"Mettons en place un régime unique de retraites, pour tous les Français"

François_Bayrou-FB

François Bayrou a plaidé jeudi sur LCI pour un "régime unique" de retraites, y compris pour les députés.

Julien Arnaud – François Bayrou, vous êtes originaire du sud-ouest et de cette région qui est touchée par les crues, peut-être un petit mot sur ce qu’il s’est passé ? 

François Bayrou – On ne peut pas commencer cette émission sans dire un mot de mes compatriotes et voisins, de village à village, qui sont aujourd’hui atteints par une crue exceptionnelle. Il n’y en avait pas eu depuis les années 1930. Malgré tous les efforts qui ont été faits pour apporter la solidarité, il y a aujourd’hui des centaines et des centaines de communes et d’entreprises qui sont atteintes, même souvent très importantes, et c’est évidemment à elles que nous pensons.

Est-ce que vous pourriez à nouveau vous impliquer plus dans la région ? Est-ce que vous serez candidat pour les municipales à Pau l’année prochaine ?

Ne mélangeons pas les sujets.

Nous allons passer à une politique un peu plus politicienne. Il y a eu un appel de dix députés à abolir les privilèges des députés, c’est un sujet que vous connaissez bien, est-ce que vous soutenez cette initiative ?

Il y a une idée simple que je défends depuis longtemps. Vous savez, j'ai proposé dans la campagne présidentielle précédente que nous ayons une démarche de moralisation de la vie publique et que cette démarche soit imposée par référendum. L’idée, qui est simple, est d’avoir la même loi pour tous. Naturellement, il faut des aménagements parce que les retraites, ça dure depuis longtemps – il y a les retraites de la fonction publique, des régimes spéciaux… – mais nous ne sortirons pas du problème des retraites en particulier si nous n’avons pas une loi unique, un régime unique, pour tous les Français. Nous pouvons y aller progressivement, nous pouvons prendre quelques années pour le faire. Et nous devons faire en sorte que les droits acquis soient préservés, nous n’allons brutalement abattre tout un pan de droits acquis pour des dizaines de professions. Mais à partir du jour du vote de la loi, tout le monde devra être au même régime. C’est possible, beaucoup de pays l’ont fait, des pays scandinaves en particulier

Ce n'est pas du tout le chemin que le gouvernement est en train de prendre.

C'est une erreur que le gouvernement ne prenne pas ce chemin. Vous voyez bien que, ce qu'on appelle réforme, c'est aller de rustine en rustine. C’est ajouter 0,3 point de cotisation, faire en sorte que l’on perde 0,3 point de pouvoir d’achat, tout cela n’est pas à la hauteur du problème de société que nous avons devant nous. Vous m'interrogiez sur les députés, pour moi la loi doit être la même pour tous. C'est vrai que les députés ont des frais, alors qu’ils les déclarent comme frais professionnels.

Donc vous soutenez cet appel, vous êtes plutôt d’accord ?

Donc, je dis qu’il faut avoir une démarche comme celle à laquelle j’ai appelé pour la moralisation de la vie publique, vous vous souvenez, plus de 60.000 signatures sur le site moralisation.fr. Nous avons besoin d'avoir un pacte de confiance qui fasse que tout le monde sache que la loi est la même pour tous, et que les disciplines, les règles, les rigueurs, sont les mêmes pour tous.

Les retraites, ce sera l’un des grands sujets de la conférence sociale, il y aura aussi la question de l’emploi. Il semble que Jean-Marc Ayrault s’apprête à faire une rallonge sur la question des emplois aidés, est-ce que ça vous paraît être une bonne solution ou est-ce que là aussi c’est aller de rustine en rustine ?

Non, c’est une solution de dépannage, et c'est en même temps l'idée pour le gouvernement que les emplois aidés vont ainsi permettre de redresser la courbe du chômage.

C’est du bidonnage, pour dire les choses ?

Tous les gouvernements l’ont fait, c’est du dépannage, c’est de l’urgence, du court-terme. En vérité, il faut que l'économie puisse créer elle-même les emplois qui seront adressés, proposés aux Français. C’est ça la question. Cela dit, nous n’allons pas jeter la pierre à ceux qui essaient de trouver des solutions de dépannage et d’urgence, même si c’est le contribuable qui, au bout du compte, les assume.

Oui, parce qu’au bout du compte il y a quand même le déficit public qu’il faut résorber, vous le dites depuis suffisamment longtemps. La France est aujourd’hui sur une trajectoire de 3,7% de déficit.

Au mieux.

Au mieux, voilà. Est-ce que vous croyez à cet objectif ou est-ce que celui-là non plus ne sera pas tenu ?

Je pense que l’on a fait des efforts mais la situation des comptes publics n'est pas redressée à la hauteur et à la mesure de ce qu’il faudrait. Pourquoi ? Parce que, depuis des années, les forces de production étaient abandonnées en France. La question des comptes publics, c’est d’abord la question des dépenses mais pas seulement, c’est aussi et surtout la question de ce que l'économie du pays apporte aux finances de l'État, au pacte social et aux services publics.

Il y a trop d'impôts ? Il faut réduire un peu la voilure ?

Nous serons de toute façon obligés à ne pas surcharger d’impôts. Vous voyez bien qu’à un moment ça se renverse, c’est contre-productif.

Nous avons parlé de moralisation de la vie publique. L’un de vos autres combats c’est notamment l’affaire Tapie, depuis longtemps.

C'est un combat de moralisation aussi.

Oui, bien sûr. Elle va remonter jusqu’à où, cette affaire ?

Ce sont les juges qui vont le dire.

Est-ce que vous regrettez que Nicolas Sarkozy ne puisse pas être impliqué personnellement ?

Je ne veux pas dire les choses de cette manière. Ce n'est pas un combat contre des hommes, c'est un combat contre un système. Nous avons vu, pour la première fois dans l’histoire de la République, être installée au cœur de l’État une entreprise, un pacte qui est un pacte de spoliation de l’argent public. On a pris l’argent public aux contribuables pour le donner à des intérêts privés.

C’est une bande d’escrocs qui était au pouvoir pour dire les choses clairement et pour reprendre un terme employé par la justice ?

Je ne veux pas employer des mots qui soient des mots choquants et qui fassent perdre de vue ce qu’est la réalité et la gravité de ce dont nous parlons.

"Escroquerie", c’est la justice qui en parle, "escroquerie en bande organisée".

Ce n’est pas à moi que vous allez dire que je n’ai pas eu de mots assez durs. Je pense que c’est une affaire très grave, mais je pense que l’essentiel est de comprendre la cause. En tout cas, après avoir élucidé ce qu’il s’est passé et après avoir s’il le faut puni les responsables qui ont conduit cette entreprise, et qui en ont bénéficié, éventuellement. Après cela, nous devons nous demander pourquoi en France, en 2008, une pareille affaire a pu avoir lieu. Elle a pu avoir lieu parce que nous avons des institutions qui sont organisées de telle manière, et c’est un état d’esprit général, que quand la décision a été prise en haut, on considère qu'elle doit être appliquée. Le parapluie s’ouvre, l’instruction vient d’en haut et tout le monde applique. Après coup, ce sont les exécutants qui évidemment sont mis en cause. Cette idée selon laquelle, parce que vous êtes au pouvoir, vous avez tous les pouvoirs entre les mains, il n’y a plus de loi qui s’applique à vous, l’on ne peut pas vous demander des comptes et vous avez un sentiment d’impunité, c’est la vraie raison de cette affaire qui sera la plus grave de la Ve République.

Aujourd’hui à l’UMP, on sent qu’il y a une ligne de fracture entre deux lignes qui s’affrontent. Est-ce que la ligne Fillon est MoDem-compatible alors que la ligne Copé ne l’est pas ? Est-ce que vous diriez ça ?

En tous cas, j’ai pour François Fillon, tout le monde le sait bien et le sent bien, beaucoup d’amitié et de considération et je trouve que sa manière de s’exprimer est une manière parfaitement respectable, compatible avec ce que j’imagine être les impératifs du temps.

Hier, Jean-François Copé à parlé de "racisme anti-blanc", vous êtes compatible avec cette ligne-là ou pas ?

C’est le chemin qu’il a emprunté depuis longtemps. C’est sur cette ligne qu’il pense qu’il va faire des voix, en essayant de dépouiller le Front National de ses thèmes. C’est sa responsabilité mais évidemment je suis plus proche de ceux qui exercent la responsabilité au service du pays en essayant de développer la compréhension entre les gens et la compréhension des problèmes. Autrement dit, des plus responsables. C’est de responsabilité dont nous avons besoin.

Vous vous sentez plus proche de François Fillon ou de François Hollande ?

J’ai de bonnes relations humaines avec les deux.

Sur le plan politique ?

Sur le plan politique, je trouve que François Hollande doit faire des efforts pour aujourd’hui trancher des questions de ligne politique et de vision qui sont nécessaires à l’avenir du pays.

Et en 2017, ça veut dire que peut-être François Bayrou soutiendra plutôt François Fillon que François Hollande ? On essaie de deviner entre les lignes…

Franchement, il faut que vous arrêtiez. Je ne dis pas ça pour vous mais imaginer que aujourd’hui la question est celle de 2017, avec les problèmes dramatiques et colossaux que le pays a devant lui, c’est se tromper de perspective complètement. Il faut que vous changiez d’attitude en vous disant que nous sommes devant un mur de difficultés et que ce sont ces difficultés que nous devons résoudre et ne pas s’intéresser à des horizons si lointains qu’ils sont improbables. 

Pour aller plus loin : nos propositions pour les retraites.

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