Cyclone : "La Réunion va mettre des semaines avant de s'en remettre"

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"Nous mettrons sans doute des jours, voire des semaines, avant de nous en remettre", déplore Thierry Robert le député-maire de Saint-Leu, la commune de la Réunion la plus touchée par le cyclone Bejisa et endeuillée par la mort d'une vieille dame.

C'est sur son territoire de la façade ouest de l'île qu'est à déplorer le seul décès recensé jusqu'à présent, une femme de 86 ans qui habitait seule à Piton Saint-Leu, un quartier situé sur les hauteurs de la ville. "On ne sait pas ce qui s'est passé, ce matin nous l'avons retrouvée morte devant sa porte" raconte un voisin encore sous le choc.

"Le vent a soufflé très fort cette nuit, personnellement je n'avais jamais vécu ça, la vieille dame a peut-être cherché à se réfugier chez quelqu'un et elle est tombée en ouvrant sa porte", commente un autre voisin.

Plus chanceuses une centaine de personnes venant de plusieurs quartiers saint-leusiens ont trouvé refuge à temps dans les différents centres d'hébergement. Elles s'y trouvaient encore vendredi en milieu de journée.

Une vingtaine de famille ont en revanche tout perdu. Les rafales cycloniques ont emporté le toit de leur maison ou fait s'écrouler une partie des murs en tôle.

Plusieurs bâtiments publics ont également été atteints par des chutes d'arbres ou des montées d'eau. La "vision est apocalyptique", lâche Thierry Robert, qui a écrit au Président de la République pour que la Réunion soit classée zone sinistrée.

Le secteur agricole a aussi payé un lourd tribu. "Nous pouvons d'ores et déjà dire que notre agriculture est sinistrée à 100%, nous n'avons plus rien", déplore le député-maire devant des champs de maraîchage inondés. Et il redoute que la pluie persistante sur les hauteurs n'aggrave encore les dégâts.

"J'allais tout juste récolter mes piments et mes tomates", se désole un agriculteur devant sa serre dévastée par le vent.

Le même spectacle de désolation est similaire ailleurs dans la commune. Des arbres déracinés, des enseignes de magasins, des panneaux publicitaires et de signalisation arrachés encombrent les chemins communaux et les rues du centre ville. Là, les chaussées sont partiellement inondées ou recouvertes d'un tapis glissant de feuilles et branchages. "Toute la voirie a souffert", souligne un employé communal affecté avec son équipe au nettoyage des voies de circulation.

Le petit port de pêche et de plaisance n'a pas non plus été épargné. Si les barques hissées à temps à terre n'ont pas été dégradées, celles qui sont restées à quais sont remplies d'eau. Jean-Marc écope comme il peut avec l'aide de deux autres pêcheurs venus lui prêter main forte. "Je ne pensais pas qu'on allait avoir autant de problèmes, d'habitude on n'a jamais besoin d'écoper", affirme-t-il en déversant par seaux entiers l'eau qui alourdit son embarcation. Plus loin, un autre pêcheur rejette à l'eau les paquets d'algues qui ont envahi sa barque.

Dans le bassin portuaire, la mer est recouverte d'un épais tapis de détritus divers. "Qui va nettoyer tout ça ?", se demande Jean-Marc. "Il y en a pour de jours", soupire-t-il.

Dès l'aube, alors que l'alerte rouge était encore en vigueur, beaucoup d'habitants ont commencé à déblayer les alentours de leur maison et à réparer ce qui peut l'être. "Cyclone la fini allé, i fo relève la tète (le cyclone est parti, il faut maintenant relever la tête ­ en créole réunionnais)", estime une jeune mère de famille.