"L'Europe a résisté et a décidé de rester unie"

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Marielle de SARNEZ, députée européenne (ADLE-France / Modem) était invitée de LCI ce matin pour réagir à l'accord trouvé entre les chefs d'État et de gouvernement sur la crise grecque.

Pour revoir la vidéo de cette interview, suivez ce lien.  

C'est un bon accord Marielle de Sarnez ? C'est un avis que vous partagez ?

Premièrement, je trouve que, oui, cet accord est favorable aux créanciers. C'est un peu normal, c'est eux qui prêtent l'argent. Mais en même temps, je trouve qu'il y a dans ce plan des choses qu'il n'y avait pas dans les plans précédents. Il y a l'obligation de conduire un certain nombre de réformes structurelles et c'est très important en Grèce. On le sait depuis 35 ans et ça fait 35 ans que ça ne se fait pas. Et d'ailleurs il faut donner acte à Alexis Tsipras qui n'est là que depuis 5 mois et qui n'est pas responsable de la situation de la Grèce détériorée depuis 40 ans. Donc il a à faire le boulot que ces prédécesseurs - aucun d'entre eux, de droite ou de gauche, socialistes ou conservateurs - n'ont fait. Il faudra que l'on soit aux côtés de Tsipras, aux côtés des Grecs pour les aider et les accompagner sur les réformes structurelles.

Deuxième chose, j'espère qu'une partie de cet argent, et c'était toute la question du fonds de privatisation, va être consacré à l'investissement. C'est extrêmement important de donner des perspectives. On peut avoir des mesures comptables et des mesures financières, mais il faut qu'on ait des mesures économiques. C'est ça qu'il y a peut-être dans ce plan, sous réserve d'inventaire.

Et enfin, troisième chapitre de ce plan, un rééchelonnement de la dette pour essayer justement de réamorcer le développement de la Grèce.

Est-ce que vous partagez l'avis de Jacques Myard, qui parle de Diktat allemand ?

Je crois que quand l'on caricature c'est pour que les choses ne marchent pas. Donc pour moi ce n'est pas du tout l'état d'esprit qui a prévalu cette nuit, et ce n'est pas mon état d'esprit. Est-ce qu'on a tous envie que l'Europe s'en sorte et que la Grèce s'en sorte ? La réponse est Oui. Mais est-ce que c'est facile ? Non, ce n'est pas facile. Si ça l'était, on n'aurait pas eu besoin de tous ces sommets, de tous ces plans depuis 5 années. Donc oui, nous avons un problème, et oui il faut y faire face ensemble. On a des courants politiques en France qui sont du côté des eurosceptiques, qui auraient aimé que tout ça éclate, que la zone euro se délite, qu'elle se défasse, que les Grecs sortent aujourd'hui de la zone euro. Et peut-être demain le Portugal. Puis l'Italie. Et peut-être, pourquoi pas un jour, la France. Certains veulent qu'il y ait deux zones, la Zone des pays forts, de l'euro fort, et puis le "club Med". Ce n'est pas du tout mon point de vue ! L'Europe a résisté et a décidé de rester unie. Si on n'avait pas été capables d'essayer d'apporter des réponses aux difficultés que traverse la Grèce aujourd'hui ensemble, comment voulez-vous que demain, on apporte des réponses à tous les enjeux qui sont monstrueux ?  L'enjeu de Daech, l'enjeu du terrorisme, l'enjeu des migrations, qui sont des questions très importantes pour l'Europe. Il fallait régler cette question de la Grèce.

Sur l'attitude d'Alexis Tsipras, cette semaine, ce mois-ci, ces derniers mois, une réaction Marielle de Sarnez ? 

Quand il est venu au Parlement européen, il nous a dit que ces 5 mois, il les a plus passés à négocier qu'à réformer. Ce qui est vrai. Au moins, il y a une lucidité chez lui qui apparait.

Sur le référendum grec, c'est plus compliqué que ça en a l'air. Un Grec avait dit cette phrase à la Raffarin «dans le Non il y avait du Oui, et dans le Oui il y  avait du non». Il y a quelque chose d'assez juste, les Grecs avaient envie d'exprimer une forme de ras-le-bol. Ca faisait des années qu'ils avaient cette frustration d'un référendum qu'on leur avait interdit d'organiser il y quelques années. En même temps, ils ont toujours voulu rester dans la zone euro. Ils voulaient dire non mais ils voulaient aussi un accord. Ce qui aurait été le plus inquiétant pour les Grecs, c'est qu'il n'y ait pas d'accord. On avait cette double attente, ou cette double expression des Grecs. Les peuples ont parfois des complexités mais il faut aussi les prendre en compte.

Le feuilleton n'est pas fini, Marielle de Sarnez, mais estimez-vous que la crise a été plutôt bien gérée par Francois Hollande, et que le couple franco-allemand a résisté ?

La France a tenu sa place. Honnêtement, ça serait difficile de dire le contraire. Le couple franco-allemand a résisté. Bien que de cultures différentes, de positions politiques différentes, ils ont géré ensemble cette nuit et c'est tant mieux. Donal Tusk a bien présidé. En tout cas, il a participé de l'accouchement de cet accord, dont nous verrons s'il est durable dans les semaines et mois qui viennent. Jean-Claude Juncker a joué également sa partie.

Mais je pense qu'il y a une double exigence devant nous. Une exigence vis-à-vis de la Grèce et du gouvernement grec. Les réformes structurelles doivent être menées, elles doivent être conduites en donnant acte à Tsipras qu'il n'est là que depuis 5 mois. Mais maintenant, c'est le temps pour lancer et faire ces réformes structurelles. Il faudra que l'Europe soit aux côtés du gouvernement grec, pour l'aider à faire ces réformes. Il faudra de l'investissement pour recréer de la croissance, travailler sur le solaire, l'éolien, se redoter d'une agriculture. Toute chose dont la Grèce aujourd'hui, et depuis 40 années, n'a plus. Je trouve que rééchelonner le plan en échange de tout cela est une bonne chose.

Une double exigence aussi pour le cercle de l'Euro. Il va falloir que le cercle de l'Euro fasse enfin, continue à faire, de la politique, et de l'économie. Que ça ne soit pas que les ministres des finances qui se réunissent mais aussi les ministres de l'économie. Qu'on fasse converger et qu'on avance vers plus de politique et plus d'économique dans la zone euro.

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