"L'indépendance et la coopération avec d'autres, c'est compatible, c'est même indispensable"

Pour François Bayrou, le rassemblement du Centre doit être "indépendant" mais ouvert à "la coopération avec d'autres". "Notre liberté est inaliénable et les alliances sont utiles", a-t-il défendu sur i>télé.

La pause fiscale annoncée par François Hollande n'aura pas lieu. En tout cas, pas tout de suite. Jean-Marc Ayrault vient de reconnaître qu'elle ne sera effective qu'en 2015. Dernier épisode en date : Najat Vallaud-Belkacem déclare que finalement on la commencera bien en 2014. On ne comprend plus grand chose dans ce gouvernement... 

On ne comprend plus grand chose et les Français, à coup sûr, n'y comprennent plus rien. Le président de la République a fait une interview solennelle dans Le Monde, en août, pour dire "cette fois-ci, c'est la pause fiscale" parce que, selon la formule qu'il a utilisée, "beaucoup, c'est trop". Les Français avaient l'impression, au moins, qu'il y avait une décision prise. Et puis le premier ministre dit ce matin : "Pas du tout, ce sera pour l'année prochaine". J'observe que, depuis des années, pas seulement sous ce gouvernement, chaque fois qu'on promet des pauses fiscales ou des baisses des dépenses, c'est toujours pour les années suivantes. En réalité, la situation du pays est très préoccupante. Depuis peut-être dix ans, il y a une augmentation des dépenses publiques. La part des dépenses publiques, dans l'activité économique du pays, sera cette année de plus de 57%. Un record absolu. Cela veut dire que 57% de la totalité de l'activité économique du pays c'est l'État, la sécurité sociale et les collectivités publiques. Vous voyez bien que ça ne va pas. L'équilibre minimal, ça devrait être au moins 50% d'activité économique privée : industrie, commerce, agriculture. Maintenant s'y ajoute l'infini désordre de l'action publique, des divergences, des incompréhensions entre président de la République et premier ministre. Nous avons l'impression d'une politique au jour le jour, parfois de l'heure à l'heure.

François Hollande qui est contredit par son propre ministre, est-ce que c'est un signe d'affaiblissement du chef de l'État ? 

Ils sont dans l'improvisation, car ils ne maîtrisent pas le chemin économique que suit le pays.

Est-ce que vous regrettez d'avoir voté François Hollande en 2012 ? 

Comme beaucoup de Français, j'ai pensé qu'il fallait une alternance. J'estimais que, dans cette alternance, il y avait un espoir : que la Gauche, enfin, accepterait de faire les réformes dont le pays avait besoin. Sur ce point, on ne peut que voir, constater, qu'ils ne sont pas au rendez-vous. Je ne suis pas seul dans cette sévérité. Près d'un électeur sur deux de François Hollande ne s'y retrouve pas aujourd'hui. Il y a là un ressort très important du pays. Tous ceux qui voient, vérifient, que la politique suivie ne va pas dans le sens de la nécessité nationale. Tous ceux là, aujourd'hui, sont à la recherche d'une voix politique différente. Cette voix politique différente, c'est ce que nous essayons de reconstruire au Centre.

Vous avez accepté d'engager un rapprochement avec Jean-Louis Borloo. Jusqu'à présent, vous aviez toujours refusé de faire alliance avec l'UDI car elle était elle-même alliée avec l'UMP. Est-ce que cela veut dire que vous avez renoncé définitivement à une alliance avec le PS ? 

J'ai toujours été sur la ligne qu'il fallait une majorité réformiste pour conduire la politique réformiste du pays. J'ai toujours espéré que cela puisse se faire avec des bonnes volontés de tous les bords. Je pensais que, dans les événements que nous vivions, cette sensibilité là, qui se cache et se tait au sein du PS, qu'on appelle sociale-démocrate ou réformiste, allait s'affirmer. J'ai croisé pendant l'été beaucoup de responsables du PS qui ont cette sensibilité. Que disent-ils ? "C'est affreux, on ne fait pas la réforme des retraites". Mais ils n'osent pas s'exprimer. Il y a une discipline de parti qui est néfaste pour eux mais aussi pour la France. Il faut construire une proposition politique, une opposition différente, qui permette aux Français de retrouver un peu d'espoir.

Ça ne vous gène plus que l'UDI soit alliée avec l'UMP ? 

L'UDI a été, ce week-end, très sévère dans ses déclarations à l'égard de l'UMP. Cela prouve qu'elle est en train de prendre une indépendance.

Ce sont eux qui vous rejoignent ?

Je ne veux pas dire cela. Ce serait ridicule. Ni dans un sens, ni dans l'autre. Une chose est certaine pour moi : le Centre que nous avons à construire doit être indépendant. Cela ne veut pas dire qu'on ne puisse pas avoir des alliances. L'indépendance et la coopération avec d'autres, c'est compatible, c'est même indispensable. Les alliances sont utiles, mais ne doivent pas se faire en situation de domination. On s'entend quand on est d'accord sur le fond. Mais notre liberté, celle gagnée au travers du temps, est inaliénable, non négociable. Nous avons besoin de pouvoir dire au pays des choses qui sont sincères et senties, et non pas systématiques.

Vous parlez d'Alain Juppé, mais pas de François Fillon. Vous l'avez eu ces derniers jours au téléphone ?

Je l'ai eu au téléphone. Il n'y a aucun doute que je désapprouve ses propos, à fortiori avec l'interprétation que certains de ses amis ont voulu donner à ses propos. Je sais très bien qu'il y a une énorme pression de l'extrême-droite. Elle doit être mesurée non pas de façon électorale mais de façon civique. Ce que j'ai défendu depuis de longues années, c'est que le premier devoir d'un responsable public, c'est l'unité de son pays. Ceux qui dressent des gens les uns contre les autres, ceux qui déclenchent des guerres sur l'origine ou sur la religion, menacent la survie du pays. Il y a là des lignes de clivages qui sont, pour moi, très importantes.

Jean-Pierre Raffarin a menacé de quitter l'UMP pour vous rejoindre. L'avez-vous eu au téléphone, pour lui dire de revenir sa famille d'origine ? 

J'ai lu cette déclaration. J'ai parlé avec lui dès dimanche.

Vous avez essayé de le convaincre ? Ce serait un renfort de poids.

Non, je ne suis pas en train de faire pression. Il y a un grand nombre de responsables politiques, dans cette sensibilité, qui se connaissent. Jean-Pierre Raffarin m'a succédé au secrétariat général de l'UDF, autrefois. Nous nous connaissons très bien. Mais nous ne faisons pas pression les uns sur les autres. J'ai, depuis le premier jour, pensé que l'idée d'un parti unique ne marcherait pas. Nous voyons aujourd'hui qu'elle ne marche pas.

Est-ce qu'il a vraiment envisagé sérieusement de rejoindre le MoDem ? 

J'ai lu sa déclaration faite devant le bureau politique de l'UMP, c'était une déclaration de cet ordre. Ça n'est pas parce que nous avons des étiquettes différentes, que nous oublions les liens que nous avons eus, les idées et les combats que nous avons partagés, les amitiés que nous avons. Il s'agit d'une appréciation de ce que doit être la politique du pays dans les années qui viennent. Cette politique sera bonne, juste et forte s'il y a un pilier central qui pèse sur les événements et l'oriente. Ce pilier central, c'est les sensibilités du Centre qui sont d'accord sur l'essentiel et décidées à se réunir sans rien aliéner de leur indépendance.

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