Patrick Mignola : "Pour que le pays se relève rapidement, il faut que chacun se sente acteur du redressement"

Patrick Mignola

Face à la crise, le chef des députés MoDem propose d'augmenter les salaires en généralisant l'intéressement, et de taxer la fortune improductive. Retrouvez l'interview de Patrick Mignola dans Le Point. 

Le Point : En cette « année de Gaulle », vous proposez de réactiver l'une des grandes idées du Général : l'intéressement des salariés aux bénéfices de l'entreprise !

Patrick Mignola : Contrairement à la droite, qui veut augmenter le temps de travail, et à la gauche, qui veut augmenter les impôts, je pense que la France doit augmenter les salaires. Le général de Gaulle a marqué notre histoire économique en organisant la participation. Dans la situation extraordinairement difficile que nous connaissons, on a besoin de justice, car ce sont d'abord les plus fragiles qui souffrent. Même avec un chômage partiel très généreux, 84 % d'un petit salaire, c'est plus difficile à supporter que 84 % d'un grand salaire. On a aussi besoin d'aller vite, car chaque jour qui passe endette un peu plus nos enfants. Pour que le pays se relève rapidement, il faut que chacun se sente acteur du redressement. Il faut donc que chacun se sente intéressé, au sens premier du terme. Les Français qui retournent au travail, dans des conditions parfois difficiles et la peur au ventre, doivent savoir qu'ils en auront une juste récompense. Il existe déjà des plans d'intéressement au partage de la richesse, mais cet outil, parce que le dialogue social est insuffisant, est sous-utilisé par les entreprises : 1,5 million d'actifs sur 22 millions seulement en bénéficient, le plus souvent dans les grandes entreprises, ce qui crée une véritable inégalité.

Ne craignez-vous pas que le patronat fasse barrage dans le contexte ?

Au contraire, je fais le pari que les chefs d'entreprise sont aussi des managers, et tout manager sait qu'une entreprise réussit si tous ses salariés sont impliqués. Ça passe par une rémunération juste. On a dérivé vers un monde où on a surrémunéré le capital pour attirer des investisseurs, et oublié de mieux rémunérer le travail. Aujourd'hui, il y a une forte aspiration à la lutte contre les inégalités, qui passe par une augmentation des salaires. Pour y parvenir, on a deux solutions : d'abord, le vieux fantasme de la gauche de la gauche, qui pense qu'augmenter le smic entraînera un « ruissellement à l'envers » qui verra les salaires supérieurs augmenter aussi. C'est faux ! Au contraire, une hausse du smic ne ferait que renforcer les injustices en écrasant l'échelle des salaires et serait très préjudiciable aux entreprises. Généraliser l'intéressement est une issue bien plus intéressante pour les salariés et pour les patrons, car on ne distribue que l'argent que l'on a. C'est parce qu'elle produit des bénéfices que l'entreprise, en accord avec ses partenaires syndicaux, les redistribue en augmentant les salaires. Ce n'est pas travailler plus pour gagner plus, c'est travailler ensemble pour réussir ensemble !

Concrètement, quel serait le montant de l'augmentation pour un salarié ?

En général, les accords d'intéressement représentent 5 % environ du salaire annuel, soit 750 euros pour un salarié qui gagne 15 000 euros par an. Avoir 50 ou 60 euros en plus chaque mois, ce n'est pas neutre quand on gagne 1 240 euros. Mais la loi comporte un défaut, c'est que l'intéressement est prononcé une fois par an, sur la base des résultats de l'année précédente. Ce n'est donc pas une incitation au mois le mois. Comme nous avons besoin de relancer rapidement le pays, je soumets une proposition : dès septembre ou janvier, les chefs d'entreprise qui le souhaitent pourraient, en accord avec leurs partenaires syndicaux, procéder à une avance sur intéressement jusqu'à 150 ou 250 euros par mois, peut-être même 300 euros, sans charges. On généraliserait ainsi l'intéressement de façon immédiate, sous la forme d'une « prime de reconstruction économique », sur le modèle de la prime Macron, le temps du redressement du pays. Dans un premier temps, tout le monde toucherait la même somme, que l'on gagne 1 200 euros ou 5 000 euros par mois, ce qui serait proportionnellement plus intéressant pour ceux qui étaient en deuxième ligne face au coronavirus. Si Carrefour, Auchan ou E. Leclerc utilisaient cette prime, les caissières en seraient donc les premières bénéficiaires.

Retrouvez l'intégralité de cet entretien mené par Nathalie Schuck sur le site lepoint.fr 

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