"La guerre des gauches est déclarée"

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La vice-présidente du MoDem ne voit "pas d'issue" à la crise qui agite le sommet de l'Etat. Découvrez l'interview parue ce lundi sur le site du Nouvel Obs.

Manuel Valls a-t-il eu raison de remettre la démission de son gouvernement ?

C'est une crise politique majeure avec un affrontement extrêmement clair entre deux lignes au sein d'une même majorité. Manuel Valls et François Hollande ne pouvaient pas faire autrement. Mais c'est sans issue. La guerre des gauches est déclarée. Nous allons désormais assister à l'affrontement de ces deux lignes.

Je ne vois aucune perspective : la majorité est plus que jamais coupée en deux, il n'y a plus de soutien dans le pays et nous avons des résultats économiques catastrophiques.

C'est une crise politique ou une crise de régime ?

C'est une crise politique très lourde, une crise de régime et une crise des institutions. Depuis longtemps nous expliquons qu'avec ces institutions qui installent la bipolarité entre le PS et l'UMP, qui portent en eux les mêmes clivages (il y a deux PS et deux UMP), le pays est ingouvernable.

Dans ces temps difficiles où il faut du rassemblement au-delà de ses propres frontières, la majorité est elle-même coupée en deux.

Manuel Valls peut-il se passer de ceux qui incarnent cette autre gauche ?

Il ne pouvait pas faire autre chose.

Cécile Duflot regrettait ce matin sur France Inter le quinquennat et la présidentialisation ?

Je n'ai pas envie de commenter Cécile Duflot. Mais le quinquennat n'est pas la question. La vraie question, c'est la bipolarisation. Depuis trente ans, UMP et PS disent à peu près la même chose et ne changent rien à la situation réelle du pays, avec la désespérance et la flambée de l'extrême droite que ça implique.

On ne règlera aucun problème du pays avec les mêmes institutions. Il faut des assemblées qui ressemblent au pays et qui puissent permettre des majorités d'idée et un vrai travail parlementaire démocratique. On est au bout d'un cycle institutionnel et on rentre dans un cycle de décomposition.

Jusqu'où peut aller cette décomposition ?

Jusqu'à la dissolution peut-être. Malheureusement, si on en arrive là, je crains que ce soit avec le même mode de scrutin. Je ne crois pas que François Hollande ait encore la possibilité de faire voter une loi pour changer le mode de scrutin, ce qu'il aurait dû faire depuis longtemps.

Le MoDem serait-il prêt à participer à un nouveau gouvernement ?

Non, pas du tout. La question ne se pose absolument pas. Nous avons dit à plusieurs reprises au président de la République de changer les institutions, notamment au début de son mandat par le biais d'un référendum qui aurait permis de réduire de moitié le nombre de députés et changer ainsi la donne parlementaire. Mais il ne l'a pas fait.

François Hollande subit-il les conséquences d'un coche raté en 2012 ? Notamment de n'avoir pas choisi de travailler avec François Bayrou ?

François Hollande a raté le coche mais je ne veux pas ramener ça au MoDem, ça va bien au-delà de nous-mêmes, des partis des uns et des autres. Le coche est loupé dans le pays depuis au moins 20 ans.

La gauche n'a pas fait son aggiornamento, elle n'a pas assumé clairement sa part réformiste et social-démocrate.

Est-ce que ce remaniement peut justement marquer le début du Bad Godesberg (virage social démocrate du SPD allemand) du parti socialiste ?

C'est trop tard ! François Hollande est à 17% dans le pays ! La guerre des gauches ne va pas s'arrêter. Quand il y a de l'impopularité, les hommes et femmes politique sont rarement courageux.

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