Logement et mal logement, l'affaire de tous

grand débat logement

Hier, la Fondation Abbé Pierre a produit son rapport sur le mal logement, qui concerne de plus en plus de citoyens dans cette période de crise. Notre secrétaire générale adjointe Alice Le Moal - également élue locale à Clichy - a animé un grand débat sur ce sujet de société sensible mercredi 3 février 2021, avec 4 intervenants: le député de Haute-Garonne Jean-Luc Lagleize, qui publie Gagner la bataille du logement, Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers, Jean-Christophe Loric, adjoint au maire d'Amiens, ancien président de l'Office public de l'Habitat AMSOM et Aurélia Lefevre, chargée de l'animation des campus universitaires chez les Jeunes Démocrates.

En France, toute personne disposant de ses droits sociaux devrait avoir accès à un logement décent dans des conditions économiques correctes. Alice Le Moal rappelle, en ouverture, que la question du logement, c'est également celle de la place de l'homme dans la société, la place que l'on occupe dans la vie. Le président de la République Emmanuel Macron avait souligné, en 2017, l'importance du logement pour chacun d'entre nous, qui touche directement à notre manière de faire société.

Les confinements ont brutalement renvoyé les habitants à leur espace de vie. La crise des gilets jaunes - née d'un rejet de la taxe carbone - a mis en lumière la dépendance à la voiture de nombre de citoyens, qui vivent en banlieue, loin de leur lieu de travail. Dans ce temps de crise, la situation des étudiants, souvent dans des espaces très exigus, nous alerte.

Comment remettre la personne au coeur des politiques publiques de logement ? Une réalité saute aux yeux : il y a de moins en moins de constructions, alors qu'un grand nombre de citoyens souffrent de mal logement. Nous avons besoin de réhabiliter les logements sociaux existants. Mais il faut impérativement construire davantage. Les questions énergétiques doivent être considérées avec attention. Or, le foncier est très cher, surtout dans les zones à flux tendu.

De nombreux rapports ont été établis sur le logement : celui du député Jean-Luc Lagleize, remis d'abord à Edouard Philippe et Julien Denormandie, puis transmis à leurs successeurs Jean Castex et Emmanuelle Wargon, se distingue par la force de ses propositions, qui entendent faire bouger les choses. Il n'y a pas de fatalité. Des solutions inventives existent : notamment, la dissociation entre le foncier et le bâti. Tant que l'on ne s'attaque pas au prix des terrains, le prix des logements ne peut pas baisser. Nous devons agir pour stopper cette spirale des prix du foncier. La dissociation entre le foncier et le bâti permet d'arrêter cette spirale.

Jean-Christophe Loric, ancien président d'un office HLM et encore administrateur, met l'accent sur la nécessité de permettre la liberté, pour tous, d'avoir accès à un logement décent, tout au long de la vie. Au cours de l'existence, la famille peut s'élargir, ou bien elle peut se décomposer et ses membres dé-cohabitent. Pour nombre de gens, le rêve d'un accès à la propriété d'une maison individuelle, avec un petit jardin, continue d'agir sur l'imagination. Comment développer l'accession sociale à la propriété ? Sur Amiens, Jean-Christophe Loric s'attache à agir, à aider avec des subventions, en sécurisant les parcours, pour qu'il soit possible d'être, à terme, propriétaire. Il est essentiel de favoriser la mixité sociale. Si les personnes qui désirent être propriétaires quittent les quartiers HLM en y laissant uniquement ceux qui vivent dans la difficulté, la vie de ces endroits se tarit.

Alexandra François-Curax affirme que l'on a plutôt régressé collectivement sur les parcours résidentiels. Nos politiques publiques sont encore insuffisantes. Du côté des promoteurs et des architectes, le modèle de la maison individuelle aurait dû être remis en cause : c'est souvent une passoire thermique, et qui occupe trop d'espace. Les représentations du logement devraient évoluer. Les gens demeurent attachés à la propriété, et plébiscitent assez largement le logement neuf. Mais les choses ne sont pas aussi binaires : il y a plusieurs voies vers l'accès à la propriété, comme par exemple la propriété partagée. Il faut faire preuve, aujourd'hui, d'une vraie attention à l'autre, d'une générosité à l'autre, pour repenser le rapport aux lieux de vie. Il faut prendre de vraies décisions : démolir les logements vétustes, qui posaient problème, changer la physionomie du bâti, avec de petits collectifs notamment.

Aurélia Lefevre vient de terminer ses études en pharmacie. A 26 ans, se loger à Paris pour étudier a tout eu du parcours du combattant. Pour un studio de 20 m2 dans le Ve arrondissement, il lui a fallu solliciter des ALS (Aides aux Logements Sociaux), le propriétaire du studio étant une personne privée. Mais bénéficier de ces aides n'a rien d'automatique, il faut monter un dossier. Or, à près de trente ans, un jeune souhaite généralement s'émanciper de sa famille. Pour louer à cet âge, 91% des jeunes ont besoin que leurs parents se portent caution.

Le député Jean-Luc Lagleize réagit à ces interventions en pointant le fait que, trop souvent, les citoyens restent fixés sur un modèle idéal qui s'est transmis d'une génération à la suivante : le rêve de propriété, si possible d'une maison. Jean-Luc Lagleize remarque que la location, pour les jeunes ou les jeunes ménages, peut être un gage de liberté. Cela permet davantage de mobilité, et donc davantage de chances de capter les offres d'emploi intéressantes au lieu de demeurer scotché au même endroit. Il y a un effort d'imagination à faire, collectivement.

Jean-Luc Lagleize enjoint les maires à oser être des bâtisseurs. Ce ne sont pas les ministres qui ont les clés du problème, mais les élus locaux. L'urbanisme est quasiment la seule responsabilité qui reste aux maires - avec les écoles et la police. Il faut qu'ils en soient conscients et qu'ils cessent de se cacher derrière des : "Les habitants ne veulent pas davantage de construction." Ils oeuvrent pour le rayonnement de leur territoire.

Alexandra François-Curax reconnaît que l'on entend trop d'injonctions contradictoires : il faut construire plus, mais sans densifier trop; on veut de la mixité sociale, mais souvent l'on résiste quand c'est à côté de chez soi; on veut zéro artificialisation mais on refuse les constructions en hauteur. Dans notre pays, on manque de libertés. A l'heure actuelle, nous avons 20% de construction en moins, et ce n'est pas ce que veut la population.

Oui, abonde Jean-Christophe Loric, la construction de logements est l'une des rares politiques qui génèrent de l'emploi. A Amiens, il n'a pas hésité à modifier 6 fois le PLU pour se faire facilitateurs dans les constructions. Nous devons nous faire confiance.

Jean-Luc Lagleize propose qu'il se passe au niveau de la construction ce qui se passe au niveau de la loi SRU. Au bout de 3 ans, c'est le préfet qui prend la main. Le député de Haute-Garonne propose que si un maire ne construit pas dans sa ville le nombre de logements qu'il a lui-même écrit, il perde l'initiative au profit du préfet.

Alexandra François-Curax soulève le sujet de la transformation des espaces de bureaux en logements, qui est coûteuse mais il s'agit d'un moyen de produire du logement. Comment rendre les logements plus abordables? Comment produire des logements plus durables? Nous sommes dans une tendance baissière de construction de logements neufs, alors qu'il y aurait là un vrai gisement de croissance. Il faut écouter les besoins des gens. Alexandra François-Curax a publié un ouvrage très complet sur ces questions : L'immobilier au coeur, plaidoyer pour une nouvelle donne.

Jean-Luc Lagleize remercie chaudement la ministre Emmanuelle Wargon, qui a d'ailleurs préfacé son livre Gagner la bataille du logement. En effet, 9 de ses 50 propositions ont déjà été reprises dans les mesures du Plan relance. L'une a été intégrée dans une proposition de loi. Et cela ne fait que commencer. Les mesures suggérées sont de bon sens et visent à inventer des solutions pour sortir de l'ornière.

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