Intervention de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports  

Retrouvez l'intervention de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. 

Seul le prononcé fait foi.

Vous me permettrez, pour commencer, d'avoir une pensée pour Marielle, puisque la dernière fois que je suis venu, je la vois encore avec son beau sourire m'accueillant et j'ai évidemment une pensée pour elle, comme j'imagine vous l'avez en permanence pendant toutes ces journées.

Merci à toi, Jean-Noël, pour l'invitation. Cela m'a évidemment fait très plaisir. Pour rien au monde, je n'aurais raté le fait de pouvoir vous parler, même si j'aurais aimé encore plus être présent. Merci à François bien sûr et à vous tous, Patrick qui doit être là, Marc, Jacqueline, Geneviève, mes collègues du Gouvernement.

Vous le savez, je suis devenu un fief Modem depuis un peu plus d'un an avec l'arrivée de Nathalie et de Sarah, que je salue aussi. Je sais qu'elles ont beaucoup participé aux ateliers.

Je suis toujours très heureux d'être en convergence et en rencontre avec vous.

Merci pour cette invitation. Je sais que vous avez déjà abordé des thèmes très importants, qui sont essentiels, non seulement pour le prochain programme présidentiel et législatif, mais tout simplement pour la France.

Vous avez parlé d'écologie humaniste, de démocratie, d'Europe bien sûr, d'égalité des chances, autant de sujets que je touche moi-même.

Je pense d'ailleurs au thème européen dont vient de parler Clément Beaune, si essentiel, auquel nous participons tous. Hier, j'étais dans ces conférences qu'il organise. Pour ma part, c'était à Strasbourg. C'est l'occasion de pousser le thème européen dans ses dimensions les plus concrètes. 

Je signale au passage que l'Éducation devient de plus en plus un sujet européen et je le pousse tel et nous allons faire avancer beaucoup de sujets à l'occasion de la présidence française de l'Union européenne, comme la circulation des professeurs en Europe, la formation des professeurs conçue de manière plus européenne, la mobilité des lycéens professionnels, des sujets très concrets et très européens à la fois.

Vous avez abordé beaucoup de sujets.

Je voudrais, dans le temps qui m'est imparti, essayer d'être complémentaire de ce qui a pu se dire et peut-être lancer le débat, car je crois que vous avez prévu qu'il y ait des échanges avec la salle, en voulant finalement développer une idée assez simple, mais, à mes yeux, extrêmement importante.

Au fond, nous sommes dans un période historique, très particulière, très complexe, où la démocratie peut se sentir fragilisée et, alors même que, dans les années 1990, nous pensions que l'horizon démocratique était ouvert, ces dernières années, nous pouvons avoir le sentiment d'une inquiétude démocratique aussi bien d'un point de vue externe, puisque, sur le plan géopolitique, les régimes autoritaires gagnent du terrain, mais aussi sur le plan interne, puisqu'il y a des forces anti-démocratiques, antirépublicaines qui prennent de l'importance dans notre pays, comme dans d'autres pays et nous devons évidemment nous inquiéter des facteurs de cela, les analyser et évidemment avoir une contre-offensive démocratique forte.

L'idée assez simple, mais qui nous emmène dans beaucoup d'endroits, que je voudrais tout simplement défendre, c'est que, ce qui sauvera la démocratie, c'est la République.

Dans les années précédentes, dans les décennies précédentes, on a parfois eu tendance à opposer les deux mots. Peut-être car, aux États-Unis, il y a un parti démocrate et un parti républicain, mais avec un sens très différent du sens que nous pouvons donner en France.

À mes yeux, la démocratie sera sauvée par la République, car la République porte justement ce qui peut permettre de consolider ce que l'on considère comme étant les piliers habituels de la démocratie et qui sont fragilisés dans la période que nous vivons.

Finalement, c'est quoi les piliers de la démocratie ? Cela va évidemment m'amener à parler d'éducation.

Le premier des piliers, c'est le mot peut-être le plus important en politique, essentiel au moment de la Révolution française et même avant dans la France des lumières, et ce mot, c'est celui de liberté.

Dans la déclaration de 1789, la liberté, c'est la garantie des droits.

Depuis plus de deux siècles, les libertés se sont multipliées à la faveur de différentes conquêtes, mais nous la sentons aujourd'hui fragilisée, soit car les libertés rentrent en contradiction entre elles, soit car les libertés sont menacées par différentes dimensions de de notre vie.

Il est évident que la crise sanitaire est un grand défi pour la liberté, que certains ont même été jusqu'à dire que les régimes autoritaires étaient plus efficaces dans la lutte contre la crise sanitaire, car plus capable de restreindre la liberté.

Je crois que c'est une fierté que l'on peut avoir en France d'avoir eu un Président de la République qui, avec sa majorité, son Gouvernement, a su mettre le curseur de la restriction des libertés à l'endroit minimal nécessaire pour pouvoir gérer cette crise sanitaire.

Il est évident que, quand nous en sortirons pleinement, nous devrons chérir plus que jamais la liberté et la défendre. 

Mettre la liberté au centre de la pensée politique, c'est une idée profondément républicaine et c'est ce qui renforce la démocratie. La garantie des droits, c'est le premier principe et il est aussi important que les institutions préservent cette liberté.

Cela m'amène à la deuxième idée démocratique fondamentale, elle aussi fragilisée parfois dans le monde contemporain, celui de la séparation des pouvoirs. Là aussi, dès 1789, la séparation des pouvoirs est essentielle et cette séparation des pouvoirs est parfois malmenée dans le monde dans lequel nous vivons. 

Le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, mais aussi bien d'autres pouvoirs, je pense au pouvoir médiatique qui est devenu essentiel aujourd'hui et qui manque parfois de contre-pouvoir, c'est tout l'enjeu des fake news, de la difficulté que nous avons aujourd'hui à ce qu'une vérité sereine et un débat basé sur des éléments rationnels s'installent dans le débat public, au lieu de radicalisations et d'irrationalités diverses.

De nouveaux, la pensée républicain me paraît essentiel face à cela, d'abord car elle accompagne la notion de séparation des pouvoirs, mais aussi car elle vient justement avec le thème de l'éducation.

L'Éducation a été, dans l'histoire de la République, l'élément fondamental de consolidation. Toute la troisième république se consolide en même temps que l'école de la République se consolide et on peut d'ailleurs, d'une certaine manière, faire un parallélisme entre la fragilisation de notre démocratie et celle de notre éducation.

S'agissant des mouvements antivax un peu importants ces derniers temps, on peut faire un parallèle avec un affaissement de la culture scientifique dans la population générale et avec un certain nombre d'abaissements de la pensée logique dans notre débat public.

C'est pourquoi le thème éducatif est si essentiel. C'est la colonne vertébrale de notre pays et, à mes yeux, le chantier fondamental. Je l'ai beaucoup dit et écrit ces derniers temps et surtout avec vous tous. Je vous remercie du soutien indéfectible que j'ai toujours eu du MoDem, notamment à l'Assemblée nationale, mais aussi avec vous, les militants, les élus. 

C'est pour cela que nous nous sommes attelés à cette renaissance du système éducatif français depuis 2017. 

Cette renaissance passe notamment pour l'école primaire. Vous vous souvenez de ce que je disais ici même en septembre 2017, à l'invitation de François, sur nos objectifs qui étaient notamment la consolidation des savoirs fondamentaux chez les élèves.

Je crois qu'aujourd'hui, nous commençons à avoir les premiers fruits de cette politique. Le dédoublement des classes est souvent vu comme étant l'avant-garde de cette politique et nous savons que c'est essentiel, car c'est à la fois un sujet de consolidation des savoirs fondamentaux, mais aussi d'égalité sociale et rappelons que cela touche 400 000 enfants par an désormais, puisque nous dédoublons aussi une bonne partie des grandes sections des réseaux d'éducation prioritaire.

Chaque année, 400 000 enfants, avec un roulement - 150 000 nouveaux chaque année -, bénéficient de cette politique et les premiers enfants en ayant bénéficié entre en CM2 cette année.

Ils étaient 60 000 et 150 000 d'entre eux rentrent en CM1 cette année.

Les premières observations, les premières analyses que nous avons nous incitent à l'optimisme. Ce sont des élèves qui sont mieux partis dans leur vie scolaire, qui ont de meilleurs résultats et, aujourd'hui ou pour la première fois depuis des décennies, nous contrôlons la fluence en lecture à l'entrée en sixième. Nous nous donnons les moyens de vérifier que tout ceci est en train de se consolider.

Pendant ces 4 ans, nous avons mis l'essentiel de nos augmentations budgétaires dans l’école primaire pour créer des postes alors même qu'il y a des élèves en moins, ce qui est d’ailleurs un sujet grave et important dont je sais bien que François s'est saisi au titre de ses fonctions de Commissaire au Plan et qui est évidemment un thème de débat que je ne vais pas aborder maintenant mais qui est fondamental, c’est-à-dire la démographie, mais il se trouve que l’on a moins d’enfants et que l’on a tout de même créé des postes à l’école primaire : 7 500 postes qui nous permettent non seulement de faire ce dédoublement, mais aussi différentes politiques en faveur des directeurs d'école, en faveur de l'école rurale etc. 

L'amélioration de la situation à l'école primaire est aujourd'hui une donnée forte.

De la même façon, vous le savez, il y a eu la politique « devoirs faits au collège » qui est faite pour élever le niveau général et lutter contre les inégalités sociales.

En troisième lieu, les réformes du lycée professionnel et du lycée général et technologique sont faites là aussi pour élever le niveau général puisqu'on a des élèves qui choisissent davantage ce qu'ils font ; ce sont les fameux enseignement de spécialité au lycée et, là, les quelques premiers échos que l'on a de certains acteurs de première année de l'enseignement supérieur - je pense aux classes prépa par exemple - nous disent que l'on a des élèves plus motivés, sachant d'avantage pourquoi ils ont fait les choses et pourquoi ils les ont choisies.

Sur ce deuxième sujet qui est celui du lycée, les choses prennent du temps et les résultats se verront dans la durée.

Puis, nous avons quand même été durement affectés par la crise sanitaire et d'ailleurs certains problèmes de l'année dernière dus à la crise sanitaire peuvent interférer avec l'évolution de nos réformes.

Pour autant, nous sommes le pays qui a maintenu ses écoles ouvertes et le pays qui a continué à creuser un sillon de réforme à mes yeux fondamental sans se laisser détourner par la crise sanitaire.

Nous verrons les résultats dans les enquêtes internationales les prochaines années, je pense à PISA de l'année prochaine qui sera publié l'année suivante. C'est pourquoi d'ailleurs je mets en garde contre toute une série d'articles ou d'interventions que l'on voit ça et là où l'on fait référence à PISA 2018 pour dire "la France est en déclin et continue son déclin".

Non, les enquêtes internationales ne nous disent strictement rien des résultats des politiques éducatives françaises depuis 2017.

La dernière grande étude, c'est PISA 2018. Cela porte sur des élèves qui ont 15 ans à ce moment-là et, évidemment, cela ne dit rien de ce qui a pu être fait.

Les vraies enquêtes internationales qui traduiront cela ne seront même pas celles des prochaines années, mais encore celles des années suivantes. Néanmoins, je pense que nous mesurerons ces rebonds assez vite en tout cas nos évaluations nationales nous permettent d'être confiants sur ce point.

J'insiste sur cela dans le cadre de ce que je vous disais sur la République consolidant la démocratie puisque je pense que c'est l'école de la République qui peut consolider la démocratie.

Il n'y a pas de démocratie si l'on n'a pas une population qui, de manière aussi homogène que possible bénéficie d’un bon niveau d’éducation, si on ne lutte pas contre les inégalités sociales par l’égalité des chances. Ce qui permet une société de liberté, c'est une société qui a une école solide pour tous, donnant notamment un bon départ dans la vie grâce aux savoir fondamentaux.

Pour cela, il faut un sillon long. C’est pourquoi je suis heureux de pouvoir continuer dans ce ministère.  Encore maintenant, je pense que le signal qui est envoyé, comme François avait su le donner en son temps, c'est un signal de stabilité, c'est-à-dire de capacité à mener une politique pendant un temps suffisamment long pour pouvoir imprimer quelque chose et en étant conscient que les sujets éducatifs ne se résolvent pas du jour au lendemain et qu'il faut, pour cela, de la suite dans les idées, comme l’on dit.

Je suis heureux, pour cette action, de compter avec Nathalie Elimas et Sarah El Haïry en plus de Roxana MaracineanuC'est important de dire que, depuis un peu plus d’un an, depuis juillet 2020 nous développons une vison qui est très fortement dans la tradition de la République, c’est-à-dire une vision complète de l'enfant en ayant l'Éducation nationale, la Jeunesse et les Sports dans un même ensemble.

C'est ce qui nous a permis par exemple de faire les « vacances apprenantes » depuis l'été 2020, c'est ce qui nous permet de développer le plan « mercredi ». Je sais que les élus locaux parmi vous savent de quoi on parle quand on évoque cela et la dimension sociale et éducative que tout ceci comporte.

Donc l'équipe que nous formons ensemble tous les quatre depuis juillet 2020 et plus largement avec la majorité parlementaire et avec vous tous qui nous soutenez, nous aidez, nous relayez, nous inspirez pour cette action, cette équipe travaille pour que, justement, l'égalité des chances soit une réalité.

Quand on développe cette année par exemple le pass culture et le pass sport qui, concrètement, permettent une ouverture vers la culture de tous les enfants de France et des pratiques sportives à un maximum d'enfants en France, nous sommes évidemment dans un travail socio-éducatif profondément républicain et profondément consolidant pour la démocratie.

Nous sommes environnés de discours pessimistes, gris, catastrophistes de tous ordres avec souvent des arguments que l'on peut complètement entendre sur la crise climatique par exemple et les inquiétudes sur les enjeux migratoires, sur les menaces liées aux nouvelles technologies, par exemple le contrôle social tel qu'il se développe en Chine actuellement au titre des nouvelles technologies.

C'est vrai qu'il y a des phénomènes mondiaux, nationaux qui, parfois, paraissent assombrir le futur.

Mais en même temps, nous avons la conviction qu'en prenant les choses à bras le corps, en ayant une vision non seulement française, mais aussi européenne de la nécessité d'avoir des politiques publiques adaptées, de défendre nos valeurs qui sont d'abord et avant tout des valeurs de liberté, on peut y arriver.

Moi qui vais souvent dans les classes, je régénère mon optimisme à cette fréquentation des classes.

Chaque fois que je parle de tous ces sujets, j'ai en tête ces enfants que je rencontre, ces professeurs que je rencontre, assez différents de l'écho qui est donné dans les médias de tout cela. Et, ce que je vois, c'est tout simplement une capacité à travailler - j'utilise volontairement ce verbe car je crois que l'enjeu de la valeur travail avec celui de la liberté fait partie des grands enjeux, peut-être même de la campagne de la présidentielle, car c’est aussi quelque chose qui a pu être touché ou abimé par la crise sanitaire et qui doit être défendu.

Je vois donc des enfants et des adultes pour qui le travail veut dire quelque chose, pour qui le progrès veut dire quelque chose, pour qui l'optimisme veut dire quelque chose et qui sentent bien que la bonne volonté, quand elle est là, et je crois que l'on peut parler de bonne volonté pour notre action publique, rencontre leur bonne volonté.

Je pense que le mot politique n'a jamais eu autant d'importance que maintenant et dans cette année pré-électorale il en a beaucoup, car les enjeux sont gigantesques. Ce sont des enjeux qui sont à l'échelle de l’histoire, à l'échelle du monde et qui sont à l’échelle de notre pays.

Ces enjeux seront relevés - je terminerai mon propos par cela - pas seulement, mais d'abord et avant tout par l'éducation.

L'éducation est la clef de tout pour l'avenir. Cela a toujours été vrai, mais c'est encore plus vrai que jamais car on sort d'une crise sanitaire gravissime où la moitié des enfants du monde ont pu être privés d'école beaucoup ou fortement. De ce point de vue, on peut se réjouir de ce que nous avons pu faire en France et on doit avoir conscience que c'est une catastrophe éducative qui s’est passée à l'échelle mondiale, qui suppose des investissements éducatifs à l'échelle du monde. C'est ce que j’ai plaidé dans le livre que j'ai sorti récemment, c'est-à-dire le fait que nous ayons une vision renouvelée à l'échelle française, européenne et mondiale de l'argent public qui doit être consacré à l'éducation pour préparer des sociétés de paix, de fraternité et des sociétés démocratiques.

Ces pistes-là sont concrètes, elles sont réelles, elles sont reliées à nos valeurs philosophiques de liberté, mais elles supposent d'être vraiment au travail.

Pour être au travail, il faut être unis. Je n'ignore pas aussi les enjeux d'organisations politiques qui sont aussi présents dans ce congrès de Guidel et bien entendu je m'y intéresse et je trouve que c'est très important que l'on soit bien organisé pour les échéances qui arrivent. Et nous serons d'autant plus unis que les enjeux d'organisation seront reliés aux grands enjeux politiques, philosophiques, de société qui sont ceux de notre temps.

Je sais que le MoDem est toujours à la pointe de ces réflexions. C'est pourquoi j'ai plaisir à être avec vous aujourd'hui comme tout le reste de l'année j'ai plaisir à travailler avec le MoDem et le tout avec l'équipe que je constitue avec mes deux secrétaire d'État MoDem.

Merci à vous toutes et à vous tous.

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