La restauration collective au cœur de la transition écologique de l’agriculture - par Nicolas Turquois

Nicolas Turquois

Nicolas Turquois est député de la Vienne, membre de la commission des affaires économiques. Retrouvez sa tribune parue dans l'ouvrage La loi juste édité par le Groupe Mouvement Démocrate et Apparentés à l'Assemblée nationale.

"J’aimerais citer de nombreux points dont je suis fier après deux ans de travail parlementaire, mais, s’il y a un sujet qui me tient à cœur, c’est bien celui de l’agriculture ! De nombreux aspects doivent être abordés, mais l’enjeu majeur est de pouvoir concilier la transition écologique que les Français appellent de leurs vœux et le besoin criant de rentabilité pour nos agriculteurs.

À l’occasion des débats autour de la loi Agriculture et Alimentation (EGALIM) avec le précédent ministre de l’Agriculture, Stéphane Travers, un constat m’avait surpris. En achetant de la viande bovine dans une grande surface, il y a plus de 90 % de chance pour qu’elle soit d’origine française. Les distributeurs, aussi par peur d’éventuels scandales sanitaires, sont rassurés d’"acheter français", ce qui est une marque de grande confiance dans nos systèmes de production et de contrôle.

En revanche, la viande bovine servie dans les assiettes de la restauration collective publique a moins de 60 % de chance d’être originaire de nos élevages français, et pour une raison principale : la restauration collective publique privilégie le prix au détriment de l’origine !

L’un des enjeux pour la filière bovine, et plus largement pour les agriculteurs et éleveurs français est là : la restauration collective publique. Chacun y est confronté au cours de sa vie, notamment dans les cantines scolaires, voire universitaires. Ces cantines sont souvent assimilées à une alimentation de 2e classe : aliments de qualité moyenne, plus ou moins bien cuisinés. Et si, sur quelques territoires, certaines initiatives ont déjà vu le jour pour améliorer la qualité de ces menus, en privilégiant les circuits courts et les filières de qualité, ces initiatives sont encore trop peu nombreuses.

Or, si nous voulons redonner à nos concitoyens l’envie des bons produits bien cuisinés, nous devons leur en montrer l’intérêt dès leur plus jeune âge !

C’est dans cet esprit que nous avons voté l’obligation d’ici 2022 d’utiliser en restauration collective publique a minima 50 % d’aliments issus soit du bio (20 % minimum), soit de filières de qualité (labels, AOP), soit de circuits courts. Au-delà de l’éducation au "bien et mieux manger", c’est également une véritable opportunité de production pour nos agriculteurs qui s’ouvrent à eux !

Il est maintenant essentiel que l’agriculture française se structure pour répondre à cette demande nouvelle, qui a du sens d’un point de vue écologique, mais aussi d’un point de vue sociologique et économique. Cela passe entre autres par le développement de l’agriculture biologique, mais aussi par la mise en œuvre de solutions locales pour le conditionnement de la production (abattage mobile pour être au plus prêt des éleveurs, conserverie locale...). C’est aussi une opportunité pour les collectivités locales qui peuvent ainsi mettre en place dans leur périmètre une vraie offre agricole de proximité, en co-construction avec les agriculteurs du secteur.

Ce chiffre de 50 % d’aliments de meilleure qualité dans les cantines n’est pas qu’une mesure technique, mais représente un vrai tournant pour l’agriculture française, mais aussi nos habitudes alimentaires. S’intéresser à ce qu’il y a dans son assiette, prendre le temps de connaître les aliments et apprendre à savoir les cuisiner est un enjeu tout aussi important. Car même avec les meilleurs aliments, la restauration collective publique ne réussira pas cette transformation si nous n’accompagnons pas cette démarche d’une véritable montée en gamme de la façon de cuisiner. Une carotte bio mal cuite restera toujours pour les enfants une carotte mal cuite.

Alors à quand les Top Chef des cantines scolaires ?"

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