"Je suis en opposition avec la manière dont la France est gouvernée aujourd'hui"

François Bayrou a déploré, lundi sur BFMTV, que l'intervention télévisée de François Hollande ait été une "émission de justification plutôt que celle d'une vision de l'avenir de la France".

Jean-Jacques Bourdin - Est-ce que ce matin je reçois l'un des leaders de l'opposition ?

Je suis en effet en opposition avec la manière dont la France est gouvernée aujourd'hui.

Vous êtes l'un des leaders de l'opposition ?

Leader est un mot gentil, dont je ne l'emploierai pas pour moi. Mais il est vrai que je suis en désaccord sur la manière dont la France est conduite ces derniers mois. Après des annonces qui, au début, étaient intéressantes, la réalité qui s'impose aujourd'hui est en grand décalage avec les besoins du pays et l'exigence de la fonction.

Ça veut dire que vous êtes entré dans l'opposition ?

Je n'ai pas eu à y entrer. J'ai rappelé récemment quelle était la dernière phrase de ma déclaration entre les deux tours de la présidentielle. Elle était : Si François Hollande ne sort pas du moule de la gauche habituelle et du programme insoutenable qui est le sien, je serai un opposant. 

Mais vous avez voté pour lui ! Vous êtes un Hollandais déçu ?

Non, car je n'ai jamais été un inconditionnel. La France était il y a dix-huit mois dans une situation de fracture et de rupture. Pour moi, un pays qui se fracture, dont on dresse une moitié contre l'autre, ne peut pas s'en sortir en période de crise.

Est-ce que vous êtes clairement dans l'opposition ? Les gens ont besoin de savoir où vous êtes !

Je n'ai pas besoin de multiplier les déclarations ! Essayons d'avoir suffisamment de respect les uns pour les autres, pour que nous puissions dire les choses avec suffisamment de force pour qu'elles soient indiscutable. Je suis donc un opposant à la politique du gouvernement et je pense qu'il faut une opposition différente de celle qui se manifeste à l'UMP.

François Hollande était à la télévision hier soir. J'ai fait une remarque : n'était-ce pas une aimable discussion de salon ?

Oui, c'est votre tweet d'hier soir. J'ai été frappé de deux choses, car la télévision on la regarde autant qu'on l'écoute. Sur le fond, c'était une émission en défense. Il se défendait de jugements formulés sur l'attitude de la France en Syrie, y compris par moi, car je considérais cette attitude imprudente. Il se défendait sur les impôts. Il n'y avait pas la vision d'avenir qui est nécessaire et qui devrait s'imposer. Les Français dont j'étais ne ressentaient pas qu'il y avait quelque chose de différent que nous sommes en train de construire. Un pays comme le nôtre a besoin qu'on le mobilise pour surmonter les obstacles. La deuxième chose qui m'a frappé, sur la forme, ce fut l'omniprésence des ors de la République, flamboyants, étincelants. C'était la pompe du pouvoir. Vous voyez la distance qu'il y avait entre les signes extérieurs du pouvoir de la Ve République, avec la toute puissance supposée du président, et son incapacité à dire qu'on construisait un nouveau monde.

Revenons sur le fond :  la fermeté française sur la Syrie n'est-elle pas en train de pays ?

C'est ce que François Hollande a pointé. Donc je ne veux pas lui enlever une satisfaction éventuelle. Je me suis opposé, avec toute la force qui était la mienne, à l'affirmation de François Hollande selon laquelle la France allait "punir" le régime d'Assad. Aujourd'hui, nous en sommes, avouez-le, très loin. Le fait que la France, et pas non plus l'Europe, quasiment sur son sol, à Genève, ait été mise de côté dans les négociations, veut dire que la diplomatie est redevenue l'affaire des grands. Or, nous avons construit la diplomatie de la France – et la volonté européenne – pour être parmi les grands, parmi les respectés, parmi les influents, parmi ceux qu'on écoute. 

Nous ne sommes plus respectés? Nous ne sommes plus influents ?

Ces derniers jours ont montré, par la mise à l'écart de notre pays et de l'Union européenne, qu'il y avait quelque chose qui ne correspondait plus à la vocation et à l'idée que nous nous faisons de la France. Je comprends très bien que François Hollande dise qu'il y est arrivé, mais ce n'était pas du tout son propos initial, ni son projet, ni sa vision.

François Hollande n'aurait-il pas dû recevoir personnellement, ce matin à l'Élysée, les proches des familles d'otages ?

J'espère qu'il l'a fait ces derniers mois. C'est aujourd'hui le troisième anniversaire de l'enlèvement de ces quatre Français, otages dans cette région du monde. J'ai eu leurs proches au téléphone, car ils préparent des manifestations. Je ne doute pas que le gouvernement fasse tout ce qu'il peut. Des cellules travaillent sans interruption sur ce sujet. Tous les courants d'opinion du pays doivent manifester leur solidarité et leur profonde sollicitude à l'égard de ceux qui sont dans l'inquiétude et de ces quatre hommes qui, là-bas, sont sans nouvelles depuis plus de 1.000 jours.

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