"La France a besoin de l'Europe pour retrouver la croissance"

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Sur France Inter, Robert Rochefort a appelé François Hollande a une politique européenne "beaucoup plus volontariste". À ses yeux, "il ne suffira pas de réformer la France, il faut aussi réformer l'Europe".

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France Inter - Qu'elle est votre réaction à la conférence de presse du président de la République ?

Robert Rochefort - Je suis assez d'accord sur l'idée que François Hollande pensait déjà il y a un an et demi ce qu'il a dit hier. La vraie question est : pourquoi ne l'a-t-il pas dit comme ça au début de son quinquennat ? Parce qu'il pensait que sa majorité politique ne lui permettait pas de tenir ce discours. Depuis, nous avons pu constater l'échec de sa politique économique. Quand il dit que les choses se sont améliorées, ce n'est évidemment pas vrai ! Je vais au-delà de la question du taux de chômage. Sur les parts de notre commerce extérieur, sur les taux de marge des entreprises, sur les comptes publics : tout s'est dégradé. Le chef de l'État est face à ce constat d'échec. 

Cette conférence de presse marque un tournant ?

Oui. Que fait-il à présent ? Il dit qu'il va aller dans la direction qui était la sienne mais qu'il n'osait pas affirmer. Mais, s'il ne pouvait pas le faire il y a un an et demi à cause de sa majorité politique, pourra-t-il le faire aujourd'hui alors qu'il a la même majorité ? Je ne le crois pas. Je trouve d'ailleurs un peu désagréable la façon dont il a affirmé qu'il était sûr que sa majorité le suivrait lorsqu'il y aurait un engagement du gouvernement devant le Parlement. Cela semblait laisser entendre : "Si vous ne me suivez pas, c'est votre propre poste de député qui sera menacé". Par ailleurs, derrière des propos qui sont assez clairs dans l'orientation générale, il n'y a pas de clarté dans le détail. Par exemple quand il s'agit d'alléger de 35 milliards les charges des entreprises. Il faut en imputer 20 milliards déjà en place au titre du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi). Quinze milliards supplémentaires, c'est significatif mais cela est mis en place dans la continuité de quelque chose qui n'était pas suffisant.

Qu'avez-vous pensé des orientations de François Hollande pour l'Europe ?

Je crois que je partage les mêmes idées que François Hollande sur ce que devrait être l'Europe. Il a raison de dire que l'Europe est en péril cette année. Mais si nous sommes assez proches sur le plan philosophique, la vraie question reste : comment faire l'Europe ? La seule clé avancée par François Hollande est la relance du couple franco-allemand. C'est bien, car il n'y a pas d'avancée en Europe sans le couple franco-allemand, mais c'est loin d'être suffisant ! L'Europe ne fonctionne pas. C'est à cause des égoïsmes nationaux, de chaque chef d'État qui va défendre ses intérêts à Bruxelles. Sur ce point, je n'ai pas vu de différence ou de proposition pour faire fonctionner l'Europe autrement. Je crois pour ma part que c'est un problème de démocratie. Si l'on veut que les citoyens s'emparent de la question européenne, il faut que les chefs d'États et de gouvernement proposent quelque chose qui soit lisible aux Européens, avec un président européen qui soit reconnu par tous et à terme élu au suffrage universel. On y va un peu avec le traité de Lisbonne, mais tellement lentement... Sur l'Europe, comme sur la politique française, je trouve donc que François Hollande a des mots qui sont intéressants mais que ce sont les actes qui vont compter. Et sur les actes, je ne suis pas très optimiste. 

Les mesures annoncées sont-elles capables de relancer la création d'emplois ?

Il y a quelques temps, on pouvait penser que le niveau de l'emploi se décidait dans le bureau du président de la République, avec des emplois aidés qui ajustaient le taux de chômage. Nous avons vu le résultat. Mais le taux d'emploi ne se décide pas non plus dans le bureau du président du Medef. Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne. Si l'emploi doit redémarrer, si l'investissement repart, c'est parce que la confiance sera de retour. Nous ne sommes plus dans la même situation historique que Schröder lorsqu'il réforma l'Allemagne. Le monde a changé, la globalisation est plus avancée. Autrement dit, si la France retrouve des marges de compétitivités, de la croissance, nous ne le ferons pas tout seul mais dans une logique européenne. Je vous le dis ici : il faut faire des réformes en France, mais ce ne sera pas suffisant. François Hollande l'a reconnu en parlant de faire des entreprises géantes, capables de gagner des marchés à l'international. Nous avons appris hier que Airbus a fait un record de vente d'avions en 2013. Il faut des projets de cette nature, où l'Europe passe d'un modèle privilégiant l'hyper-concurrence à un modèle coopératif. Aujourd'hui, nous avons Alstom en France et Siemens en Allemagne qui fabriquent des TGV. Ces entreprises ont maintenu une concurrence qui fait que, souvent, elles perdent les appels d'offres internationaux. Pour sortir de la crise, il faut que de grands projets de partenariats revoient le jour. 

Est-ce aussi au niveau européen qu'il faut conduire les investissements d'avenir ?

Aujourd'hui, la Banque européenne d'investissement subventionne des petits bouts de projets dans les territoires, par exemple une troisième voie sur une autoroute... Cela ne définit par une grande stratégie, c'est de la rigolade. L'Union européenne n'a pas de dettes et elle pourrait, de façon maîtrisée, lancer des emprunts pour financer de grands projets scientifiques d'avenir. Pour l'instant, elle le fait timidement. Or, quand on fait les choses à moitié, on les fait mal. Il faut une politique beaucoup plus volontariste. N'oublions pas que d'autres pays du monde fabriqueront, demain, des concurrents d'Airbus. 

L'Europe libérale est-elle une fatalité ?

Je vais peut-être vous étonner, mais je n'ai pas voté le mandat des négociations sur l'accord de libre-échange entre l'Europe et les États-Unis. Il ne me satisfaisait pas. Je crois qu'il y a un certain nombre de secteurs où l'Europe doit être plus vigilante. Je n'ai pas envie qu'il y ait du bœuf aux hormones dans les assiettes des Français. Je crois qu'il est temps que l'Europe ne soit plus naïve et qu'elle impose des clauses de réciprocité. Il est fondamental qu'il y ait des secteurs particuliers, où l'on décide que les choses doivent être paritaires, symétriques. Il n'y a aucune raison qu'un accord conduise l'Europe à se livrer et à s'ouvrir encore plus. Mais pour ne plus être naïve, l'Europe doit être forte.

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