"Il n'y a plus de majorité pour ce gouvernement"

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Au lendemain de l'annonce du remaniement, Marielle de Sarnez a exprimé ce matin son inquiétude pour l'avenir du pays au micro d'i>Télé.

Thomas Porcher - Ce que demande Monsieur Montebourg, c'est une politique de relance de la demande et une baisse des impôts pour les ménages afin qu'ils puissent retrouver du pouvoir d'achat et ainsi relancer la croissance. Qu'en pensez-vous ? 

Marielle de Sarnez - À l’entendre tout va très bien. Puisqu’on fait de la dette depuis 30 ans, on devrait être les premiers au monde en matière de croissance. Franchement, il y a beaucoup d’inepties qui ont été dites par les hommes politiques sur cette question comme s’il y avait une baguette magique, comme s’il y avait une autre politique, comme s’il suffisait de laisser filer la dette et les déficits. Ce n’est pas sérieux, c’est de la démagogie.

Il n’y a pas de politique d’austérité en France. Il y en a eu une effectivement en Grèce où l'on a coupé les salaires de 40 %, 50 %, 60 % mais il n’y a pas de politique d’austérité en France. Donc il faut arrêter de raconter des bêtises.

Il n’y a pas de politique. À la vérité, il n’y a pas de vision, il n’y a pas de direction : on augmente les impôts un jour, on annonce qu’on va peut-être les baisser le lendemain ; on sanctionne les entreprises un jour, on annonce qu’on va peut-être les soutenir le lendemain. C’est ça qui ne va pas en France, on n’a pas de cap, on n’a pas de vision claire, il n’y a pas de stabilité pour celui qui veut investir, qui veut entreprendre, qui veut créer.

Thomas Porcher - C’est vrai, il n’y a pas de vision, on est d’accord : ça change tout le temps et pour les entrepreneurs ça ne permet pas d’avoir une bonne confiance. Maintenant, on n’a pas la même politique d’austérité qu’en Grèce ou en Espagne, on fait moins de cures d’austérité très fortes mais quand même on a une politique d’économie qui a été menée : on a économisé 50 milliards.

Marielle de Sarnez - Mais ils ne sont pas économisés, ce sont des mots seulement et c’est pour ça aussi que j’ai une distance avec le gouvernement et avec ce qu’il fait depuis deux ans. On a des discours, on a des mots, on nous annonce des choses, on nous annonce des économies, on nous annonce une réforme de l’Etat, on nous annonce des baisses de la dépense publique, mais ça n’existe pas, ce n’est pas réel. Les seules « économies » qui ont été faites sont grâce à l’augmentation des impôts. Il n’y a pas eu de réforme de l’État, il n’y a pas eu de baisse de la dépense publique depuis deux ans. On nous raconte des histoires.

Bruce Toussaint - Sur le plan politique, vous choisissez quelle Une ce matin : « Crise de régime » comme Le Figaro ou Libération « Quel spectacle » pour Le Parisien ?

Marielle de Sarnez - J’achète les deux. Parce que c’est une crise de régime, c’est une décomposition. Ce qu’on a vu là c’est une fracture, une gauche fracturée…

Bruce Toussaint - Ce n’est pas la première fois qu’un ministre se fait virer du gouvernement ?

Marielle de Sarnez - Je n’ai pas le souvenir d’une crise aussi grave depuis très longtemps. Ce qui se passe c’est qu’on a une heure de la vérité de la gauche, des deux gauches : une gauche qui se dit sociale-démocrate, qui a avec le réel une relation normale, et une gauche plus idéologue, qui nie un peu trop le réel. Donc on a une clarification de la gauche. Manuel Valls ne pouvait pas faire autrement que ce qu’il a fait hier : faire acte d’autorité. Et en même temps je crains que ce soit à moyen terme sans issue. En tous les cas sans perspective. On a aujourd’hui un Président de la République à 17 % d’opinion favorable. On a des résultats économiques qui sont extrêmement mauvais. On a évidemment une confiance qui n’est pas là et qui n’existe pas malgré les discours, malgré les intentions affichées. Et on a aujourd’hui une majorité coupée en deux au gouvernement et probablement demain au Parlement. Je suis d’une grande inquiétude pour le pays.

Christophe Barbier - Parce qu’il y a une grande inquiétude pour le pays, à un moment donné plutôt que de laisser le pays s’enfoncer, pourquoi n’y aurait-il pas des propositions d’union nationale ? François Bayrou est le premier à avoir attendu des choses de François Hollande qui ne sont pas venues, ça l’a rejeté vers sa droite, mais vu la situation économique n’est-il pas temps de rouvrir ce débat sur une union nationale ?

Marielle de Sarnez - Nous sommes le centre. À la vérité, la gauche comme la droite, qui depuis trente ans prennent alternativement le pouvoir, ne changent rien dans la vie des gens, ne changent rien dans la gouvernance. On a deux droites, comme on a deux gauches et évidemment il faut réformer les institutions. Évidemment, il faudra avoir demain un Parlement qui ressemble à la France, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Je crois que cette crise peut aller jusqu'à la dissolution : je crois que nous pouvons avoir des blocages au moment du budget, je pense que nous pouvons avoir une majorité qui va tanguer sérieusement. Il n’y a plus de majorité pour ce gouvernement. La gauche est cassée en deux, elle est fracturée. Donc évidemment quand vous avez 17 % d’opinion favorable et que vous avez une majorité coupée en deux, c’est très difficile d’aller jusqu’au bout.

Bruce Toussaint - Il n’y a que trente frondeurs, un gouvernement peut se composer avec ça.

Marielle de Sarnez - J’entends votre optimisme, j’aimerais le partager mais j’ai des craintes sur le fait qu’on pourra aller jusqu’au bout, sur le fait qu’ils vont pouvoir gouverner. Je ne pense pas qu’ils ont les outils nécessaires pour assumer le gouvernement de la France.

Bruce Toussaint - Vous pouvez nous répondre très clairement s’il y a un coup de fil aujourd’hui ?

Marielle de Sarnez - D’abord il n’y aura pas de coup de fil parce que Manuel Valls connaît notre position donc ce n’est pas une hypothèse. Ne faisons pas de politique fiction, les choses sont trop sérieuses et trop importantes. C’est trop grave en ce moment ce qui se passe. Les fractures de la gauche, ça fait très longtemps que nous les prévoyons avec François Bayrou. La cohabitation entre l’idée de la social-démocratie et cette deuxième gauche ne peut pas fonctionner.

Bruce Toussaint - Vous ne voulez pas faire de politique fiction mais vous avez voté pour François Hollande donc ce n’est pas si aberrant.

Marielle de Sarnez - Je vous réponds qu’il n’y a pas d’hypothèse. Je ne partage pas la vision qui est aujourd’hui celle de François Hollande. Je ne connais pas d’ailleurs sa politique. Dans les intentions, quand j’entends ce que Manuel Valls dit en matière de social-démocratie, je trouve que ça va plutôt dans le bon sens mais que ça n’est pas suivi des faits, il n’y a pas d’acte, ils n’ont pas la majorité au gouvernement pour gouverner. Je suis pas sûre que tout ceci ira jusqu’au bout.

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