"Contre le CDD à perpétuité, imaginons un contrat unique et universel, avec plus de souplesse"

François Bayrou était au Salon des Entrepreneurs à Paris, jeudi 2 février, où il a répondu aux questions de "Cadres & Dirigeants".

Cadres & Dirigeants  - Les créations d’entreprise ont chuté de 11,6 % en 2011. Comment faire pour les relancer et permettre aux entreprises de se développer ?

François Bayrou - Il y a eu beaucoup de créations d’entreprise ces dernières années grâce à l’idée de l’auto-entrepreneur. Cela ne plaît pas à tout le monde, les professionnels déjà en place considèrent que ce n’est pas assez exigeant, mais je trouve que c’est une bonne idée, c’est un bon chemin vers la création d’entreprise.

Deuxièmement, il y a probablement quelque chose à faire dans l’école, dans la société pour développer l’esprit d’entreprise, pour expliquer que ce n’est pas des privilèges, expliquer que c’est une aventure et une aventure qui peut être très heureuse. Cette activité tout à coup devient sa vie, sa réussite, sa promotion. Il faut changer l’esprit des Français autour de l’idée d’entreprise. Je m’aperçois avec bonheur que c’est très souvent dans les milieux les moins favorisés, dans les cités, que l’esprit d’entreprise entre dans la tête et dans le cœur des jeunes qui disent : “Après tout, puisque l’on ne veut pas nous faire notre place, nous nous allons nous la faire”.

C&D - Pour relancer l’emploi, vous proposez “Zéro charges” pour l’embauche d’un jeune ou d’un chômeur, est-ce vraiment efficace et en avons-nous les moyens ?

FB - Il y a cinq ans, je proposais deux emplois sans charges, sans spécifications de celui que l’on embauche. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus le faire, nous n’en avons plus les moyens. Cependant, nous avons un problème particulier avec les jeunes à qui l’on n’offre pas le tremplin pour entrer dans l’emploi et nous avons un problème particulier pour les toutes petites entreprises, que cela effraie de passer la marche qui va vers un salaire à temps plein chargé. Cette idée de dire : “Pendant deux ans, on vous offre les charges. Vous embauchez un jeune et un chômeur, vous avez un magasin, très bien, vous allez être aidé. Vous avez un artisanat, très bien, vous allez être aidé et pouvoir former en même temps”. Moi, je trouve en tout cas que cela répond concrètement aux préoccupations des uns et des autres.


C&D - Vous défendez un contrat de travail unique. Quelle sécurité pour les salariés ?

FB -La sécurité que l’on donnera en définissant le contrat de travail unique. Je ne suis pas pour la précarité. Je trouve qu’il y a trop de CDD en France et l’on croit s’en tirer en disant : “les CDD, c’est 10 % de plus”. Après, vous être libre de toute évolution, personne ne vous [met] de contraintes. Cela vient aussi du fait que vous ne pouvez pas garder quelqu’un que vous avez envie de garder. Vous êtes obligé de le licencier parce qu’autrement, ce serait une titularisation. Et vous ne voulez pas prendre [ce] risque. Sans toucher aux contrats de travail existants, parce qu’on ne va pas remettre en cause ce qui existe, il faut poser la question avec l’ensemble des partenaires sociaux. Est-ce que l’on peut porter remède en simplifiant considérablement, en trouvant un contrat de travail qui serait un contrat de travail universel, qui offrirait des protections et qui en même temps offrirait des garanties de souplesse. Je trouve que c’est une bonne idée et la discussion mérite d’être ouverte. Ce n’est pas défini par un candidat aux présidentielles, qui vous dit : “Je vous impose le contrat de travail suivant : article 1, article 2, article 3...”. , mais je pense que l’idée qu’un candidat à l’élection présidentielle dise : “C’est trop compliqué en France le droit du travail, c’est un labyrinthe. Il y a des entrepreneurs qui refusent d’embaucher parce qu’ils ont peur d’être bloqués dans le contrat de travail. Il y a des salariés qui sont à perpétuité dans un CDD, est-ce que l’on ne pourrait pas trouver quelque chose qui soit plus universel, un contrat de travail universel, avec une certaine souplesse ?” Cela a du sens. Après, aux partenaires sociaux de dire quel est leur sentiment et à l’État, à la puissance publique, d’exposer devant eux, et avec eux, les avantages que cela aurait. L’opinion publique, aussi, doit y être associée.

Vous savez que je défends depuis très longtemps l’idée que le premier devoir d’un président de la République, c’est la pédagogie civique, c’est d’aller devant les citoyens pour dire ce qui se passe et comment il ressent les choses. Il ne s’agit pas de le faire une fois tous les six mois, dans une grande messe, où vous bloquez tous les téléspectateurs. Mais, simplement, dans un contact régulier. Dans mon esprit, cela doit presque se faire de manière hebdomadaire, en tout cas plusieurs fois par mois. Vous parlez aux Français des problèmes réels pour faire progresser, non pas votre parti, mais la conscience des difficultés qui se rencontrent, pour désamorcer les bombes qui existent dans les peurs, pour démythifier, pour sortir des fantasmes dans lesquels les uns et les autres vivent. Je pense que cela a beaucoup de sens. Si je suis élu président de la République, ce sera une innovation très importante, parce que j’appliquerai cet exercice de pédagogie civique.

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par