Conversation avec François Bayrou

En toute intimité, depuis son bureau, François Bayrou a conversé avec les internautes, répondant à de nombreuses questions, dans cette période si bouleversée. L’occasion de voir, tous ensemble, poindre un horizon.

Sarah El Haïry, secrétaire d’état chargée de la Jeunesse et de l’Engagement auprès du ministre de l’Education nationale, l’a rappelé en ouvrant ce dialogue : François est à la fois très proche des concitoyens - maire de Pau – et nommé à une fonction nationale - Haut-Commissaire au Plan. Il est aussi notre président, qui prend naturellement le temps d’instaurer avec nous un dialogue familier. « Vous remarquez que je dis le commissariat au Plan, pas le Haut-Commissariat, glisse François Bayrou malicieusement, oubliez un peu mon altitude ! J’avais d’ailleurs appris à mes élèves à éviter les adjectifs, je me passe bien de celui-ci. ». Une théière derrière son bureau, François Bayrou, loin de prendre qui que ce soit de haut, nous invite en effet à converser en toute simplicité, librement. Jean-Noël Barrot, notre secrétaire général, pose la première question d’un internaute, sur la possibilité d’imaginer une démocratie athénienne aujourd’hui.

Non, explique François Bayrou, la démocratie athénienne, c’était celle d’une petite aristocratie, la société étant composée à 90% d’esclaves considérés comme des machines. On ne peut pas revenir purement et simplement en arrière, dans le passé. C’est ce que montrait déjà Benjamin Constant dans De la liberté des anciens comparée à celle des modernes. Un Athénien serait stupéfait de voir qu’aujourd’hui l’on déclare les hommes égaux en droit. En revanche, il peut y avoir des expériences de participation, de consultation, mais sur des sujets accessibles par l’opinion.

François Bayrou met en garde contre ces moments où les passions risquent, soudain, de l’emporter sur la raison. Revenant sur une anecdote historique où Churchill demande à son prédécesseur pourquoi il a fait le choix de désarmer, François Bayrou nous invite à méditer sa réponse : « J’ai suivi les électeurs au lieu de les conduire. » La responsabilité d’un dirigeant demeure essentielle. Un homme d’état a le devoir de voir plus clair que les autres.

Nombreuses sont les questions pour connaître les points saillants du Plan. François Bayrou, qui s’est longuement entretenu sur cette question avec le président de la République, voit au moins trois grandes priorités :

  • L’indépendance du pays. Dans la crise de la Covid, il a été frappé par la pénurie de médicaments essentiels, jusqu’aux corticoïdes, aux antibiotiques, aux molécules pour traiter le cancer, et même au doliprane ou au paracétamol, qui sont en rupture en France. Comment un pays peutil se fixer un avenir sans avoir l’approvisionnement alimentaire ? Il faut se poser la question de l’indépendance, française et européenne.
  • La vitalité de la société française doit connaître un regain. Dans la recherche, l’innovation, l’entreprise, cette vitalité est nécessaire. La France est l’un des pays où se créent le plus d’entreprises. C’est lié à la question de l’investissement, de la formation de la main d’œuvre. L’apprentissage est un enjeu. La démocratie sociale représente une question d’importance. Il ne peut y avoir de vitalité du pays que si tous les acteurs sociaux y participent.
  • C’est d’ailleurs devant le Conseil Economique et Social que François Bayrou va présenter le premier Plan. Il s’agit de porter un modèle de société. C’est par l’angle de la justice qu’il va prendre les questions de protection de la planète et du climat. C’est par l’angle de la justice qu’il va prendre les questions du développement de l’Afrique, ardente obligation selon le mot du général de Gaulle. C’est par l’angle de la justice qu’il va prendre les questions d’égalité, notamment de l’égalité entre hommes et femmes. La garantie qui devrait être apportée à l’enfant de pouvoir s’émanciper de son milieu social est cruciale. Pour les familles qui n’appartiennent pas aux cercles de pouvoir et d’influence, le chemin vers la réussite n’est pas tracé.

François Bayrou a deux idées : Il a l’intention d’aller très vite, en exploitant la mine d’or d’études, de rapports de commissions faits par l’Assemblée nationale, par le Sénat, par France Stratégie, par les think tanks, par les universitaires. Il y a là des trésors – des mètres cube de trésors – que l’on n’a jamais pris suffisamment en considération.

Mais si François Bayrou compte poser des questions, il n’entend pas en avoir le monopole. Tout le monde a le droit de demander qu’une question soit traitée : les forces sociales, syndicats, les partis, les citoyens, associations. Ainsi, nul n’aura le sentiment qu’on lui dissimule quelque chose. Tout le monde n’aura pas le même avis, mais tous reconnaîtront l’impartialité de la réflexion stratégique.

Les internautes s’interrogent sur le lien entre le Haut-Commissariat et France Stratégie : les 150 collaborateurs de France Stratégie forment le bras armé du Commissariat. France Stratégie est à la disposition du Commissariat. Dans un sourire, François Bayrou remarque que les journalistes ont nourri le fantasme de 23 millions d’euros, de privilèges dont il jouirait. Bénévole, François Bayrou se moque bien des privilèges et compte s’entourer d’un petit commando, plus efficace qu’une lourde structure. « Si la réussite était indexée sur le nombre, il y aurait des réussites admirables de l’Etat et de l’administration ! ».

Jean-Noël Barrot lui demande comment il voit la traduction politique de ces questions. « Ce n’est pas le même métier, vous pouvez le dire aux journalistes qui vous poseront la question », répond François Bayrou. Aucun risque d’affrontement avec le gouvernement, dont le métier est de trancher hic et nunc. Le Commissariat, lui, va s’attacher à dégager des solutions cohérentes. Une voie A, avec ses avantages et inconvénients, une voie B, une voie C. Et il compte s’emparer de tous les sujets brûlants, en mettant en lumière les dangers et les atouts. Les décideurs, ce sont bien sûr les gouvernants. Mais les vrais décideurs, ce sont les citoyens, qui commandent à l’action publique et à ses choix. Il faut leur donner à voir l’analyse d’une situation, des buts stratégiques à atteindre, des options.

Rappelant la phrase de Marc Sangnier qui en appelait à la « conscience et la responsabilité des citoyens », François Bayrou désire se saisir de problèmes dont on ne parle jamais : L’épidémie virale d’une pneumopathie était clairement énoncée dans le Livre Blanc de 2008. Personne n’en a tenu compte. Un danger imprévu qui survient, voilà une question qui mérite d’être traitée. Des questions comme la démographie, trop peu abordée également.

Dans ses livres antérieurs, François Bayrou plaidait pour un retour du Plan, sans s’imaginer occuper cette fonction, puisqu’à l’époque, dit-il dans un sourire, il visait plutôt l’autre fonction, celle de Président de la République. Mais c’est pour le pays qu’il voyait là une nécessité. Nous avons une opportunité de réenraciner ainsi la démocratie.

Sarah El Haïry soulève la question de la répartition des pouvoirs. « Oui, dit François Bayrou, il y a le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, et avec un troisième pôle, le pouvoir prospectif, on a un pouvoir inédit, qui ne prend de pouvoir à personne. » On avait oublié, tout simplement, que ce pouvoir existait et qu’il pouvait changer la vie.

« J’ai été extraordinairement frappé, remarque François Bayrou, par le nombre de personnes, y compris des responsables politiques, qui ne croient pas qu’ils puissent changer le monde et, pire encore, qui ne croient pas que le monde puisse changer. »

Or, l’optimisme est impératif. Nous n’avons pas d’autre choix pour avancer. Sarah El Haïry interroge François Bayrou sur la façon de faire renaître une espérance collective. Pour François Bayrou, le temps moyen et long, déjà, permet des rassemblements, un accord sur des choses essentielles, là où le court-terme est souvent violent.

François Bayrou retient 3 lignes d’horizon : à 10 ans, à 20 ans, à 30 ans. Sur quoi s’accorde-t-on ? Le pouvoir aux citoyens, cela ne peut s’exercer que dans un pays indépendant. La société française sera plus forte si l’on a une réalité de justice sociale. Ce sont des points de consensus. Ces questions ont un tour stratégique, car elles ne sont pas conçues dans une perspective électorale. Ce sont des enjeux démocratiques et civiques.

Interrogé sur la montée des populismes en Europe, François Bayrou s’exprime en citoyen. C’est l’ignorance qui pousse à la violence. Lorsque l’on n’a pas une vision assurée du réel, alors les intégrismes, la passion, les superstitions, se développent. Il y a un gros travail d’éducation civique populaire à entreprendre, dans le plus haut sens du terme.

En un mot, l’action du Plan sera crédible et authentique. Et s’il fallait donner un maître-mot pour caractériser le sens que chacun, dans ces temps très durs, doit pouvoir donner à sa vie : l’engagement.  Ne pas baisser les bras, s’engager avec un optimisme raisonnable, pour espérer, ensemble, changer le monde.

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