Primaire du PS à Marseille : "Le système de cette fédération est pourri"
Marielle de Sarnez a déploré "les comportements gravissimes" qui entourent la primaire du PS à Marseille. "C'est l'inverse de la politique à laquelle je crois", a-t-elle pointé lundi sur le plateau du Talk Orange Le Figaro.
Yves Tréard - L'élection du candidat FN à Brignoles annonce-t-elle une forte poussée du FN aux municipales ? Cela doit-il vous inciter à présenter des listes communes avec l'UMP ?
Marielle de Sarnez - Oui, cela annonce une forte poussée. Cela doit d'abord nous inciter, nous, les responsables politiques, à ne plus raconter n'importe quoi aux électeurs, élections après élections, et à tenir les promesses qui sont faites.
L'UDI et le MoDem sont en train de se rassembler. Une charte doit être écrite. A-t-elle une chance d'aboutir avant la fin du mois d'octobre.
Il y aura une déclaration politique de ce Centre nouveau, d'ici la fin du mois d'octobre.
Ce matin, dans Le Parisien, Jean-François Lamour (UMP) dit : "La condition de l'alternance, et plus particulièrement à Paris, c'est l'union dès le premier tour". Que lui répondez-vous ?
Il y a un changement de ton qui est intéressant. Il ajoute aussi que, pour bien gouverner cette ville, il faut la gouverner au-delà de son propre camp. Je crois cela profondément. Je crois que Paris a besoin de renouvellement. Ce n'est pas seulement remplacer les uns par les autres, c'est aussi de nouvelles pratiques, de nouvelles attitudes, un renouvellement de fond. J'ai le sentiment que cela va dans la bonne direction.
Vous négociez avec Nathalie Kosciusko-Morizet ?
Je ne négocie pas. Je suis sur mon propre calendrier. Mon calendrier, c'est de réussir le rassemblement du Centre, au plan national comme au plan parisien, dans les jours et les semaines qui viennent. Le Mouvement Démocrate et l'UDI, avec leurs élus, doivent réussir ce rassemblement ensemble. Je suis en train de finir de travailler sur le projet que j'ai envie de présenter aux Parisiens, avec un certain nombre de grandes priorités...
Lesquelles ?
La première d'entre elles, c'est évidemment la question du logement. Si on peut se relever les manches ensemble, proposer des solutions nouvelles, innovantes, réalistes et atteignables, ne pas raconter n'importe quoi et faire vraiment les choses, cela ira dans la bonne direction.
On pourrait imaginer des listes communes MoDem-UDI-UMP ?
Je vous l'ai dit, pour l'instant mon agenda c'est : rassemblement du Centre et projet. Je note un changement de ton, d'attitude et même d'inspiration. Je trouve cela intéressant et, si cela se vérifie, peut-être que nous pourrons travailler en commun.
Vous demanderez des têtes de listes d'arrondissements ?
Tout cela, ce sont des affaires de politique politicienne. Si vous le voulez bien, on va les mettre au second plan. Ce qui compte, c'est qu'il puisse y avoir des équipes nouvelles pour Paris et les Parisiens, avec des solutions nouvelles. J'ai la conviction profonde que Paris ne doit pas être gérée par un parti politique, qu'il faut du pluralisme.
Cela sera réglé quand ?
Courant du mois de novembre, avant la fin de l'année, nous verrons si les conditions sont créées pour un travail en commun.
Vous partez dans le 14e arrondissement, c'est ce que vous avez annoncé, mais une rumeur dit que ce serait finalement dans le 6e...
Écoutez, j'habite le 14e arrondissement... Toutes ces questions de listes, d'élus, d'arrondissements, sont des questions importantes en politique, il ne faut pas être naïf et les nier. Mais ce qui précède l'est encore plus à mes yeux : les conditions d'un rassemblement, d'un renouvellement profond dans la manière de gérer la ville. Je n'ai pas envie d'une gouvernance partisane, car Paris en souffrirait. C'est cela que je veux changer.
Le Front national connaît une forte montée mais, traditionnellement, il ne va pas très loin à Paris. Pensez-vous que cette fois il pourrait être un adversaire encombrant ?
Je pense que si le Centre existe, il sera devant le Front National. Après, est-ce qu'il y a une montée du Front National ? Oui, au plan national et dans l'ensemble des villes de France. Il faut nous interroger sur les raisons profondes de cela.
François Bayrou ira-t-il aux municipales à Pau ?
C'est une décision qui est lourde à prendre pour François Bayrou. C'est une ville qu'il aime et une ville qui ne va pas bien. Il travaille à créer les conditions d'un rassemblement large, puisque nombreux sont ceux qui viennent le voir pour parler de l'avenir de Pau. S'il le faisait, ce serait un vrai engagement. C'est aux Palois qu'il réservera sa réponse.
Imaginons : vous faites l'union avec l'UMP à Paris et, en échange, l'UMP ne met pas de candidat encombrant à Pau ?
Je ne sais pas si vous rêvez ou pas... Je ne fais pas de la politique comme ça. La politique, ce n'est pas pour moi une question de marchandage et de négociations. La politique, c'est quelque chose de plus grand que cela. Je crois que Paris a besoin de renouvellement et j'ai envie de changer le visage de cette élection là.
Le MoDem, on le sent à travers vos propos, est dans une opposition nationale.
Je suis dans une critique que je souhaite constructive. Je suis dans une opposition, mais dans une opposition différente. Je ne souhaite pas du tout que les choses aillent de mal en pis pour mon pays, donc j'ai envie de peser pour que de bonnes décisions se prennent, ce qui n'est pas simple aujourd'hui.
Le Parti socialiste est en train de choisir son candidat à Marseille...
Ce n'est pas brillant ce qui s'est passé à Marseille. Des socialistes importants, au premier rang desquels une ministre, ont parlé de "clientélisme", "d'organisation paramilitaire", "d'échanges d'argent". C'est gravissime, c'est un système pourri.
Qu'est-ce qui est pourri ?
Ce système là ! De cette fédération là, socialiste ! Je respecte le Parti socialiste, c'est un grand parti d'élus, il a quelques fois de bonnes idées. Mais ce genre de comportements, c'est l'inverse de la politique en laquelle je crois... Je pense que Jean-Luc Bennahmias aura aperçu ce qui s'est passé et ce qui se passe aujourd'hui à Marseille.
C'est un bon avertissement qui lui a été lancé ? Une bonne leçon ?
Je ne parle pas comme ça à mes amis. Il suffit de regarder la manière dont les choses se déroulent pour voir ce qui est possible... ou pas.
Les primaires, néanmoins, c'est une bonne technique ?
Je suis très minoritaire : je suis hostile au système des primaires pour les présidentielles. Je trouve que c'est contraire aux institutions de la Ve République, il y a un premier tour pour ça. Tout le monde pense qu'il peut se qualifier pour les primaires et je ne pense pas que cela fasse monter le niveau des prétendants.
Si l'UDI et le MoDem se remettent ensemble, est-ce qu'il n'y aurait pas une primaire pour la présidentielle ?
La vocation du Centre, c'est d'avoir son candidat. Il faudra qu'on trouve, le moment venu, une procédure démocratique.