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"L'Union pour la Méditerranée doit se construire par la voie démocratique"

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Robert Rochefort a salué la réunion des présidents de parlements de l'Union pour la Méditerranée, début avril à Marseille. Il appelle à traiter deux projets en priorité : l'environnement et la production d'énergie.

RFI - Robert Rochefort, vous êtes membre de la délégation du Parlement européen à l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée (UPM). À votre avis, faut-il attendre une réelle relance de l’UPM, ou s’agit-il d’une énième tentative de faire exister ce projet ?

Robert Rochefort - Ce ne sera évidemment pas suffisant pour relancer cette belle et grande idée qui doit bénéficier d’un second souffle, mais je pense qu’en même temps c’est un signe. Après les printemps arabes, cette initiative provient des parlementaires. C’est le Président du Parlement européen qui réunit ses homologues. Or, il est clair que l’UPM avait souffert d’être lancée dans un cadre politique de chefs de gouvernements, dans une dynamique peut-être un peu trop française et pas assez européenne. Et peut-être de la façon un peu bâclée avec laquelle Nicolas Sarkozy a lancé cette initiative. Finalement, le printemps des peuples dans les pays arabes nous dit que c’est maintenant par une voie démocratique que ceci doit continuer à se construire. Je crois qu’il est bien que les parlements s’en saisissent.

Vous parliez justement du printemps arabe, est-ce que cette rencontre n’est pas trop tardive ? L’UPM a semblé absente pendant ces printemps arabes. 

Il faut reconnaître que M. Ben Ali à Tunis et M. Hosni Moubarak au Caire ont été de ceux qui se sont le plus mouillés pour l'UPM. Le fait que ces deux leaders aient été renversés a retardé le processus, il faut le constater. Mais il faut se dire que ces printemps arabes sont une chance pour relancer cela autrement. Et puis, vous savez, il y a deux façons de faire l’UPM. Il y a une façon de la faire avec une liste de très grands projets, comme cela avait été envisagé au moment de son lancement. Cela, je crois que c’est stérile et que ça ne marchera pas. Je pense qu'il faut simplement se concentrer sur deux projets. Le premier, c’est une Méditerranée propre, nettoyer la mer. Le second, c’est le plan d’énergie solaire très important qui doit permettre au Maghreb et aux pays arabes en général de produire leur électricité de façon non-polluante et d’exporter une partie de cette électricité vers l’Europe. Là c’est un accord vraiment gagnant-gagnant, comme il le faut. Pour le reste, l’UPM, et c’est déjà le cas aujourd’hui, ce sont des initiatives locales, des réseaux sociaux professionnels dans le domaine de l’eau, de la santé, de la culture… Ça passe par la base et ça existe déjà aujourd’hui. Il faut le mettre davantage en valeur, il faut s’appuyer là-dessus pour fabriquer l’UPM de demain. Du coup, c’est très bien que cela passe par les représentants du peuple.

Vous nous dites que c’est par l’écologie et l’environnement essentiellement que l’UPM peut aujourd’hui devenir réalité… 

Pas seulement ! En tout cas des projets peuvent exister.

Qui y croit encore ? Qui croit à cela et qui croit encore tout simplement à cette UPM au sein du Parlement européen ? Vous qui êtes un fin observateur de ce qu’il se passe à Bruxelles et Strasbourg. 

Ecoutez, je vais vous surprendre : non seulement nous y croyons beaucoup, mais au sein du Parlement européen je suis frappé de constater que justement il n’y a pas que des députés français, loin de là, qui s’intéressent à la question de l’Union pour la Méditerranée. Et même pas simplement les premiers voisins, c’est-à-dire les Espagnols et les Italiens. J’ai des collègues allemands et même des collègues de l’Europe du Nord qui s’y intéressent. Tout simplement parce que vous voyez bien que dans la globalisation, dans la mondialisation dans laquelle nous sommes, il faut des accords de partenariat renforcé avec les voisins et évidemment les pays méditerranéens en font complètement partie. Et puis vous savez, dans la crise industrielle que nous connaissons aujourd’hui en Europe, je crois qu’il faut aller vers ce qu’on appelle aujourd’hui la "colocalisation", c’est-à-dire faire en sorte qu’il puisse y avoir des productions industrielles, agricoles, qui soient en partie localisées dans les pays de la Méditerranée, en partie dans les pays européens, et que les deux se complètent. Donc je vous assure qu’il y a vraiment des intérêts convergents. Il faut maintenant peut-être les relancer par des initiatives un peu plus visibles et qui montrent aussi aux peuples de ces pays de la rive sud de la Méditerranée que nous sommes proches d’eux, qu’ils le ressentent et que nous, les peuples européens, nous le disions plus fortement. 

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