui viennent défiler, pour la plupart, c’est parce qu’ils en ressentent le besoin, parce qu’ils ont quelque chose à dire. Après, je trouve qu’il y a beaucoup de tensions dans la société française, sur ces questions justement sociétales. Je pense que ces tensions existaient déjà pendant la dernière campagne présidentielle et peut-être même un petit avant, et là nous les voyons fortement à l’œuvre. Je pense que dans un moment de difficulté comme celui dans lequel nous sommes, évidemment ces tensions sont regrettables. Donc, j’espère qu’il y aura un apaisement. Effectivement la loi a été votée, le Conseil Constitutionnel ne l’a pas remise en cause, j’espère que les choses vont s’apaiser.

Mais la tension passe par ces questions éthiques et sociales ou c’est une manière d’exprimer autre chose contre le gouvernement actuel et contre le gouvernement Hollande ? 

Vous savez, je crois qu’il y a des manifs dans la manif, comme on dit. Puisqu’il y a des tentatives, entre guillemets, "de récupération" d’une partie de l’UMP, parce que la plupart des leaders de l’UMP au contraire ne sont pas là aujourd’hui sur le terrain. Donc, il y a eu cette tentation, tentative, qui je pense d’ailleurs ne marchera pas, de récupérer ce mouvement à des fins politiques, partisanes. 

Vous n’y voyez que des tensions nationales, vous ne pensez pas que ça traduit un combat qui est beaucoup plus large pour l’égalité des droits, dans d’autres pays aussi ? 

Y voir des tensions c’est déjà beaucoup. Je veux dire que quand une société est traversée par des tensions, c’est une question pour toute la société. L’égalité des droits, j’y suis évidemment favorable. Il y a toujours eu des évolutions de société en France comme dans d’autres pays européens. En France, elles se sont toujours plus ou moins faites avec difficulté dans le moment, et puis ensuite on est passé à un moment plus apaisé. C’est le vœu que je forme pour mon pays.

Sur le fond, vous êtes pour le mariage homosexuel ? 

Je suis pour l’égalité des droits, il faut que ce soit absolument clair. J’étais plutôt pour une union civile, je trouvais que c’était une bonne évolution, d’ailleurs Ségolène Royal a dit la même chose hier ou avant-hier. Pour une partie des Français, le mot "mariage" est lié à l’union d’un homme et d’une femme. Je peux comprendre aussi les attentes en matière d’égalité des droits et je les entends très bien. Il y a des sujets qui quelquefois sont complexes. J’espère vraiment que la France va tourner cette page et que ceci va aller en s’apaisant.

Il y a eu un certain nombre de groupuscules, de mouvements d’extrême-droite qui en ont profité pour tenir le haut du pavé. Qu’est-ce que ça reflète selon vous de l’état de l’opinion en France ? Est-ce que ça fait écho à la situation dans d’autres pays où ces mouvements ont l’air de tirer partie de la confusion ?

Je crois qu’il y a eu une radicalisation, nous l’avons vu, il y a eu une tentative de politisation, de radicalisation. Toutes ces tentatives, évidemment, ne sont pas faites pour arranger les choses et tout ça n’est pas très sain. En même temps, nous voyons bien que pour une immense majorité des Français, les questions premières ne sont pas d’ordre sociétal. C’est cela qui est absolument paradoxal. C’est-à-dire qu’on a une mobilisation et un clivage qui sont vraiment lourds et profonds, et de l’autre côté on a la grande majorité des Français dont l’attente est dans le domaine social et économique.

La procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui qui pourraient être proposées au Parlement dans les mois et les années qui viennent, est-ce que vous y êtes favorable ?

Écoutez, moi je conseillerais vivement à François Hollande, mais je crois qu’il l’a lui-même déjà dit et annoncé, de faire une pause et d’attendre. Cette loi a été votée, maintenant il va y avoir des mariages dans les mairies. Les parlementaires et les maires vont respecter la loi, c’est la loi qui s’applique à tous et pour tous. 

Vous êtes sûre que les maires de droite vont respecter ? 

J’entends la plupart, le plus grand nombre, dire "nous avons pu être en désaccord mais la loi votée s’appliquera". En tout cas c’est le vœu républicain que je formule.