Roms : "L'Union européenne doit être beaucoup plus exigeante avec la Roumanie et la Bulgarie"

Sur le plateau de l'Opinion, Robert Rochefort a estimé qu'il "ne serait pas honnête de dire que les Roms ont naturellement vocation à rester en France". "Nous devons envisager leur retour, sans être dans la brutalité", a-t-il plaidé.

L'Opinion - Le MoDem et l'UDI se rapprochent. Comment cela se passe ?

Robert Rochefort - Cela se passe très bien et je crois, d'ailleurs, que c'est l'événement politique de la rentrée. Une seconde, pour expliquer ce qui s'est passé. Oui, François Bayrou a cru qu'il était possible qu'il y ait un éclatement du PS et que sa partie moderne puisse, avec l'aide de ce qu'un courant central aurait proposé, faire une politique différente pour la France. Jean-Louis Borloo était dans une situation symétrique. Vous vous souvenez qu'il voulait être le premier ministre de Nicolas Sarkozy, avec un centre social. Nicolas Sarkozy a choisi une autre voie, un durcissement à droite, avec la ligne Buisson. Finalement, tant Jean-Louis Borloo que François Bayrou se sont rendus compte que leur manière de grimper la montagne, de faire de la politique de façon différente, n'avait pas marché. Aujourd'hui, ils se proposent de le faire ensemble, simplement parce qu'ils sont d'accord sur le fond : l'Europe, la décentralisation, la réforme de la vie politique... 

L'idée de François Bayrou, c'était de faire exploser le PS ? 

L'idée, c'était que le PS se "Schrodërise". De même que l'idée de Jean-Louis Borloo était que la famille de la droite et du centre-droit soit de nature à ce que ce soit le centre-droit qui l'emporte. Et puis, vous voyez bien qu'il y a un contexte politique différent : la montée du Front National, qui va provoquer de grands ravages à l'intérieur de l'UMP. J'espère que les centristes de l'UMP, des gens comme Jean-Pierre Raffarin, rejoindront la famille que nous recomposons.

Désormais, vous espérez que ce soit l'UMP qui explose ? 

Non. Il ne s'agit pas d'exploser. Nous espérons être capables de construire une alternative, parce que nous ne faisons pas ce rassemblement uniquement pour les élections de l'année prochaine. Nous constatons que François Hollande ne réforme pas ce pays. Dix millions de Français ont voté pour lui et sont aujourd'hui dans la catégorie des gens qui sont très critiques à son égard.

C'est votre cas ? Vous voteriez à nouveau pour lui ? 

C'est mon cas. J'ai voté pour lui. Aujourd'hui, ça dépendrait de la situation. Si je me retrouvais avec un candidat de droite tenté par une alliance avec l'extrême droite, je ne voterais pas pour ce candidat. Si, par contre, la situation se passait avec un représentant de droite attaché à l'idée de rassembler les Français, la question se poserait.

C'est compliqué d'être centriste tout de même... 

Peut-être, mais c'est aujourd'hui la seule façon de faire une proposition nouvelle. Croyez-vous vraiment que les Français sont satisfaits de ce jeu politique où, quand la Droite gère mal, on donne le pouvoir à la Gauche, et quand la Gauche ne gère pas mieux on rend le pouvoir à la Droite ?

Qu'est-ce qui a provoqué le retour dans votre famille initiale ? 

Je conteste ce mot de "retour". Il s'agit de construire quelque chose de différent. Deux choses ont provoqué cette construction. Chez François Hollande, le fait qu'au bout d'un an et demi, les réformes ne sont pas là. Vous savez qu'un président qui ne fait pas les réformes en un an et demi, ne les fera pas ensuite. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est la non réforme des retraites. Simultanément, de l'autre côté, c'est ce qui se passe à droite, avec une UMP qui ne sait plus où elle va, des chefs qui s'étripent et des positions, y compris de quelqu'un comme François Fillon, qui sont très étonnantes pour des centristes comme nous. C'est cela qui a provoqué, pendant l'été, le fait que ces courants du Centre décident de se retrouver ensemble. La particularité, c'est que nous étions dans des structures divisées, avec des hommes qui se sont affrontés, mais avec un grand accord sur le fond. 

Il y a un sujet sur lequel on peut marquer sa différence, par rapport à la Droite et la Gauche, c'est les Roms. Quelle est votre position sur ce sujet compliqué ? 

C'est très compliqué. Il ne serait pas honnête de dire que les Roms ont naturellement vocation à rester en France, à partir du moment où ce sont des populations qui viennent de Roumanie et de Bulgarie, qui ont une autre culture. En tant que député européen, je souhaite que l'Union européenne soit beaucoup plus exigeante vis-à-vis de ces pays qui reçoivent des fonds pour intégrer les Roms mais qui ne le font pas.

Plus exigeante... jusqu'à refuser l'accès à l'espace de Schengen aux Roumains et aux Bulgares ? 

C'est une question qui se pose et qui doit être négociée. Madame Reding, que j'aime beaucoup par ailleurs, qui donne des leçons tantôt vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, tantôt vis-à-vis de François Hollande, est un petit peu loin de la réalité.

Imaginons que vous êtes Maire, vous avez un camp de Roms qui s'est installé dans votre municipalité. Qu'est-ce que vous faites ? 

Je crois que c'est une question évidemment extrêmement difficile. Je ne marginalise pas ces populations, j'envisage leur retour mais sans être dans une brutalité qui parfois s'observe. Il n'y a pas deux cas qui se ressemblent. C'est quelque chose qui traverse les courants politiques, Madame Aubry a bien demandé des démantèlements dans sa propre ville. Ensuite, ce qui compte, c'est la façon dont on le fait. 

François Bayrou envisage de se représenter à Pau et l'UMP va probablement lui opposer quelqu'un. Est-ce que vous pensez qu'elle devrait plutôt s'effacer ? 

Quand le leader régional incontestable de l'UMP, l'homme le plus populaire, Alain Juppé, apporte son soutien à François Bayrou, je crois que l'UMP devrait réfléchir par deux fois avant de maintenir un candidat contre François Bayrou. 

Mais François Bayrou a fait perdre l'UMP à la présidentielle... 

François Bayrou a souhaité que Nicolas Sarkozy, avec la campagne qu'il menait, ne soit pas réélu, pour préserver une certaine cohésion en France. La question qui se pose, c'est l'avenir, pas le passé. Par ailleurs, vous parlez de cuisine électorale... S'il y a une famille politique qui ne peut pas être accusée de cela, c'est bien nous ! Nous avons payé très cher notre indépendance. Vous le savez très bien.

Est-ce que vous négociez avec l'UMP pour qu'il n'y ait pas d'adversaire ? 

Non. François Bayrou n'a pas annoncé sa candidature à Pau et il le fera aux Palois s'il décide de le faire. Aujourd'hui, il consacre son énergie à voir si, sur le plan local, il y a un rassemblement possible. La Maire socialiste ne se représente pas et qui n'a pas vraiment réussi à convaincre les Palois au cours de son mandat. C'est ma circonscription, ma famille est originaire de Pau, je souhaite donc de tout cœur que François Bayrou prenne un jour la décision de se présenter et qu'il soit élu.

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