"Élu Président le 6 mai, j'organiserai le 10 juin un référendum de moralisation de la vie publique"

François Bayrou a proposé une série de mesures concrètes pour moraliser la vie publique, face aux lecteurs du journal Metro, mercredi 14 mars.

Jérôme : Vous proposez d'augmenter la TVA de deux points. Dans cette optique de nécessaire désendettement de la France, cela n'entraînera-t-il pas une baisse du pouvoir d'achat des Français ?

Sûrement pas. Vous avez dit une hausse de la TVA de deux points, ce n'est pas exact. Je propose une hausse d'un point et, si c'est nécessaire, d'un autre point deux ans plus tard. Une telle augmentation ne se répercutera pas sur les prix : les circuits de distribution ne changent pas les étiquettes pour 1%. Je propose par ailleurs de baisser de 80 à 60 milliards d'euros les avantages fiscaux considérables qui ont été accordés aux plus chanceux. Car vous avez bien dit les choses : il y a une nécessité vitale de sortir du surendettement. Si nous n'y faisons pas face, on va se retrouver d'ici peu de mois dans une situation comme celle de l'Italie, où les salaires et les retraites ont été baissés. C'est tout ce que je ne veux pas pour la France.

Francis : Vous voulez favorisez le "produire français ». Est-ce que, là aussi, ça ne conduira pas à une hausse des prix ?

La hausse des prix, ce n'est pas grave si la qualité suit. Quand vous achetez une bicyclette, vous n'achetez pas forcément le premier prix : ça compte qu'elle soit solide, performante. C'est pareil pour un vêtement. Je sais très bien qu'on ne sera pas concurrentiel avec l'Asie sur le premier prix. Mais ce qui me frappe quand on regarde la situation européenne, c'est que les Allemands ont gardé le haut de gamme dans tous les produits. Il n'y a pas de raison que la France ne fasse pas pareil.

Jérôme : Vous reprochez aux entreprises de délocaliser, mais les règles du commerce international les y encouragent. Ne faut-il pas les changer ?

Nous sommes un pays exportateur. Imaginez que nous fermions nos frontières. Vous croyez que les autres laisseraient les leurs ouvertes ? Moi, ce qui me désespère, ce n'est pas les délocalisations, c'est qu'on perde les produits. Les Allemands délocalisent une partie de la production mais ils gardent le montage final, la recherche, le marketing... Nous, nous avons laissé partir la totalité, et c'est là qu'est pour moi la très grande faiblesse.

Caroline : Il est très difficile pour les jeunes de trouver un emploi. Comment les aiderez-vous ?

Je propose que dans les entreprises de moins de 50 salariés, on puisse créer un emploi sans avoir aucune charge à payer pendant deux ans, pourvu que ce soit un emploi en CDI destiné à un jeune primo-accédant à l'emploi ou à un chômeur. Il y a 2,5 millions d'entreprises de moins de 50 salariés en France. Si une sur cinq a recours au dispositif, ça fait 500 000 emplois créés.

Francis : Les enseignants débutants sont quasi systématiquement affectés en ZEP. Que comptez-vous faire pour que ce ne soit plus vécu comme une sorte de bizutage ?

Je ne suis pas sûr que ce soit vécu comme cela. Je connais beaucoup d'enseignants qui n'ont pas l'impression d'être déclassés quand ils sont en ZEP, et même qui trouvent dans ces établissements des équipes de professeurs soudées. En revanche, il faut favoriser le fait que les gens restent à ces postes. De ce point de vue, des avantages peuvent être offerts, en indices au cours de la carrière par exemple.

Felix : Que proposez-vous pour lutter contre l'insécurité ? Je n'ai rien vu dans votre programme sur le sujet...

C'est que vous n'avez pas bien cherché. Je pense que le premier problème de la sécurité, ce sont les très jeunes mineurs délinquants. Il faut une réponse instantanée : une comparution immédiate, avec prise de mesures éducatives. Dans les zones de non-droit, je suis pour que des unités de police de proximité soient remises en place et pour qu'un représentant de l'Etat, avec grade de sous-préfet, soit installé pour coordonner les actions. Il sera obligé de résider sur place, pour que l'Etat ne soit plus ce qui vient de l'extérieur dans les quartiers en difficulté.

Caroline : Nicolas Sarkozy souhaite diviser par deux l'immigration et réviser les accords de Schengen. Que proposez-vous ?

Je n'aime pas qu'on fasse croire aux gens des choses qu'on ne fait pas ensuite. Nicolas Sarkozy s'est fait élire sur les thèmes de l'immigration. Elle n'a pas diminué d'une personne en dix ans. Quant à sortir des accords de Schengen, qui peut faire croire qu'on va remettre des barrières entre la Belgique et la France ? Dany Boon pouvait y penser, pas le gouvernement français. Si il y a un moyen de lutter contre l'immigration clandestine, c'est par une collaboration entre les pays européens, à condition qu'on se focalise sur la vraie question : les frontières extérieures de l'UE.

Camille : Vous prônez une refondation de l'Europe. Comment comptez-vous la rendre plus porche des citoyens ?

Il faut que les dirigeants européens soient élus, au lieu que des personnalités dont personne ne connaît le nom ne soient désignées par des conciliabules secrets. Je veux un président européen élu au suffrage universel.

Caroline : Que ferez-vous pour restreindre les privilèges de nos élus ?

Elu Président le 6 mai, j'organiserai le 10 juin un référendum de moralisation de la vie publique, dans lequel je proposerai d'interdire le cumul des mandats, de diminuer le nombre de parlementaires, d'instaurer une dose de proportionnelle, d'interdire le mélange des intérêts privés et publics, et de mettre en place un certain nombre de règles nouvelles comme la reconnaissance du vote blanc : la voix d'un citoyen qui dit 'je ne veux pas de vous' doit être prise en compte.

Camille : Vous souhaitez mettre en place un gouvernement d'union nationale. Comment comptez-vous convaincre des hommes de gauche et de droite de vous rejoindre, et que ce ce gouvernement reste efficace ?

Il y aura une petite partie de bras de fer. Si les Français, ont décidé, comme je le propose, de donner ce coup de poing sur la table, cela veut dire qu'ils auront une très grande exigence. Je leur dirai donc une fois élu : on va former un gouvernement qui rassemble les sensibilités, mais je vous demande d'exiger des élus pour qui vous allez voter aux législatives qu'ils s'engagent à soutenir un certain nombre de principes de l'unité nationale. Par exemple l'effort pour rebâtir notre appareil producteur ou la moralisation de la vie publique. Ceux qui refuseront seront battus.

Félix : Quelles sont les personnalités que vous pourriez agréger autour de vous ?

Je ne vous le dirai pas : j'ai des idées très précises mais aujourd'hui ils seraient obligés, pris par les logiques partisanes, de décliner. Des gens au profil similaire à celui de Jacques Delors existent aujourd'hui. Je n'aurai aucune difficulté à les agréger. Je prendrai aussi dans la société civile des gens compétents, expérimentés et désintéressés.

Félix : Si vous êtes battu en mai, que ferez-vous ?

Si vous entrez dans un match en vous demandant ce que vous ferez si vous perdez, vous n'avez aucune chance de gagner. Il y a des années que je mène ce combat et que j'ai prédit presque ligne à ligne ce qui allait arriver. Je me suis battu sur les affaires, contre la privatisation des autoroutes, j'ai résisté à l'idée qu'il fallait que tout le monde se range au côté de Nicolas Sarkozy. C'est parce j'ai résisté que je sais que l'on peut tenir bon dans les épreuves. Je ne cesserai pas de me battre pour mes idées.

LCI : Ça ne vous déçoit pas que 60% de vos électeurs de 2007 n'aient pas l'intention de revoter pour vous, selon un sondage Ipsos ?

Vous n'en savez absolument rien. Au fur et à mesure que le temps avance, cela va changer. Dans les sondages à la question "En qui ai-je confiance ?", je suis premier. "Qui a les meilleures solutions pour la France ?" Je suis premier. "Qui représente le mieux le peuple ?" Je suis premier. Cela veut dire qu'un fort potentiel est là. Il faut simplement le déclencher, et ceci est affaire de campagne électorale. Celle-ci ne manquera pas de surprises.

Metro : Quelle serait votre première décision si vous êtes élu ?

Une chose très pratique : mettre en place une mutuelle pour que tous les jeunes qui ne peuvent pas accéder à un logement, parce qu'ils n'ont pas la caution de leur famille, puissent le faire.

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