"Réformons notre système de retraites et refondons notre rapport au travail"

Image n°222

Dans une tribune publiée mercredi par Le Figaro, Robert Rochefort propose "un système de retraites par points" associé à une "refondation de la nature et de la place du travail dans notre société".

"Comment la réforme des retraites pourrait-elle se limiter à la désindexation des pensions et au rallongement des durées de cotisations ? Le rejet populaire serait garanti. Faudra-t-il, un jour, travailler 44 années ? Certainement. Mais à condition de travailler autrement. Sinon, toute mesure ne pourra pas être comprise par tous ceux qui sont au chômage depuis de longues années, ayant épuisé leurs droits à indemnisation ou bien qui de par leur âge sont dispensés de recherche d’emploi ? Les élites qui assènent tranquillement cette vérité 'démographico-comptable', font partie d’un monde qui n’aura jamais à franchir la porte de pôle emploi. Cela le peuple le sait bien.

Mais il y a pire encore: près de 2 millions de jeunes de 15 à 29 ans ne sont aujourd’hui ni à l’école, ni en emploi, ni en formation. Et la moitié d’entre eux a quitté le système scolaire sans diplôme. Comment à 28 ans en n’ayant que quelques trimestres validés peut-on croire en un système qui envoie au-delà de 70 ans pour toucher un jour une pension dont on a peine à estimer ce que sera son pouvoir d’achat ?

Et pourtant, cette réforme est à la fois urgente et indispensable. Mais c’est une réforme bien plus large qui s’impose, susceptible d’ouvrir des perspectives, de susciter un espoir ; c’est le système de retraite dans sa globalité qu’il faut refonder et, plus nécessaire encore, la nature et la place du travail dans la société et dans la vie de chacun qu’il faut repenser, si l’on veut rendre acceptable l’allongement des vies professionnelles.

Commençons donc par la retraite. Nous devons mettre en place un système par points ou par comptes notionnels. De quoi s’agit-il ? De rendre simplement additives toutes les cotisations existantes dans la diversité des régimes. Chaque période d’activité dans le secteur privé, dans une administration, à son compte, comme auto-entrepreneur donne droit à des points qui s’accumulent sur un compte consultable à tout moment. Le moment du départ à la retraite doit être librement choisi par chacun, une fois atteint un âge qui n’a pas besoin d’être repoussé. Ce choix, et c’est un grand changement, doit être neutre 'actuariellement ', c’est à dire qu’il n’y a pas lieu de pénaliser ceux qui veulent partir tôt ni de sur bonifier ceux qui veulent prolonger leur activité. Seule l’espérance de vie au moment du départ suffit à convertir les points en droits à pension. Cotiser plus longtemps pour une retraite 'pleine' - bien que cette notion ne soit plus qu’indicative - est contrebalancé par une transparence totale, un accès à l’information permanente, par une liberté accrue et par des droits nouveaux : les périodes dans les emplois pénibles donnent des points supplémentaires, une personne à temps partiel peut acquérir le même nombre de points que si elle restait à temps complet moyennant une cotisation supplémentaire, certaines missions d’intérêt général ou de volontariat donnent droit à des points gratuits, comme jadis avec le service militaire. D’une façon générale chacun peut acheter des points à tout moment, y compris après son départ en retraite. Voilà de quoi concilier répartition, solidarités intra et inter générationnelles et liberté individuelle.

Parlons désormais du travail. Il est urgent de le ré enchanter. Les Français ne sont pas 'paresseux ', mais au moment où on leur demande de travailler plus longtemps, il est urgent de les réconcilier - sans faire du moralisme - avec la 'valeur travail'. Lorsqu’on juge que 'la vraie vie est forcément ailleurs', c’est un échec. Le travail doit devenir ou redevenir un acte créateur pour tous, parfois même source de bonheur, comme contrepartie de l’effort et de l’abnégation qu’il nécessite. Et ce n’est pas une utopie puisque beaucoup ont déjà la chance de vivre ainsi dans de nombreux métiers.

Au moment où l’on parle de développement durable, il faut réinventer le 'travail durable', celui qui ne détruit pas l’énergie à venir des salariés.

Nous devons repenser la notion de productivité, à la base de toute croissance. Avoir l'une des meilleures productivité horaire du monde n’a aucun intérêt si elle se paye par un taux de chômage record, c’est à dire en excluant ceux qui ne courent pas assez vite. Un actif plus coûteux qu’un salaire dans les pays émergents vaut toujours mieux qu’un chômeur de longue durée perdant 'l’estime de soi'. Il y a des solutions pour mettre fin à notre longue préférence pour le chômage : promotion de l’apprentissage, emplois aidés dans les entreprises plutôt que dans les administrations, financement différent de nos dépenses sociales, contrat de travail unique pour mettre fin aux abus de CDD, en particulier pour les jeunes, encouragement aux réorientations choisies de carrières et de métiers en milieu de vie. 

La réforme des retraites exige des efforts indispensables qui doivent être rendus compréhensibles et acceptables."

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par