"Je protégerai la pêche artisanale en France car elle est responsable et durable"

François Bayrou, en déplacement en Normandie, a pris la défense des petits pêcheurs français, vendredi 6 avril.
"Il était question de déguster des fruits de mer !", s'est écrié avec le sourire François Bayrou en descendant de l'autocar qui l'a amené à Granville dans la Manche. "C'est un accueil républicain que nous vous offrons Monsieur Bayrou", a adressé le maire venu à sa rencontre accompagné de quelques conseillers généraux de tous bords politiques. Sur le port de plaisance, le candidat à la présidence de la République a pu profiter du bon air marin lors de la visite d'une digue surplombant les terrains ensablés et humides laissés par la marée basse. Lorsqu'on lui proposa d'aller visiter un peu plus tard le plus vieux gréement de Granville, l'édile ne bouda pas son plaisir. "Je ne suis effrayé ni du mouvement des bateaux, ni des avions, ni des voitures. J'ai un tempérament assez rustique", a-t-il expliqué aux journalistes qui lui posaient la question d'un éventuel mal de mer. Sur le chemin du local où attendait un buffet avec lesdits fruits de mer tant espérés par le député des Pyrénées-Atlantiques, il pu s'entretenir avec le maire de Granville sur le sujet principal de l'après-midi: la situation de la pêche et des pêcheurs artisanaux.
"Nous devrions créer un statut particulier pour les petits pêcheurs"
Après s'être restauré avec quelques bulots, François Bayrou a rejoint la criée de Granville. Il y a observé les cageots remplis de crustacés encore vivants et a dialogué avec les responsables. Puis, dans l'une des salles de réunions, il a longuement écouté les préoccupations d'une délégation de marins-pécheurs au sujet de leur métier "qui est en train de disparaître", ont-ils expliqué. "J'espère que ce n'est pas le cas" a répondu avec gravité le candidat à la présidence de la République.
Granville est le premier port coquiller de France et le 6e port de pêche du pays, les enjeux de l'avenir de la pêche artisanale sont donc majeurs pour les habitants de la commune. "Le problème de la pêche artisanale française ne porte qu'un seul nom : l'Europe, l'Europe, l'Europe", a dénoncé un des représentants, "mais c'est aussi de la faute de la France qui n'a rien fait pour nous défendre !". Les patrons de pêche se plaignent de quotas irréfléchis, basés sur des études qui, à leurs yeux, ne correspondent pas à tous les lieux d'exploitation en Europe, mais donnent lieu à des réglementations uniformément appliquées. "Aujourd'hui, on relâche des tas de raies brunettes à la mer, car on n'arrête pas d'en pêcher, mais on ne peut pas les exploiter, car les études ont montré qu'il n'en existe pas dans les eaux des pays scandinaves et qu'elles doivent donc bénéficier du statut d'espèce protégée", a expliqué un professionnel, "c'est comme s'ils cherchaient des chamois alpins ici et décrétaient qu'ils sont en voie de disparition".
Pour François Bayrou, ces règlements inadaptés doivent changer. "On empêche les gens de vivre à cause de ces règles administratives faites à l'aveugle" a-t-il affirmé. Quant à l'Europe, "elle existe avant tout pour nous défendre de la concurrence de pays comme la Chine. Elle ne devrait pas, excusez-moi de l'expression, emmerder les pêcheurs". Alors qu'il est chaque jour plus dur pour les marins pêcheurs de vivre du fruit de leur travail, et que la charge horaire est toujours plus grande, François Bayrou s'est prononcé pour la création d'un statut particulier des "pêcheurs artisanaux". "La hausse du gasoil, les quotas qui favorisent la pêche industrielle, nous devrions régler tout cela par la création d'un statut particulier des pêcheurs qui pratiquent cette pêche artisanale, responsable, professionnelle et qui fait vivre plus de gens que la pêche industrielle".
L'élu béarnais a également proposé que les experts qui définissent les quotas sur les espèces soient en partie désignés par ces mêmes pêcheurs "qui n'ont pas attendu les écologistes pour faire une priorité de la gestion des ressources". "Je reviendrai en tant que président de la République afin d'appliquer les promesses que je tiens aujourd'hui", a-t-il conclu.
Affaire Erika : "Casser la décision de justice serait inquiétant"
À la sortie de la criée et en conclusion de sa visite à Granville, François Bayrou a visité le plus vieux gréement du port : le Marité. En pleine rénovation, il a parcouru ce navire du pont jusqu'à la cale, avant de tenir un point presse à l'occasion duquel il a réaffirmé ses engagements pour les des pêcheurs. "On a besoin de reconnaitre les pêcheurs artisanaux de France", a-t-il déclaré aux journalistes. "Ce sont des pêcheurs qui respectent la production et qui sont durables".
Le candidat à la présidence de la République est également revenu sur l'affaire Erika, alors que son jugement menacé d'être annulé en Cour de Cassassion fait ces jours-ci la Une de l'actualité. "Cette décision a posé une jurisprudence intéressante sur la responsabilité de l'affréteur. Si elle venait à être cassée, cela serait très inquiétant", a-t-il analysé. La casser serait très inquiétant". Après avoir serré la main à quelques habitants venus voir le candidat sur le quai du port, François Bayrou a repris la route en direction de Caen, où il tenait ce soir un meeting.